Ce n'est pas tous les jours que l'on teste une voiture de président ! Conduire une Mercedes siglée Maybach est un privilège que nous a accordé à la marque pendant une petite semaine, histoire de vous faire découvrir tous les raffinements de ce modèles grand luxe 100% électrique.
L'EQS SUV Maybach reprend évidemment la plateforme et les éléments de la version de série que l'on avait testée jusqu'en Pologne, mais le niveau d'équipement est affolant : frigo, écrans à gogo, tablettes, sièges de première classe... Pour l'occasion, nous avons d'ailleurs une invitée de choix, Kelly, une influenceuse genevoise amatrice de belles mécaniques, qui s'est prise au jeu le temps de notre essai !
Un design bi-ton
Avant d'apposer un logo Maybach sur une Mercedes, il convient de lui offrir les touches de style dignes de son rang, comme cette peinture bi-ton, en partie dorée, aux faux-airs de carrosse.
La calandre, inédite, a ainsi été redessinée avec cette fausse grille chromée qui reste évidemment pleine, mais qui en impose, notamment avec son prolongement sur la jupe avant. Elle est même surmontée du logo Mercedes façon bouchon de radiateur, une rareté en 2025 ! Malheureusement, le sigle ne rentre pas dans le capot comme chez Rolls, ce qui risque d'être parfois tentant pour ceux qui s'amuseraient encore à les arracher.
Outre les petits logos Maybach qui ornent presque tous les côtés de la voiture, on trouve aussi des jantes spécifiques très aérodynamiques (21 et 22"), de faux aérateurs bien dessinés à l'avant ou encore des vitres arrière surteintées, histoire de passer le plus inaperçu possible.
L'arrière est plus classique et ne présente pas de grande spécificité, tout comme les feux, qui collent à l'EQS classique. Une forme de classe sans trop d'arrogance, c'est tendance.
Petit coffre et petit frigo
Cette voiture de chauffeur n'a pas forcément vocation à transporter une grande famille, mais plutôt une ou 2 personnes avec leurs bagages, entre l'aéroport et l'hôtel, bien que le véhicule soit tout à fait capable de réaliser de grands trajets, comme on le verra plus bas.
De fait, le confort prime sur l'espace réservé aux bagages (440L), qui devront se contenter d'un coffre amputé de l'espace réfrigérant pour les passagers arrière. Sans frunk (coffre avant) ni sous-coffre de bonne taille, il n'y a pas non plus de vrai hayon, la plage arrière étant fixe, contrairement à l'EQS SUV classique.
Nous avons poussé le vice à partir en week-end avec un bébé et tout son bazar, il aura donc fallu sacrifier le frigo pour pouvoir caser la poussette, le berceau et nos valises, qui avaient même du mal à rentrer en hauteur !
Un accueil de princesse
L'EQS SUV Maybach se destine surtout à des clients... qui ne conduisent pas.
La place du chef est résolument située à l'arrière droit (ce qui permet d'avancer le siège avant), et dès l'entrée, les détails ne manquent pas : marche-pied avec éclairage au sol, moquette de plusieurs centimètres, logos lumineux un peu partout... l'accueil est digne de son rang. J'allais oublier que les portières sont électriques, ce qui permet même de se passer de la galanterie légendaire du chauffeur, qui avait l'habitude de vous tenir les portes.
A l'intérieur, les LED remplacent les chromes, mais le cuir et les matériaux nobles sont omniprésents. Ne cherchez pas les plastiques durs, ils sont rarissimes, y compris au niveau du toit panoramique, dont les rebords bénéficient même de renflements moussés et gainés de cuir !
Seulement 2 sièges sont présents à l'arrière (c'est une stricte 4 places), car ils sont très larges, massants, ventilés, chauffants, poussant le vice à proposer un massage du cou et des mollets ! Une fois les repose-pieds rehaussés, et les deux cousins bien ajustés autour de la tête, il ne reste plus qu'à activer la position transat pour entamer une sieste à l'horizontal.
Les coussins sont vraiment moelleux et l'assise ne souffre d'aucun défaut, tout est réglage et peu de marques parviennent à rivaliser avec le constructeur allemand sur ce point. Cela étant, nous avons récemment testé des véhicules chinois dont le niveau de confort n'était pas si éloigné... pour une fraction du prix demandé ici.
