En 2017, le photographe américain Austin Bell visite Hong Kong pour la première fois. Comme beaucoup, il est frappé par les couleurs du quartier Choi Hung Estate, célèbre pour ses façades arc-en-ciel. Mais c’est en prenant de la hauteur, grâce à un drone, qu’il remarque autre chose : les terrains de basket. Peints dans des teintes vives, intégrés au tissu urbain dense, ils contrastent avec les surfaces uniformes qu’il connaît aux États-Unis. De là naît une question : combien y en a-t-il dans toute la ville ?
Un élément clé du paysage urbain
Deux ans plus tard, Bell revient avec un projet précis : photographier chaque terrain extérieur de basket de Hong Kong. Il en recense 2 549, répartis sur 1 935 sites, des écoles aux résidences publiques en passant par les parcs. Pendant 140 jours, il sillonne la ville, en grande partie à pied et en transport en commun, et capture au total 40 000 clichés.
L’omniprésence des terrains de basket à Hong Kong n’a rien d’un hasard. Dès les années 1950 et 1960, la ville intègre les infrastructures sportives à ses plans d’urbanisme. Les normes établies en 1982, puis révisées en 1991, imposent qu’un terrain soit accessible à moins de 400 mètres des habitants, avec une répartition d’un terrain pour 10 000 résidents.
Mais ces espaces ne se limitent pas au sport. Dans une ville où l’espace public est rare, ils servent aussi de lieux de rassemblement : on y joue, mais on y danse, on y fait du tai-chi, et parfois même on y étend son linge.
Des terrains pensés pour être vus
Contrairement aux terrains classiques en béton ou en asphalte, ceux de Hong Kong sont souvent peints dans des couleurs vives. Une décision assumée par les autorités locales – en particulier le Département des loisirs et des services culturels, la Housing Authority et le Bureau de l’éducation – qui cherchent à égayer l’espace urbain.
Cette approche prend une autre dimension lorsqu’on observe ces terrains d’en haut. Bell les photographie en plongée, et met en avant leurs formes géométriques et leurs contrastes avec l’environnement dense de la ville.
Un projet devenu exposition et livre
L’ensemble de son travail a donné naissance à un livre, Shooting Hoops, qui compile ses images et documente son processus. Une exposition éponyme s’est également tenue à la Blue Lotus Gallery de Hong Kong, pour mettre en avant cette perspective unique sur la ville.
Si Bell ne se définit pas comme un passionné de basket, son projet montre bien comment un élément du quotidien peut devenir une œuvre graphique à part entière. En prenant de la hauteur, il offre un regard décalé sur Hong Kong et son urbanisme.