C'est un coup de tonnerre dans le paysage du cinéma français. Le groupe Canal+ a annoncé être entré en "négociations exclusives" pour racheter le réseau de salles de cinéma UGC. Une opération qui, si elle aboutit, donnerait au géant des médias un contrôle quasi-total sur la chaîne de valeur du cinéma, de la production à la diffusion en salles.
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Un rachat en deux temps
L'opération, qui doit encore recevoir l'aval des autorités compétentes, se déroulera en deux étapes. Dans un premier temps, Canal+ prévoit d'acquérir une participation minoritaire de 34% au capital d'UGC.
Puis, dans un second temps, à partir de 2028, des accords déjà prévus avec les actionnaires actuels permettraient à Canal+ de monter au capital pour une "prise de contrôle éventuelle". C'est donc bien une acquisition totale qui est visée à terme.
Pourquoi Canal+ veut des salles de cinéma ?
Avec ses 27 millions d'abonnés dans le monde et son puissant bras armé de production, StudioCanal, on pourrait se demander pourquoi Canal+ s'intéresse à un réseau de salles physiques. La réponse a été donnée par son patron, Maxime Saada : "L'exploitation en salles joue un rôle essentiel dans l'exposition et la valorisation" des films.
En clair, pour qu'un film ait de la valeur et une longue carrière (en VOD, à la télévision...), il doit d'abord exister et connaître le succès en salles. En rachetant UGC et ses 55 cinémas en France et en Belgique (dont le cinéma des Halles à Paris, le plus fréquenté au monde), Canal+ s'assure une vitrine de choix pour les films de StudioCanal.
La consolidation du cinéma français
Cette annonce intervient dans un contexte de grande manœuvre dans le cinéma français. Il y a quatre mois à peine, c'est l'autre grand réseau, Pathé, qui ouvrait son capital à l'armateur Rodolphe Saadé. Le secteur, fragilisé depuis la crise du Covid, est en pleine phase de consolidation.
La ministre de la Culture, Rachida Dati, a d'ailleurs salué l'annonce, y voyant une "marque de confiance dans l'avenir des salles de cinéma".
On en dit quoi ?
C'est une nouvelle illustration de la stratégie de Vincent Bolloré : la maîtrise de l'intégration verticale. Après la production de films (StudioCanal) et leur diffusion à la télévision (Canal+), le groupe s'offre maintenant le dernier maillon de la chaîne : l'exploitation en salles. C'est une concentration qui pose forcement question, mais qui est d'une logique industrielle implacable.
En rachetant UGC, Canal+ ne met pas seulement la main sur des murs, mais aussi sur un catalogue de films iconiques et sur un savoir-faire reconnu dans l'exploitation de cinémas de centre-ville. C'est une opération qui va redessiner en profondeur le paysage du cinéma en France pour les années à venir. Et vous, voir un acteur comme Canal+ racheter un grand réseau de salles, ça vous inquiète ou ça vous rassure ?