Liseuse, poignées de maintien... rien ne manque, pas même les crochets (doublés) pour maintenir vos costumes et autres robes de soirée en bon état. Le sac à main de madame a même sa place, sous la console flottante centrale, un rangement bien pratique qui manque souvent à l'arrière.
Une princesse doit aussi pouvoir se désaltérer, grâce à un compartiment réfrigéré situé à la place du siège central. Ce mini-frigo offre 2 mode de refroidissement, et peut accueillir 3 bouteilles de champagne, mais pas beaucoup plus. Pour les cafés, un double porte-gobelets permet de garder ses boissons au chaud... ou au frais, au choix, avec (c'est subtile), une couleur pour chaque mode (rouge pour le chaud, bleu pour le froid).
Enfin, pour ceux qui en douteraient, on peut fixer un siège bébé à l'arrière, grâce aux prises ISOFIX intelligemment dissimulées dans la doublure.
Une princesse connectée
Malgré cette débauche de volupté, ne pensez pas que les princesses modernes ne travaillent pas, des tablettes d'avion peuvent se déployer de l'accoudoir central, et permettent de placer un ordinateur ou une tablette de façon assez confortable. Même si le revêtement manque de grip, c'est parfait pour travailler, y compris sur autoroute.
Mercedes a aussi prévu de pouvoir se divertir, avec un écran de bonne taille permettant de regarder la télé, des films ou même YouTube. Pas de netflix ou AppleTV+, faute d'Android Automotive ou de système moderne, il faudra se contenter des apps de Mercedes, dont les jeux et les différents programmes n'ont pas beaucoup évolué en 10 ans.
Le constructeur fournit également un casque sans-fil, siglé Mercedes, qui permet de s'isoler dans ses contenus et de préserver son intimité. Il est aussi possible de brancher des casques jack, si besoin.
Une petite tablette centrale permet de contrôler l'écran sans devoir lever les bras (bien trop fatiguant), mais qui se contente d'en répliquer le contenu. Pratique pour régler la clim ou regarder la TV sans devoir se trouver pile en face de l'écran principal.
Enfin, de nombreuses prises USB C permettent de recharger un ordinateur, téléphone ou tablette... J'ai même tenté de jouer à la console grâce à l'entrée HDMI mais c'est un format mini-HDMI qui nécessite donc un adaptateur -que je n'avais pas anticipé.
Bref, le plus difficile... fut de redescendre de son siège, car on s'habitue vite au luxe, croyez-moi. Seul regret notable de la part de Kelly : l'électronique semble avoir été privilégié face à un studio make-up, désormais courant chez les chinois. Pas de miroir ou de lumière spécifique pour se refaire une beauté, quel dommage !
Un chauffeur aux petits soins
Acheter une voiture pour se faire conduire ne signifie pas que le chauffeur ne sera pas tout aussi bien traité. D'ailleurs, il suffit de s'installer au volant et de presser la pédale de frein pour voir la porte se fermer... électriquement.
Les raffinements sont présents à chaque instant, que ce soit au niveau des portières, des accoudoirs ou de la planche de bord ; et se prolongent jusqu'aux pédales, siglées Maybach. Le volant bi-matière est également inédit, même si l'on retrouve les boutons semi-tactile du SUV, ainsi que tous les interrupteurs pour les rétroviseurs, les fenêtres et autres commodos. Les commandes physiques, y'a que ça de vrai !, comme disait ma grand-mère.
Evidemment, les sièges sont massants, ventilés, chauffants, comme à l'arrière. Nous avons roulé plusieurs milliers de kilomètres dans le plus grand confort, y compris acoustique : même en ville, il est rare d'entendre les ronronnements de moteurs et autres bruits de circulation.
En mode famille, on apprécie également le confort du siège passager avant, qui ne propose toujours pas de studio make-up, mais qui permet de ranger son sac à main sous la console flottante. L'espace aux jambes est en revanche assez restreint, d'autant que la présence d'un passager arrière empêche de reculer suffisamment le siège. On se consolera avec un écran dédié, qui permet grosso-modo la même chose qu'à l'arrière (YouTube, des jeux, la TV...) avec un canal audio dédié.
