Livewire étoffe son catalogue de motos électriques avec une nouvelle déclinaison de la S2. Après la Livewire S2 Del Mar et la S2 Mulholland, voici la S2 Alpinista. Et comme son nom ne l'indique pas, il s'agit d'un modèle plus sportif qui fait office de ticket d'entrée chez la marque.
En juin 2015, Harley-Davidson nous avait convié à l'essai du prototype de la Livewire, sa toute première moto électrique. Le modèle de série sera lancé quatre ans plus tard traumatisant au passage les aficionados de la marque malgré des performances aussi hallucinante que son prix. Pour ne pas s'aliéner sa base de fidèles, Harley-Davidson a créé la co-entreprise du même nom avec Kymco, un constructeur taïwanais surtout connu pour ses scooters et quads, qui fournit également des moteurs à des marques de renom telles que BMW.
Dans la foulée, la Harley-Davidson sera rebaptisée Livewire One et verra son prix baisser de pratiquement 10 000 €. Elle sera suivie fin 2023 par la Livewire S2 Del Mar, un modèle inspiré du Flat Track et positionné à moins de 20 000 €. Elle s'est déclinée en version cruiser l'an dernier (S2 Mulholland) et désormais en roadster sportif avec l'arrivée de la Livewire S2 Alpinista qui nous intéresse aujourd'hui.
Par Driss Abdi
De petits changements qui font toute la différence
Après un rapide coup d'oeil, on pourrait croire qu'il s'agit de la même moto que la Livewire S2 Del Mar. Pourtant, en y regardant de plus près on remarque des différences qui sautent ensuite aux yeux. À l'avant le phare à LED est désormais oval et intégré verticalement, ce qui a poussé le constructeur a revoir la position de l'écran d'instrumentation sur lequel nous reviendrons plus loin.
Toujours à l'avant, les deux clignotants ronds typiques des productions Harley-Davidson laissent place à de petites barres de LED verticales plus modernes. Les connaisseurs auront vite fait de voir qu'il s'agit ni plus ni moins de ceux de la Livewire One. C'est aussi sur cette dernière que la Livewire S2 Alpinista a prélevé son support de plaque, qui intègre les clignotants arrière tout en prenant place sur un lèche-roue. L'arrière de la moto est ainsi dégagé lui conférant un style franchement réussi.
Enfin, la Livewire S2 Alpinista est désormais chaussée de pneus de 17 pouces contre 19 pouces sur la S2 Del Mar. Cette modification s'accompagne par un angle de chasse un peu plus ouvert, et surtout une hauteur de selle rabaissée de 28 mm. Vous allez me dire qu'est ce que ça change ? Beaucoup de choses dans la pratique. D'abord, vous pourrez enfin poser les deux pieds par terre même si vous mesurez moins de 1,70 m. Mais encore et surtout, la moto promet d'être encore plus agile et amusante à piloter par rapport à la Livewire S2 Del Mar dont la monte en 19 pouces générait une certaine inertie en courbe à vive allure. À propos des pneus, les Dunlop Roadsmart IV qui sont moins larges et moins haut à l'avant, affichent des sculptures plus classiques contrairement aux crampons du Flat Track.
Dans sa communication, la marque nous indique que la moto est capable de prendre plus d'angle en courbes (52,1° à gauche et 44,2° à droite). De plus, l'unité de mesure inertielle (IMU) Bosch à six axes permet de profiter aussi bien de l'ABS que du contrôle de traction dans les virages, ce qui a un côté rassurant quand le rythme augmente. Bref, tout ça nous promet une moto enfin capable de rivaliser avec les roadsters taillés pour la route. Chose que nous n'avons malheureusement pas pu vérifier lors de notre très courte prise en main dans les rues de Paris et sous une pluie glacée.
On pourrait aussi vous parler des suspensions (fourche inversée Showa de 43 mm à cartouche réglable à l'avant, et mono amortisseur à piston réglable en précharge et en détente à l'arrière), mais Didier nous presse à raison de nous concentrer sur l'instrumentation numérique de la Livewire S2 Alpinista.
Une connectivité limitée pour la Livewire S2 Alpinista
On l'a dit plus haut, Livewire a décidé de déplacer l'écran 100 % de la livewire du dessus au dessous du guidon afin d'offrir un design plus harmonieux à la moto avec son nouveau phare vertical. Ce choix n'est pas sans conséquence pour le pilote qui va devoir baisser encore plus les yeux pour consulter les informations liées à la conduite. C'est bien simple, alors qu'on pouvait y jeter un oeil rapidement sur la S2 Del Mar tout en portant un casque intégral, l'écran de la S2 Alpinista est trop bas et totalement occulté par la mentonnière comme sur certaines Harley-Davidson. Un vrai air de famille donc.
