Un groupe de 35 députés propose de suspendre les Zones à Faibles Émissions (les ZFE donc) pendant cinq ans. Leur argument : la qualité de l’air s’améliore déjà sans ces restrictions, qui pénalisent surtout les ménages modestes. Face aux contestations, certaines villes hésitent à appliquer ces mesures, et d’autres pays revoient déjà leur stratégie.
Un moratoire pour ralentir la mise en place des ZFE
Les Zones à Faibles Émissions, instaurées pour limiter la circulation des véhicules les plus polluants en ville, sont de plus en plus contestées. Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, 42 agglomérations françaises de plus de 150 000 habitants sont censées les mettre en place. Mais face aux critiques, 35 députés de droite et du centre demandent un moratoire de cinq ans.
Dans les faits, plusieurs villes retardent déjà l’application des restrictions. Dijon a annoncé une dérogation temporaire, Toulon a décidé de ne pas mettre en place de ZFE pour le moment, et d’autres, comme Amiens ou Perpignan, restent dans l’incertitude. Même Paris et Strasbourg, pourtant favorables à ces zones, ralentissent leur communication sur le sujet.
Une mesure jugée inéquitable
L’un des points soulevés par les députés est l’impact social des ZFE. Ces restrictions empêchent certains automobilistes de circuler en ville, en particulier les plus modestes, qui ne peuvent pas changer de voiture. À partir de 2026, la verbalisation automatique doit entrer en vigueur, avec des amendes de 68 euros pour les voitures et 135 euros pour les poids lourds.
Dans le même temps, plusieurs villes contournent déjà ces restrictions. Le Grand Paris propose des pass journaliers pour permettre aux véhicules interdits de circuler ponctuellement. Rennes et Reims accordent jusqu’à 52 jours de libre circulation par an aux véhicules Crit’Air 4 et plus. Ces dérogations rendent le dispositif moins lisible et montrent qu’il n’est pas totalement appliqué de manière uniforme.
Une amélioration de la qualité de l’air déjà en cours
Les députés favorables à la suspension des ZFE avancent que la pollution de l’air diminue depuis plusieurs années, indépendamment de ces mesures. Entre 2005 et 2021, les émissions de NOx ont baissé de 62 %, et celles de particules fines PM10 de 42 %. Ces évolutions sont en grande partie dues à l’amélioration des moteurs et à la progression des véhicules électriques.
D’ailleurs, selon l’Ademe, la majorité des particules fines émises par le trafic routier ne provient plus des gaz d’échappement, mais de l’usure des pneus et des freins. Dans ce contexte, certains jugent que les restrictions imposées aux voitures anciennes ne sont plus aussi justifiées qu’au moment de l’instauration des ZFE.
Une remise en question en Europe
Le débat sur les ZFE ne se limite pas à la France. L’Allemagne a déjà supprimé 11 zones de ce type, estimant que leur impact sur la pollution urbaine était limité. En France, l’application des ZFE étant déjà inégale d’une ville à l’autre, les députés demandent une pause pour évaluer leur efficacité réelle.
Le projet de loi proposant de suspendre ces restrictions pendant cinq ans n’a pas encore été examiné à l’Assemblée. Mais il traduit bien un malaise grandissant autour des ZFE et relance le débat sur leur pertinence à long terme. Quel est votre avis sur la question ? Votre ville est concernée ?