Après la présentation statique il y a quelques semaines, nous avons enfin pu prendre le volant de la Smart #5, le concurrent des Tesla Model Y, Volkswagen ID4, XPeng G6 et autres SUV 5 places 100% électriques.
Avec son look de baroudeur (qui n'est pas volé, comme vous allez le voir sur chemin 4x4 !) et ses dimensions contenues, elle va se révéler bien plus pratique que le leader américain sur bon nombre de sujets. Très technologique, avec de nombreux écrans et une belle connectivité, elle propose aussi la charge la plus rapide du marché ! Alors, vraiment meilleure que le Tesla Model Y ? Réponse dans cet essai de la Smart #5, ici dans sa finition Brabus !
Plus pratique qu'un Model Y
Quelle est la longueur idéale pour un SUV électrique ? La référence du marché -le Tesla Model Y 2025- affiche presque 4m80 dans sa dernière version, gagnant encore quelques centimètres cette année. D'autres, comme l'ID4 de Volkswagen, affichent seulement 4m60 tandis que certains frisent avec les 5m de long...
Avec ses 4m70, je trouve que Smart a trouvé le bon équilibre, entre espace à bord et praticité. La voiture est certes large (1,92m) mais elle se manie très bien en ville avec un rayon de braquage très correct (11,2m). Le Model Y est beaucoup plus fastidieux à garer dans les parkings souterrains ou pour faire des manoeuvres.
Durant la présentation statique, nous étions un peu déçus du coffre affiché à 630L mais jusqu'en haut du pavillon. Avec des normes plus européennes, on descend sous les 500L (470 L exactement), ce qui est assez moyen. Mais en réalité, il est très pratique : vous pouvez retirer le plancher du sous-coffre et récupérer une immense hauteur de chargement, de quoi caser une poussette et de grandes valises. Cela reste moins bien qu'un Model Y (qui dépasse les 800L) mais plus pratique qu'un ID4 qui manque souvent de hauteur.
Autre atout ici, le frunk de 70L (moitié moins sur les versions AWD) permet de ranger un gros sac, ainsi que ses câbles. Si ça ne vous suffit pas, les barres de toit permettent de placer un coffre supplémentaire, que l'on pourra aussi fixer sur le crochet d'attelage si besoin.
Un intérieur plus moderne que le Model Y
Si nous étions déjà agréablement surpris par l'espace à bord, notamment aux places arrière, rien de tel que de faire quelques centaines de kilomètres plus apprécier l'intérieur de cette Smart #5.
A l'avant, le conducteur bénéficie déjà d'une planche de bord très moderne, avec 4 écrans (un afficheur tête haute, un écran d'instrumentation et deux grandes dalles, dont une réservée au passager). La présentation est soignée, avec des plastiques moussés et de beaux matériaux, y compris en partie basse.
Les sièges sont assez confortables, même si j'aurais aimé plus de maintien latéral pour la version Brabus, résolument plus sportive. J'ai eu un peu de mal à trouver ma position de conduite, même si les réglages sont nombreux, façon Meredes dans les portières. L'accoudoir tombe également parfaitement sous le bras, et les rembourrages étaient ici d'un très bon niveau, avec notamment de l'alcantara sur le volant et les sièges.
Vous l'avez vu dans la vidéo, on a beaucoup apprécié la console centrale, qui permet de charger deux téléphones sans trop masquer leurs écrans. Elle propose de nombreux rangements, aussi bien dans l'accoudoir que sous la console flottante. Double porte-gobelets, prises USB, il ne manque vraiment rien !
A l'arrière, l'espace est royal, que ce soit aux jambes ou à la tête. Les assises (chauffantes) sont vraiment très confortables, même si je suis assis un peu bas et que le siège avant masque beaucoup la route. Dans notre finition, il était même possible de faire basculer le siège avant depuis l'arrière ; inclinez ensuite votre dossier vers l'arrière... et vous pouvez carrément dormir dans la voiture !
Seulement 2 ISOFIX pour les enfants, et la place centrale n'est vraiment pas confortable pour un adulte. Elle se montre en revanche assez large pour y caser un réhausseur ou un siège auto. Quel dommage de ne jamais proposer 3 vraies places plutôt qu'un accoudoir central qui a tendance à durcir le dossier. Mais c'est comme ça partout, chez Tesla, Volkswagen ou Xpeng...
Un mot sur le son embarqué, avec 20 haut-parleurs signés Sennheiser et une puissance totale de 1190W avec Dolby Atmos... la qualité est vraiment bluffante.
