Le constructeur chinois Guangzhou Automobile Group (GAC) accélère son expansion européenne. Pour contourner les récents droits de douane de l'Union Européenne, GAC a lancé la production de son SUV électrique AION V chez le spécialiste Magna, sur son site autrichien de Graz. Une stratégie d'assemblage local qui pourrait bien rebattre les cartes du marché.
Le contre-pied aux taxes européennes
GAC démarre donc la production de son SUV AION V directement en Europe, une manœuvre habile pour échapper aux nouvelles barrières douanières de l'UE. Bruxelles a en effet mis en place des droits de douane provisoires qui peuvent atteindre 37,6% sur les véhicules électriques assemblés en Chine, visant à contrer ce que l'Union juge être une concurrence déloyale par le biais de subventions. Pour GAC, dont l'Europe est un marché vital, l'assemblage local est l'unique option pour garder un prix compétitif. L'opération ne se limite pas à la simple fabrication, mais couvre également la logistique, la fourniture de pièces et l'établissement d'un réseau de vente sur le continent.
Un SUV chinois taillé pour l'Europe
L'AION V est le fer de lance de cette offensive. Ce SUV électrique est déjà commercialisé en Finlande, au Portugal et en Pologne. Il n'arrive pas sans références puisqu'il a décroché la note maximale de cinq étoiles à l'Euro NCAP. Côté technique, l'AION V est basé sur la plateforme modulaire AEP et propose un moteur de 181 ch. L'autonomie varie selon les configurations de batterie, mais le pack le plus important (90 kWh) permet d'atteindre jusqu'à 750 km selon le cycle CLTC. Le constructeur chinois le positionne comme une alternative sérieuse et bien équipée aux références actuelles du segment, comme le BYD Atto 3. L'objectif est clair : s'étendre rapidement à une trentaine de marchés mondiaux.
L’usine de Graz, la porte d’entrée du continent
Magna, par son usine historique de Graz en Autriche, devient l'acteur majeur de cette stratégie d'implantation. Le site est un véritable couteau suisse industriel, capable de faire cohabiter sur ses lignes de production des véhicules thermiques, hybrides et, désormais, électriques. Cela offre une flexibilité que peu d'autres sous-traitants peuvent garantir. Ce n'est d'ailleurs pas une première pour un constructeur chinois : XPeng utilise déjà la même usine pour assembler ses SUV G6 et G9 pour le marché européen.
On en dit quoi ?
L'arrivée de GAC via une production locale chez Magna n'est pas une surprise. C'est la réponse la plus logique et la plus directe aux mesures protectionnistes de l'UE. En utilisant un partenaire expérimenté et reconnu comme Magna, GAC achète de la crédibilité, de la qualité, et surtout, il neutralise l'impact financier des taxes. Cette stratégie, calquée sur celle de XPeng, prouve que le marché européen, malgré ses réticences douanières, reste la priorité pour les constructeurs chinois. L'afflux de VE chinois assemblés sur notre sol risque d'intensifier sérieusement la concurrence. La question n'est plus de savoir si les marques chinoises vont s'installer, mais à quelle vitesse et à quel prix nos constructeurs historiques pourront réagir à cette nouvelle vague de concurrents localisés.