Le constructeur japonais Nissan est dans une zone de très fortes turbulences : près de 20 000 licenciements dans le monde, fermetures d'usines, et une perte annuelle historique de plus de 5 milliards de dollars. Une restructuration massive est lancée pour éviter la faillite.
Une purge sociale sans précédent
Nissan vient d’annoncer la suppression de 20 000 postes dans le monde, soit environ 15 % de ses effectifs. Cette décision double quasiment le plan de réduction initial, qui portait sur 9 000 postes fin 2024. Le groupe confirme également la fermeture de plusieurs sites industriels, dont deux usines en Thaïlande, et la consolidation d'autres implantations. Objectif : ramener la capacité de production à 2,5 millions de véhicules par an d’ici 2027, contre 3,3 millions écoulés en 2024. Le nouveau directeur général, Ivan Espinosa, évoque une “nécessité vitale” pour assurer la survie du groupe.
5,3 milliards de pertes malgré une hausse des ventes aux États-Unis
Les résultats pour l'exercice fiscal clos le 31 mars 2025 affichent une perte nette comprise entre 700 et 750 milliards de yens (soit environ 5,3 milliards de dollars). Une contre-performance historique, qui masque la hausse des ventes aux États-Unis (+5,4 %) obtenue au prix d’importantes remises et subventions aux concessionnaires. Cette stratégie de ventes à perte a permis de maintenir les volumes, mais en creusant davantage les marges déjà ridicules.
La situation financière de Nissan s’est aggravée sous l’effet des surtaxes américaines, désormais fixées à 25 % sur les véhicules importés. Or, 45 % des ventes américaines de Nissan concernent des modèles produits en Asie. La note est salée : environ 450 milliards de yens de coûts supplémentaires liés aux droits de douane pour l’année en cours. Par ailleurs, l’échec de la fusion envisagée avec Honda en février a privé Nissan d’une mutualisation industrielle pourtant cruciale face à la concurrence chinoise et à la mutation électrique du secteur.
Une restructuration à haut risque
Outre les licenciements et la fermeture d’usines, Nissan abandonne aussi plusieurs projets d’investissement, dont une usine de batteries à Kitakyushu évaluée à plus d’un milliard d’euros. Le recentrage stratégique est radical. Espinosa mise sur une rationalisation des coûts et un recentrage sur les modèles rentables pour tenter une sortie de crise. Mais la situation est très fragile : l’alliance avec Renault s’est affaiblie, les agences de notation dégradent le crédit du groupe, et les marchés ne semblent pas convaincus, avec une chute de plus de 40 % du titre à la Bourse de Tokyo depuis janvier.