Enfin, nous avons adoré l'immense toit panoramique à l'arrière qui ramenait beaucoup de luminosité dans l'habitacle. En été, un velum permet de faire baisser la température, et là encore, ça manque beaucoup chez Tesla et bien d'autres !
Une charge mega-ultra-rapide
On savait que cette Smart #5 serait la première de la marque à basculer vers du 800V pour permettre une charge en 18mn. Figurez-vous qu'en fait, Smart a menti...
En effet, durant une démonstration sur une borne Alpitronic légèrement modifiée, il a été possible de dépasser les 400 kW de puissance et surtout de les maintenir pendant de longues minutes. Résultat, le 10-80% n'a pris que... 15 minutes !
En 7 minutes, vous remettez la moitié de la batterie, je n'avais jamais vu ça, même chez Audi/Porsche/Xpeng qui ont pourtant des temps de charge assez voisins (autour de 18-20mn). Seul hic, il faut trouver des bornes compatibles, car même les 350kW ne sont pas si courantes en dehors des autoroutes.
Cette charge rapide compensera les consommations un peu au dessus de Tesla et même de ses concurrents. Par exemple, durant notre essai, nous étions facilement autour de 26/27 kWh/100Km, alors que notre parcours (220km) était essentiellement sur de la petite route à 80 km/h et de la ville, avec un peu d'autoroute. Nous affinerons ces valeurs lors d'un essai plus long, notamment sur grand trajet.
Pour finir sur la partie électrique, je vous déconseille vivement de choisir la version d'entrée de gamme, et sa batterie de 76/74,4 kWh LFP qui n'a pas le 800V (30mn le 10-80%) mais surtout une autonomie limitée (450 km WLTP) à cause de cette consommation très élevée. Vous ne dépasserez ainsi pas les 250/270Km sur autoroute, contre 300/340 avec la grosse batterie -ce qui n'est pas dingue vu la capacité (100/94 kWh NMC).
Signalons également la présence de plug&charge (on n'a pas pu le tester) et de charge AC 22 kW, ce qui permet de charger la grosse batterie en 5H, contre plus de 12H en 11kW.
De la puissance, à défaut de sportivité
J'étais assez impatient et à la fois un peu inquiet de tester la Smart #5 sur la route, car les #1 et #3 ne m'avaient pas laissé un souvenir incroyable, la faute à des suspensions trop molles et un châssis souvent dépassé par la puissance des moteurs.
Bonne nouvelle, la #5 se montre bien plus dynamique que prévu, avec beaucoup moins de roulis que ses petites soeurs, un comportement routier assez sain et une transmission de la puissance au sol très efficace. Les 630 ch sont presque surdimensionnés vu le gabarit, mais permettent d'envoyer le 0 à 100 en 3,8s, malgré le poids qui fise les 2,4t sur les versions 4 roues motrices très équipées. Précisons que même la version Propulsion de base propose déjà suffisamment de chevaux (335) pour mouvoir la bête sans frustration.
Le châssis a donc bien progressé, sans être au niveau de Tesla ou de BMW, mais on dépasse les plate-forme chinoise (XPeng, BYD...), beaucoup trop molles. On prend donc vraiment du plaisir au volant, sans se faire peur ou sentir la voiture survirer, comme c'était le cas avec la #1 -beaucoup trop puissante vu le gabarit.
La conduite mono-pédale, baptisée ici S-Pedal est plutôt agréable, elle va jusqu'à l'arrêt complet, mais dommage que le délai de réaction (entre 1 et 3 secondes avant que la régénération se déclenche) soit aussi élevé -il est inexistant chez Tesla, BMW ou même la cousine Volvo !
En ville, la voiture est douce, bien isolée phoniquement et très pratique avec sa caméra 360°, son bon rayon de braquage et ses larges fenêtres sans trop d'angle mort. Les suspensions gomment bien les aspérités sans pour autant masquer la remontée d'informations du bitume, un très bon point. Même à l'arrière, ce n'est pas trop tape-cul, contrairement à la Tesla réputée très ferme, même sur les derniers modèles.
On pourrait quand-même regretter que les versions affichées à plus de 50 000€/CHF ne proposent pas de suspensions pneumatiquee ou au moins pilotées façon Volkswagen. Cela permettrait de faire varier le confort ou la dureté en fonction du mode de conduite.
