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La France envisage un droit à la déconnexion pour les enfants ! Est-ce le bon débat ?

Par Laurence - Publié le

Dans le cadre de sa lutte contre l’hyperconnexion des jeunes, la ministre de l’Éducation nationale annonce une mesure assez inédite, limiter l’usage des ENT et des outils de type Pronote entre 20h et 7h, ainsi que le weekend. Une réponse directe aux recommandations de la commission sur les écrans.

Droit à la déconnexion


Vers une pause numérique imposée aux outils scolaires



Lors d'un déplacement dans une école située en Seine-Saint-Denis, Élisabeth Borne a annoncé la mise en place prochaine d’un droit à la déconnexion pour les outils numériques utilisés dans le cadre scolaire. Elle fait notamment référence aux Espaces numériques de travail (ENT) ou encore des apps de type Pronote ou Mon EcoleDirecte, qui centralisent devoirs, notes et échanges entre enseignants, élèves et parents.

Cette mesure s’inscrit dans la volonté du gouvernement d'encadrer le temps d’écran des élèves, en sus de la récente promesse d’une pause numérique au collège. En effet, la ministre souhaite interdire les mises à jour et limiter l’accès fonctionnel de ces outils entre 20h et 7h, aussi bien en semaine que le week-end. Le but est d'éviter que les élèves et les familles soient poussés à consulter ces plateformes en dehors des heures raisonnables, renforçant ainsi les bonnes pratiques numériques.

La France envisage un droit à la déconnexion pour les enfants ! Est-ce le bon débat ?


Une recommandation venue du rapport de la commission écrans



Cette annonce fait écho au rapport remis en avril 2024 à Emmanuel Macron par la commission sur les écrans, qui appelait à fixer un cadre strict d’utilisation de ces outils. Le document dénonçait notamment une injonction paradoxale : d’un côté, les élèves sont invités à réduire leur exposition aux écrans, tandis que de l’autre, l’école continue à envoyer des notifications, des devoirs ou des informations en soirée.

La ministre a reconnu que cette évolution devra se faire en concertation avec les collectivités locales, qui sont en charge de la gestion des ENT ou des apps de liaison au niveau des établissements. La mise en place technique et juridique d’un tel droit à la déconnexion numérique scolaire devra donc être coordonnée à l’échelle nationale et territoriale.

Cette mesure s’inscrit dans un débat plus large sur la régulation des usages numériques des jeunes, notamment en ce qui concerne les réseaux sociaux et les outils de communication scolaire. Elle vise à favoriser un équilibre plus sain entre vie scolaire, vie personnelle et repos, dans un monde de plus en plus connecté.

Mais couper les ENT ou Pronote divise et pour cause. Dans la réalité, certains élèves n'ont pas toujours le temps d'écrire les devoirs dans leurs agendas, et inversement certains professeurs n'ont pas toujours le temps de les donner. Certains jours en fonction des heures de cours et d'activité extra-scolaires, il est possible d'avoir besoin de se connecter après 20 heures.

En outre, cet agenda électronique permet de récupérer les devoirs le soir en cas d'absence de l'enfant ou d'être averti d'une absence de dernière minute d'un enseignant (qui permet de gagner une heure de sommeil le matin...) ou encore de vérifier une consigne pour le lendemain (par exemple, un rappel pour amener sa tablette chargée, en cours de techno). En revanche, limiter l'accès permettrait d'éviter l'apparition de devoirs le dimanche soir, certes, mais cela reste anecdotique et certaines situations d'urgence (comme le manque de professeurs) mériteraient peut-être plus d'attention.

Et puis franchement, pour le vivre au quotidien : oui, les ados se connectent tout le temps pour voir leurs notes. Mais cela ne prend que quelques secondes, et ils passent plus de temps sur les réseaux sociaux ou à papoter sur les groupes de classe. Bref il y a beaucoup de points à détailler avant d'en faire une peinture affreuse.