Ted Sarandos, co-PDG de Netflix, estime que les salles de cinéma ne retrouveront jamais leur niveau d’avant la pandémie. Pourtant, en France, les chiffres de fréquentation de 2024 montrent une tendance différente, ce qui suggère que la situation n’est pas uniforme à l’échelle mondiale.
Le cinéma en perte de vitesse durable
Pour Ted Sarandos, c’est clair : les salles obscures n’ont plus vraiment la cote. Dans une interview récente, le co-dirigeant de Netflix a dressé un constat plutôt net sur l’état actuel du cinéma traditionnel. D’après lui, le box-office mondial est toujours en chute libre, avec une baisse de 40 à 50 % par rapport à l’avant-Covid, et une nouvelle diminution de 8 % enregistrée cette année. Autrement dit, la fréquentation ne redécolle pas.
Le tout dans un contexte où d’autres secteurs du divertissement, eux, vont très bien. Sarandos cite en exemple les spectacles de Broadway, les concerts ou encore les événements sportifs, qui, depuis la pandémie, affichent complet. Pour lui, la comparaison est sans appel : si les gens se déplacent à nouveau, ce n’est plus pour aller voir un film au cinéma, mais pour vivre une expérience en direct.
YouTube ou Netflix ? Sarandos a choisi
Dans la foulée, Sarandos en a profité pour défendre le modèle de Netflix, surtout face à YouTube. Selon lui, la plateforme de Google permet certes aux créateurs de se lancer, mais sans réelle garantie de revenus. Il souligne que sur YouTube, les créateurs doivent souvent financer eux-mêmes leurs projets, avec le risque de tout perdre.Netflix, de son côté, mise sur une rémunération en amont et des conditions plus stables.
Il évoque aussi l’émergence d’une nouvelle génération de créateurs dits pro-am – comprenez semi-professionnels –, capables de produire des contenus solides avec peu de moyens. Une tendance qui, selon lui, confirme que la création audiovisuelle n’a plus besoin des circuits traditionnels pour exister ou réussir.
La situation contrastée des salles de cinéma en France
Ce tableau n’est pourtant pas uniformément sombre. En France, les salles de cinéma ont enregistré 181,3 millions d’entrées en 2024, soit une légère hausse par rapport à 2023. Cette performance est notable, surtout quand on sait que d’autres pays comparables ont connu une baisse de fréquentation. En plus de ça, la part de marché des films français a atteint 44,4 %, un niveau parmi les plus élevés jamais enregistrés, dépassant même celle des films américains, qui se situe à 36,7 %. Des succès comme Un p’tit truc en plus d’Artus, avec plus de 10 millions d’entrées, ou Le Comte de Monte-Cristo d’Alexandre de La Patellière et Matthieu Delaporte, avec plus de 9 millions d’entrées, ont largement contribué à ces résultats.
Et les films indépendants dans tout ça ?
Reste un point un peu plus flou dans ce grand basculement : le sort du cinéma indépendant. Si Netflix met en avant la diversité de son catalogue, plusieurs observateurs notent que les plateformes ont tendance à privilégier les projets à fort potentiel commercial. Résultat : les films plus confidentiels ou expérimentaux peinent à trouver leur place.
Le discours de Ted Sarandos confirme surtout une chose : le paysage du divertissement est en train de changer profondément au niveau mondial, avec des gagnants et des perdants. Pour les salles, le signal est plutôt rouge, sauf dans les pays qui ont une bonne politique de financement de la création, comme en France, avec des films assez bons et originaux, pour donner envie aux gens de bouger leurs fesses et aller en salle.
Et par chez vous, vous allez toujours au cinéma ? Si oui vous êtes allé voir quoi récemment ? Plutôt des films français ou étrangers ? Qu'est ce qui vous motive à aller au cinéma, et quels sont les freins qui font que vous avez plutôt tendance à rester chez vous ?
