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Suppression des ZFE : les députés votent la fin des zones à faibles émissions

Par Vincent Lautier - Publié le

L’Assemblée nationale a voté la suppression des ZFE, zones qui limitaient l’accès aux véhicules les plus polluants dans 43 agglomérations. La mesure, contestée depuis des années, a fracturé la classe politique et relance une fois encore le débat entre santé publique, justice sociale et pression environnementale européenne.

Suppression des ZFE : les députés votent la fin des zones à faibles émissions


Une suppression inattendue mais votée



L’Assemblée nationale a donc voté la suppression des zones à faibles émissions (ZFE), dispositif mis en place depuis 2019 pour limiter la circulation des véhicules les plus polluants. L’amendement, déposé par les Républicains et le Rassemblement national, a été adopté par 98 voix contre 51. Des élus de droite, de La France insoumise et même quelques macronistes ont soutenu cette suppression, malgré l’avis défavorable du gouvernement. Si le vote reste suspendu à l’adoption globale du projet de loi de simplification, le symbole est fort : la fronde contre les ZFE a désormais un ancrage parlementaire fort, et le gouvernement est une fois encore désavoué.

Suppression des ZFE : les députés votent la fin des zones à faibles émissions


L’argument social au cœur des critiques



À droite comme à gauche, les critiques se rejoignent sur un point : les ZFE excluraient les plus modestes des centres urbains. Le RN parle d’un dispositif "technocratique et excluant", quand LFI dénonce une mesure "hypocrite", qui pénalise les classes populaires sans offrir d’alternatives crédibles. Les défenseurs du texte, eux, affirment vouloir lutter contre la pollution sans aggraver les fractures sociales. L’association "40 millions d’automobilistes" salue une victoire pour les conducteurs, en particulier pour ceux qui n’ont pas les moyens de changer de véhicule.

Suppression des ZFE : les députés votent la fin des zones à faibles émissions


Un signal inquiétant pour la santé publique



Du côté des écologistes, la réaction est immédiate : colère et incompréhension. Pour l’association Respire, la suppression des ZFE est "irresponsable" face aux 40 000 décès annuels liés à la pollution de l’air. David Belliard, adjoint à la maire de Paris, parle d’une décision "stupide et injuste". Les ZFE avaient permis des améliorations importantes dans les grandes agglomérations comme Paris et Lyon, où les niveaux de dioxyde d’azote avaient chuté. Pour les défenseurs du dispositif, c’est une marche arrière absurde.

Ce vote fragilise aussi la position de la France face à l’Union européenne. Déjà condamnée à plusieurs reprises pour non-respect des normes de qualité de l’air, elle risque de lourdes sanctions financières si les niveaux de pollution remontent. La suppression des ZFE intervient alors qu’une nouvelle directive européenne prévoit des seuils encore plus stricts à l’horizon 2030. En l’absence de mesures alternatives solides, le pays pourrait rapidement se retrouver en infraction.