L'instrumentation centrale reprend l'Hyperscreen de Mercedes, présenté sur le premier EQS et que l'on avait testé en détails il y a quelques années. Globalement, le système est toujours très efficace pour planifier son itinéraire, chercher des bornes ou même écouter de la musique. Il prend en charge CarPlay sans-fil et offre une interface réactive, avec très peu de sous-menus.
En revanche, je regrette que l'interface n'ait pas évolué d'un iota depuis sa présentation. Même si un thème Maybach (très dépouillé) est bel et bien proposé, on aurait aimé une refonte graphique, et surtout, un passage à Android Automotive, bien plus adapté. Il faudra attendre la nouvelle génération, inaugurée avec le CLA électrique, pour vraiment changer d'OS et passer à la vitesse supérieure.
CarKey, apps et mode sentinelle
Un mot sur l'application Mercedes, qui n'a pas changé non plus d'un pouce, ce qui n'est cette fois pas un défaut : complète, bien construite, elle donne accès à la plupart des fonctionnalités de la voiture à distance, comme le verrouillage à distance, la programmation de la climatisation, l'état du véhicule, la localisation... On peut même préparer son trajet et rechercher des bornes avec une assez bonne efficacité.
Pour autant, on ne peut pas ouvrir le coffre ou les portes électriques, ni faire avancer/reculer la voiture à distance. Sur un tel modèle, il aurait été normal d'avoir ces fonctions qu'on retrouve pourtant chez certains généralistes, comme Kia/Hyundai.
On regrette aussi l'absence de CarKey et de clef bluetooth sur smartphone, alors même que le constructeur le propose sur la Classe S ! Ici, la clef physique n'est d'ailleurs pas très exclusive en dehors du logo Maybach... c'est un peu chiche.
Enfin, avec un tel tarif, on aurait aimé de la sécurité active, et pas seulement un code PIN ou une empreinte digitale au démarrage : il faudrait pouvoir être alerté si une personne rode autour de la voiture ou si cette dernière a été abimée par un tiers. Le Mode Sentinelle de Tesla est pourtant proposé sur des véhicules à un dixième du prix, et démontre chaque jour son utilité.
Finalement, cet EQS SUV Maybach semble un peu en retard sur le plan technologique, bloqué par sa plateforme dont le développement a sans doute démarré il y a presque une décennie. Sans système réellement évolutif, comme chez Tesla, ces véhicules paraissent bien plus vite vieillots que dans les années 80/90, où la connectivité n'avait pas autant d'importance.
Un tapis-volant
Montée en suspensions pneumatiques, l'EQS SUV Maybach offre un niveau de confort assez inédit, c'est bien le minimum à ce niveau de prix !
Les aspérités de la route sont totalement gommées, d'autant que la qualité des sièges rajoutent encore un niveau de confort. Sur autoroute, on a l'impression de voyager à bord d'un TGV, tant la voiture est stable.
En revanche, sur les petites routes ou lorsque la conduite est dynamique, le balancement des suspensions réglées un peu trop molles, imposent beaucoup de roulis, et rend parfois l'expérience un brin nauséeuse. Cette sensation de naviguer en pleine mer n'est pas très agréable, et mieux vaut durcir un peu la suspension lorsqu'on est en montagne ou sur les routes sinueuses, quitte à perdre un peu en confort.
Sur longue distance, notre EQS SUV Maybach reprend toute la technologie de la version classique, avec un afficheur tête haute de grande taille, une conduite semi-autonome parmi les meilleures du marché avec changement de voie semi-automatisé. Les kilomètres défilent ainsi sans effort, pour le chauffeur comme le passager.
La motorisation de 658 ch (955 Nm) offre un 0 à 100 km/h décoiffant en 4,4s et une vMax 210 Km/h, malgré les 3 tonnes sur la balance ! Quand on veut relancer la machine ou s'extraire d'une file, l'EQS Maybach se transforme en supercar... du moins en ligne droite.
Enfin, l'EQS SUV Maybach est très maniable en ville, grâce à ses roues arrières directrices et malgré son gabarit de près de 5m de long et plus de 2m de large. On s'étonne à se faufiler dans les parking avec plus de facilité qu'une Tesla Model 3, pourtant bien plus compacte.