L'écran rond de quatre pouces est commun à toutes les déclinaisons de la Livewire S2. Il bénéficie d'une interface très épurée ce qui a l'avantage de faciliter la lecture des informations quand on roule. Forcément s'agissant d'une moto et non d'une voiture, des boutons physiques sont intégrés sur le guidon plutôt qu'une dalle tactile. On trouve ainsi les commandes pour modifier différents paramètres sur la gauche du guidon, et celles dédiées à la musique et aux communications sur la droite.
Ce qui veut aussi dire que la Livewire S2 Alpinista est dotée du Bluetooth pour connecter un smartphone. On pourra recharger ce dernier à l'aide du port USB qui est dissimulé à l'avant du faux réservoir.
Tout est très intuitif d'autant que l'interface est bien pensée. Il faut être à l'arrêt pour modifier certains paramètres tels que ceux des modes de conduite Pluie, Éco, Route, Sport ou Perso. En effet, vous pouvez carrément régler le niveau de puissance du moteur électrique, le niveau de la récupération d'énergie au freinage, la réponse de la manette de gaz et le niveau du Traction Control. C'est vraiment bien fait pour affiner les réglages de la moto en fonction de vos besoins et de vos préférences.
Le système permet aussi de décocher la case du ou des modes de conduite dont on n'a pas besoin. Précisons tout de même que s'il faut être à l'arrêt pour affiner les paramètres des modes de conduite, ceux-ci bénéficient d'un bouton dédié sur la droite du guidon pour passer de l'un à l'autre en roulant.
Bien pensée, l'interface de l'écran de la Livewire S2 affiche les informations essentielles à la conduite dont la vitesse en gros (tant mieux), le mode de conduite via une icône très claire sur la partie supérieure, et une ligne à défilement sur la partie inférieure. Celle-ci permet de consulter l'odomètre, les deux trips et l'autonomie restante en appuyant sur un des boutons sur la gauche du guidon. Simple et efficace. Bien entendu, le niveau de la batterie et l'autonomie restante sont affichés en permanence sur le bas de l'écran.
Reste quelques détails qui dérangent. On pourra pinailler sur la police de l'horloge qui est ainsi un peu petite, mais le plus gênant sur une moto électrique à près de 20 000 euros est l'absence pure et simple du GPS ou d'une solution telle que Carplay. Can-Am le propose de série sur ses Origin et Pulse et cela fonctionne très bien. Sans même parler de Royal Enfield avec sa Bear 650 à 7 640 euros qui embarque Google Maps. Au lieu de ça, la Livewire S2 Alpinista doit se contenter d'un simple système Turn By Turn. Bien sûr vous pourrez installer un support pour smartphone sur le guidon mais on en attendait plus à ce niveau de prix.
Un mot enfin sur l'application mobile S2 qui est elle aussi très classique. Elle permet de consulter des informations telles que la météo (comme si on ne l'avait pas déjà sur le smartphone...), de générer des trajets et de suivre l'entretien de la moto. Finalement, c'est surtout pour suivre la charge à distance qu'elle sera vraiment utile.
Gardez la raison tu essayeras au guidon de la Livewire S2 Alpinista
Au-delà des modifications décrites plus haut, la Livewire S2 Alpinista conserve les caractéristiques techniques de la S2 Del Mar. À commencer par le moteur électrique de 84 ch et 263 Nm de couple, qui est associé à une batterie de 10,5 kWh. Mise en orbite garantie pour qui essore trop généreusement la poignée d'accélérateur. Pour preuve, le 0 à 100 km/h est annoncé en 3 secondes seulement.
Forcément à ce rythme l'autonomie fond comme peau de chagrin. Dans le cadre d'une utilisation plus classique, par exemple en daily, la Livewire S2 Alpinista annonce jusqu'à 194 km d'autonomie, soit 13 km de plus que la S2 Del Mar. Par contre, ne vous imaginez pas partir en road trip au guidon de cette amusante moto électrique. Car avec 115 km d'autonomie annoncée à seulement 88 km/h, les pauses pour recharger s'annoncent nombreuses.
