En grande difficulté financière, Nissan envisage de vendre son siège emblématique de Yokohama. Une opération qui pourrait lui rapporter 100 milliards de yens (600 millions d’euros) et lui permettre de financer une restructuration massive, marquée par des fermetures d’usines et des milliers de suppressions de postes.
Une vente pour financer l’urgence
Le siège social de Nissan, situé dans le quartier Minato-Mirai 21 à Yokohama, pourrait bientôt changer de propriétaire. Le bâtiment, symbole de la période Carlos Ghosn, est désormais vu comme un actif mobilisable pour survivre. Estimé à plus de 100 milliards de yens, soit environ 700 millions de dollars, l’immeuble figure sur une liste d’éléments à céder d’ici mars 2026. Le nouveau PDG, Ivan Espinosa, aurait validé ce plan après consultation avec les analystes financiers. L’option privilégiée serait un sale and leaseback, permettant à Nissan de rester locataire de ses propres bureaux, tout en dégageant du cash.
Résultats catastrophiques et plan de restructuration massif
Vous le savez, le constructeur nippon tente de sortir la tête de l’eau après une année noire. Pour l’exercice clos en mars, Nissan a accusé une perte nette de 670,9 milliards de yens (environ 4,5 milliards de dollars). En cause, des pertes de 460 milliards de yens et 60 milliards de yens de frais liés à la restructuration. Et ce n’est pas fini : l’entreprise prévoit déjà 60 milliards de yens supplémentaires de coûts de réorganisation pour l’année en cours. Face à cette situation, Nissan annonce la fermeture de 7 de ses 17 usines dans le monde, dont deux au Japon. En parallèle, 20 000 postes seront supprimés. L’objectif : rationaliser la production et réduire les coûts fixes.
Réduction de la gamme et relocalisation stratégique
Au-delà des coupes dans les effectifs, Nissan s’attaque aussi à la complexité de sa gamme. Six plateformes véhicules seront abandonnées, plusieurs modèles repoussés. Le constructeur souhaite simplifier sa chaîne de production pour améliorer sa rentabilité. Autre piste explorée : transférer la production de la Sentra, aujourd’hui assemblée au Mexique, vers l’usine de Canton, Mississippi. Sous-utilisée, cette dernière ne tourne actuellement qu’à 51 % de sa capacité. Ce déménagement permettrait de contourner les taxes douanières américaines et de mieux coller à la demande locale.
Une décision contestée en interne
Malgré l’urgence financière, la vente du siège ne fait pas l’unanimité. Des voix internes s’élèvent contre ce symbole de repli, perçu comme un aveu de faiblesse. Nissan reste flou dans sa communication officielle : l’entreprise évoque simplement "l’étude de toutes les options" pour assurer sa survie. En attendant, aucune prévision de résultats n’a été publiée pour l’année en cours. Entre la pression des marchés et les divisions internes, le redressement s’annonce délicat.