Recharge et autonomie
Avec 118 kWh utiles, la batterie de notre EQS SUV Maybach est à la hauteur du carrosse qu'il faut déplacer.
L'autonomie oscille entre 568 et 618 km (en fonction des jantes et des équipements), ce qui est comparable à des SUV milieu de gamme avec des batteries deux fois plus petites... Il faut dire que sur autoroute, la voiture a soif d'électrons, avec des consommations autour de 30 kWh/100km, de quoi offrir environ 300 à 400Km sur autoroute, en fonction de la météo.
Cette bonne autonomie ferait presque oublier les temps de charge, un peu longs pour le segment : comptez 30mn pour le 10-80% contre 18mn environ pour le XPeng G6/G9 ou le Kia EV9, pourtant moins haut de gamme. Pas de 800V ici, mais la courbe reste bonne en début de charge, ce qui permet de réduire les arrêts à 15/20mn pour finir la plupart de ses trajets et récupérer une bonne moitié de batterie.
Sur les bornes AC (ville ou domicile), l'EQS SUV Maybach accepte du 22 kW (32A240V sur 3 phases), de quoi charger toute la batterie en 6H environ, contre le double en 11kW. Une nuit pourrait même ne pas suffire pour le 0 à 100% en 7 kW (monophasé), puisqu'il faudra plus de 16/17H pour recharger intégralement la batterie.
Si les temps de charge et l'autonomie nous ont paru correctes comparativement à ce qui se fait sur le marché, l'absence de 800V est assez impardonnable à ce niveau de prix.
Bilan : une voiture qui ne s'achète pas
L'expérience de rouler dans un tel véhicule pendant une semaine est assez indescriptible.
Le plus difficile fut sans doute d'assumer l'image ultra-luxieuse dans son quotidien : les gens s'attendent à voir Brad Pitt ou Kim Kardashian sortir de la voiture (quelle déception), et je n'ai pas compté les remarques (souvent flatteuses, soyons honnêtes) des passants, dans l'espoir de pouvoir glisser à oeil à l'intérieur.
Une voiture aussi premium impose aussi une certaine responsabilité, bien différente des BMW et autres Audi pourtant très luxueuses, que l'on a pu tester jusque là. Quand votre clef vaut plus de 300 000 €/CHF, mieux vaut être sur ses gardes lorsqu'on s'éloigne de la voiture. De fait, j'étais bien content de la rendre, avec toute cette pression permanente qui peut d'ailleurs angoisser un peu votre entourage qui partage le trajet. Voilà sans doute pourquoi beaucoup préfèrent désormais des vans plus passe-partout pour leurs déplacements quotidiens.
Sur le plan du confort, on s'habitue évidemment à tous ces raffinements, qui arrivent d'ailleurs petit à petit chez les marques chinoises premium, à des tarifs bien plus envisageables à l'achat. Rappelez-vous la Denza GT, qui offrait même un double frigo, et tous les sièges massants/ventilés à l'arrière, les portes électriques, un écran géant.... pour une fraction du prix.
Voilà qui nous amène à la conclusion de cet essai : le tarif demandé pour ces modèles est-il toujours à la hauteur des prestations ? Beaucoup de répondre qu'on achète ici surtout un blason, mais nous sommes en 2025 et la concurrence est loin d'être ridicule sur le segment. Pour le prix, on peut désormais se payer quelques vans chinois bien mieux équipés, avec des télés 4K, des consoles de jeux, de grands espaces de rangement et des sièges de Business Classe qui n'ont rien à envier à Maybach, le tout pour une bon tiers du prix.
Pour tout vous dire, cette voiture ne s'achète pas vraiment : les hôtels et autres professionnels du transport se contenteront de la louer pour quelques milliers d'euros par mois.
Notre partenaire Localease a même une offre de leasing sur ce modèle autour de 5100€/mois... une paille !
Version ultime de l'EQS SUV, cette déclinaison Maybach est tout simplement exceptionnelle ! Véritable voiture de princesse, le luxe est présent à tous les étages, de la motorisation 4x4 ultra-puissant jusque dans les intérieurs, les accessoires et les nombreuses options qui en feront le choix idéal pour voyager en tout électrique dans le plus grand des conforts du marché.
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