Ce qui ne serait pas un si gros problème avec une recharge vraiment rapide selon nous. Malheureusement, la moto électrique demande plus de temps qu'une voiture électrique pour faire le plein de Watts. Beaucoup plus de temps même avec une puissance admissible bien plus faible. Ainsi, une charge de 20 à 80% demande 78 minutes au mieux. Vous voulez faire un "plein" complet de 0 à 100% ? Il faudra patienter pendant près de 2h30... Vous l'aurez compris, la Livewire S2 Alpinista est donc destinée à un usage urbain/péri-urbain. Et elle le fait très bien avec son poids de 197 kg, un centre de gravité très bas et une ligne étroite pour se faufiler dans l'inter-file (désormais légal).
Pour conclure
Quid des changements apportés à la Livewire S2 Alpinista sur route ? Difficile de se prononcer pour le moment alors que cette présentation s'est résumée à une très courte balade sous la pluie dans les rues de Paris. Cependant, nous avions pu essayer la S2 Del Mar plus longuement, et nous avions notamment noté une certaine inertie liée à ses pneus à crampons de 19 pouces. Chaussée de nouvelles roues, la S2 Alpinista promet donc d'être encore plus agile lors des (courtes) balades sur les petites routes.
Les motards de moins d'1m75 comme moi apprécieront de pouvoir poser les deux pieds par terre à l'arrêt, mais on aurait aussi aimé une selle plus moelleuse. Associée à une suspension plutôt ferme, elle met le séant à rude épreuve à la longue.
Reste la question du prix. Vous trouvez que les voitures électriques sont chères, jetez donc un oeil aux motos ! Affichée à 18 990 euros, la Livewire S2 Alpinista est désormais la moto la moins chère dans la gamme du constructeur. Un prix élevé mais comparable aux modèles concurrents.
À titre de comparaison, la Zero Motorcycle SR est disponible à partir de 18 555 euros. Plus confortable que la S2 Alpinista, elle est un peu moins puissante (70 ch) mais censée capable de parcourir jusqu'à 164 km à 113 km sur autoroute.
De son côté, Can-Am a lancé sa Pulse en fin d'année dernière à partir de 16 999 euros. Une moto au look moderne et bien équipée avec notamment un impressionnant écran tactile de 10,25 pouces et Apple CarPlay. C'est aussi la plus modeste des trois avec 47 ch, mais les 20 kg de moins sur la balance permettent de compenser. En revanche, elle s'illustre en passant de 20 à 80 % en 50 minutes grâce à son chargeur embarqué de 6,6 kW, le plus puissant sur le segment pour le moment.
L'avis de Mac4ever
Livewire apporte des modifications qui sont les bienvenues à sa moto électrique d'entrée de gamme. Bien finie, la Livewire S2 Alpinista promet d'offrir son lot de sensations tout en étant mieux adaptée à un usage urbain. Les accélérations sont toujours aussi canons, avec ce silence étonnant pour qui est habitué aux motos thermiques. Grâce à des roues plus petites, cette nouvelle déclinaison de la S2 Alpinista promet d'être encore plus agile et plus fun dans les virages.
Pas de changement en revanche du côté de l'autonomie de la batterie, qui en font une moto réservée aux trajets quotidiens et aux courtes balades le week-end. Mais au final, ce sont bien les temps de recharge vraiment trop longs qui l'empêche surtout de prétendre aux trajets plus longs. Sans parler du prix qui, s'il reste cohérent avec ce qui se pratique sur le segment, n'est pas prêt de démocratiser la pratique de la moto électrique.
Livewire apporte des modifications qui sont les bienvenues à sa moto électrique d'entrée de gamme. Bien finie, la Livewire S2 Alpinista promet d'offrir son lot de sensations tout en étant mieux adaptée à un usage urbain. Les accélérations sont toujours aussi canons, avec ce silence étonnant pour qui est habitué aux motos thermiques. Grâce à des roues plus petites, cette nouvelle déclinaison de la S2 Alpinista promet d'être encore plus agile et plus fun dans les virages. Pas de changement en revanche du côté de l'autonomie de la batterie, qui en font une moto réservée aux trajets quotidiens et aux courtes balades le week-end. Mais au final, ce sont bien les temps de recharge vraiment trop longs qui l'empêche surtout de prétendre aux trajets plus longs. Sans parler du prix qui, s'il reste cohérent avec ce qui se pratique sur le segment, n'est pas prêt de démocratiser la pratique de la moto électrique.