Très efficace en "offroad"
Avec son look de baroudeuse et ses modes de conduite adaptés au sable, à la neige, et même à la boue, cette Smart haute-perchée donne envie de sortir des sentiers battus... ce que l'on a pu expérimenter dès le début de notre essai !
Officiellement, c'était la faute du GPS : très volontariste en matière de raccourci, il nous a emmené sur un petit chemin forestier bien gras dès le départ et dont l'inclinaison n'a cessé d'augmenter au fil de nos péripéties.
Bien motivés à tester les capacité du véhicule et encouragé par sa garde au sol généreuse (presque 20cm), la motricité s'est avéré étonnamment bonne malgré la monte en EcoContact généralement peu adaptée à la gadoue. La Smart #5 s'est bien accomodée des terrains rocailleux, sableux, voire carrément meubles à certains endroits, chaque moteur dosant parfaitement le couple en fonction de l'adhérence.
Sans être un pur franchisseur, je pense qu'on pourrait même pousser la difficulté à quelques croisements de pont et autres dévers, mais j'aurais préféré des pneumatiques un peu plus costauds pour être vraiment serein en dehors des routes. Reste que cette Smart #5 se montre clairement plus barroudeuse qu'un Model Y (plus bas), avec des angles d'attaque et de fuite qui éviteront de rayer le sous-bassement, que ce soit sur un rocher ou un gros trottoir de supermarché.
Autoroute et conduite autonome
Sur voie rapide, la Smart #5 affiche ses ambitions routières : silencieuse, bien suspendue, agréable à la conduite et avec des reprises très franches, on peut espérer parcourir de grands trajets dans d'excellentes conditions.
La conduite autonome est efficace, mais imparfaite : malgré quelques dizaines de kilomètres à 120Km/h (nous étions au Portugal), la voiture vous rend la main dès que les virages sont trop prononcés, et sans prévenir. Le volant n'est pas non plus capacitif, un peu étonnant à ce niveau de prix, ce qui oblige à forcer dans la direction, même en ligne droite -sur ce point, la conduite autonome de Tesla est plus fiable, mais bien plus enquiquinante. Au moins ici, le changement de voie n'annule pas le maintien dans les voies, contrairement à l'américaine.
D'ailleurs, les alertes en tout genre restent de mise, même si l'on peut en désactiver une grande partie assez facilement. Les voitures made in China restent plus invasives que leurs homologues européennes, bien que ça reste raisonnable sur ce modèle. Je regrette juste que la plupart se réactivent à chaque démarrage du véhicule.
L'afficheur tête haute ne propose pas de réalité augmentée, il se contente des informations classiques, bien loin des allemands, capables d'afficher une carte en plein écran (BMW) ou des indicateurs qui suivent les véhicules (Volkswagen/Mercedes). Cela étant, le dispositif se révèle très pratique pour éviter de dévier les yeux de la route tout en affichant la lecture de panneaux ou la vitesse en cours.
J'adore l'instrumentation, très lisible, et très fonctionnelle. On peut personnaliser les widgets sur la gauche, avec l'odomètre/consommation ou encore la musique. Au centre, vous pouvez choisir entre un affichage épuré, le GPS ou l'affichage 3D de l'environnement façon Tesla. C'est très précis, avec la différentiation des véhicules (moto, camions...) et une lecture sur 3 voies, comme chez Tesla. C'est rassurant de voir ce que voit le véhicule, non ?
Connectivité 3.0
Contrairement à Volvo dont le système n'est clairement pas assez travaillé (on l'a vu avec l'EX30 et vous allez voir que ce n'est guère bien sur l'EX90...), Smart a vraiment bossé sa copie en matière d'OS.
Pas d'Android Automotive ici, mais une base Android classique qu'on retrouve chez la quasi-totalité des constructeurs chinois. C'est réactif, et heureusement, car la puce (AMD VRyzen V2000) et le moteur 3D (Unreal Engine) proposent ce qui se fait de mieux en la matière.
L'interface est très bien pensée, façon Tesla, avec la climatisation toujours accessible, des gros boutons, un menu général pour les réglages du véhicules, des fenêtres de raccourcis... et surtout, tout est personnalisable ! On peut choisir aussi bien ses écrans d'accès rapides que ses widgets sur l'écran d'accueil !
La fenêtre des réglages généraux est très inspirée d'un Model Y et c'est plutôt un compliment. C'est organisé par catégorie très explicite et l'on retrouve rapidement ses petits. Il faut certes y passer du temps pour vraiment paramétrer son véhicule à sa guise, mais au moins, vous avez le choix dans les ADAS, les réglages électriques, les lumières, les accès...
