Luca de Meo, directeur général de Renault depuis 2020, quitte le constructeur pour devenir DG de Kering. C’est un départ surprise, qui intervient au pire moment, alors qu’il préparait un nouveau plan stratégique pour Renault. Il rejoint le groupe de luxe en pleine tourmente financière, sous la présidence de François-Henri Pinault.
Luca de Meo quitte Renault après cinq ans de redressement
Le 15 juillet marquera la fin d’un chapitre important pour Renault. Luca de Meo, nommé directeur général en 2020 en pleine crise post-Ghosn, jette l’éponge alors que le groupe semblait retrouver une forme de stabilité. Le départ, annoncé au conseil d’administration puis confirmé par Renault, intervient juste après la présentation du plan « Futurama », censé orienter les cinq prochaines années. Cette sortie précipitée laisse un goût d’inachevé pour un constructeur toujours confronté à d’importantes turbulences.
Un parcours salué mais inachevé
Sous sa direction, Renault a connu un redressement visible : marges opérationnelles record (7,6 % en 2024), relance de la gamme avec la R5 électrique ou encore montée en gamme avec des modèles comme l’Austral. La stratégie Renaulution, lancée dès 2021, a transformé la structure du groupe, scindant thermique et électrique. Mais plusieurs projets, comme Horse ou Flexis, restent à confirmer dans la durée. De Meo quitte donc un groupe redressé, mais dont l’avenir repose encore sur pas mal d’incertitudes.
Un passage vers le luxe qui interroge
Le transfert de Luca de Meo chez Kering peut surprendre. Ce vétéran de l’automobile (Fiat, Seat, Volkswagen) s’oriente vers un univers très différent. Son profil franco-italien, son attention aux marques et à l’émotion produit semblent avoir séduit François-Henri Pinault. Ce dernier, PDG de Kering depuis vingt ans, dissocie enfin les fonctions de direction. Le groupe de luxe est en difficulté : chiffre d’affaires en chute de 12 %, action en berne, crise chez Gucci. De Meo arrive avec une mission claire : redresser la barre rapidement.
Visuel : L'Express
Kering en crise
En cumulant des pertes, une gouvernance contestée et une dynamique produits essoufflée, Kering est à la croisée des chemins. L’arrivée de De Meo, orchestrée en partie par un cabinet de chasseurs de têtes, doit permettre de professionnaliser la direction opérationnelle. Le pari est risqué : aucun passé dans le luxe, mais une capacité à piloter des transformations complexes. Ce changement de cap, s’il échoue, pourrait fragiliser davantage un groupe déjà affaibli sur ses marchés clés, en particulier en Chine et aux États-Unis.
On en dit quoi ?
Luca de Meo tourne donc la page Renault un peu rapidement, et surtout sur un bilan contrasté : des résultats au rendez-vous, mais des chantiers encore ouverts. Chez Kering, il devra prouver que son expérience industrielle est transposable au luxe. Un pari managérial à haut risque. De votre point de vue, est-ce un départ regrettable ? Quel regard portez-vous sur les transformations chez Renault opérées ces dernières années ? Son départ risque-t-il de fragiliser la marque au losange ?