Nous n'avons pas eu le temps de tester le planificateur d'itinéraires en détail, mais il semblait proposer correctement les bornes au fil du trajet. Il permet aussi de préconditionner la batterie à la demande ou de façon automatique. Il est aussi possible de définir des pourcentage de batterie à l'arrivée, des fonctions vraiment pratiques.
Enfin, un écran passager de même taille propose de pouvoir regarder des films ou encore écouter de la musique pendant la conduite -à condition que le chauffeur ne lorgne pas sur votre côté. Il est même possible de connecter un casque bluetooth pour ne pas gêner le reste des passagers ! Franchement, sur long trajet, j'adore. Pour le moment, seuls quelques services de streaming sont proposés (Amazon ou encore Spotify...) mais Apple Music ou AppleTV+ devraient être de la partie, peut-être en encapsulés en webapp -mais ça fonctionne bien. Pour Netflix ou Disney+, on nous a dit que ce n'était pas encore prévu... à voir sur la durée et en fonction des mises à jour. Il y aura même des jeux... On a hâte de tester ça !
Une IA intégrée permet d'interagir avec le conducteur, via un petit avatar en forme de lion. Sur notre modèle, elle ne fonctionnait pas encore en français, mais l'idée est intéressante : durant la conduite, on préfère souvent réaliser des actions en langage naturel que de s'enventurer dans les menus ou sur son smartphone.
Nous n'avons pas pu tester l'application, qui s'avère assez complète, avec notamment la clef sur smartphone et CarKey d'Apple en préparation. Nous testerons tout cela lors de nos essai longue durée, probablement sur un road-trip.
Bilan : mieux que Tesla, vraiment ?
Sur le papier, cette Smart #5 est vraiment très concurrentielle face au Tesla Model Y et à ses nombreux concurrents.
Un look très réussi, un intérieur soigné, de nombreux équipements de série, une bonne connectivité, la charge 800V, la conduite 1-pédale, des moteurs puissants, un grand coffre, un frunk, de l'espace à l'arrière et une garde au sol élevée... Les atouts ne manquent pas !
Parmi les défauts, on pourra relever la qualité moyenne du GPS, encore quelques bugs ici et là, mais surtout, une consommation très élevée, ce qui fera flamber le prix des recharges sur autoroute mais aussi à la maison. Par exemple, un plein à 0,20€/0,30CHF demandera environ 20€/30CHF au tarif standard... et comptez 30% supplémentaires sur autoroute, a minima.
Tesla garde toutefois la main en matière de réseau de charge, de fiabilité du système, d'application mobile, et de sensations de conduite. Néanmoins, le rapport de force s'équilibre dès qu'on évoque les temps de charge, les nombreux écrans, le confort ou encore le gabarit en ville. Bref, avec une consommation mieux maîtrisée et un GPS plus fiable, cette Smart #5 aurait frisé le zéro défaut.
Prix et versions
La gamme Smart #5 est assez difficile à lire, avec 2 batteries, 4 motorisations et un grand nombre de finitions.
Propulsion 76 kWh • Smart #5 Pro Dès CHF 44'500.-46.600 €
AWD 100 kWh • Smart #5 Pulse Dès CHF 54'000 56.100 € • Smart #5 Summit Dès CHF 55'500.- 57.600 € • Smart #5 BRABUS Dès CHF 59'500. 61.600 €
La meilleure version est sans conteste la Pro+ (Propulsion Grande batterie) à 51.600 €/CHF 49'500.- car elle propose la meilleure autonomie, la charge rapide et un bon niveau d'équipement. Son équivalent chez Tesla est facturé 46 990€/49 990 CHF, soit 5 000€/ de moins en France, mais quasiment le même tarif en Suisse (qui n'a pas de bonus écologique).
Les finitions AWD demandent ~5000€/CHF supplémentaires, ce qui peut se justifier en Suisse ou dans les régions montagneuses mais le tarif commence à piquer, taquinant les 60 000€.
Et si la Smart #5 était l'anti-Tesla Model Y ? Look baroudeur, charge ultra-rapide, équipements en pagaille, frunk, one-pédale, finitions exemplaires, motorisations puissante, connectivité 3.0... Dommage que les consommations soient aussi élevées, mais c'est compensé par le 800V et la grosse batterie, que l'on vous conseille fortement. Bravo Smart !
Nos accessoires indispensables pour votre voiture électriques