La fusion nucléaire, c’est un peu le Graal de l’énergie propre. Pas de déchets radioactifs encombrants comme avec les centrales classiques, pas d’émissions de CO2, et une énergie quasi illimitée. Le problème ? Personne n’a encore réussi à construire un réacteur qui produit plus d’énergie qu’il n’en consomme. Mais Proxima Fusion, une jeune startup allemande, pense avoir trouvé la solution et vient de publier ses plans pour une centrale à fusion viable.
Pourquoi la fusion nucléaire est si compliquée ?
Contrairement aux réacteurs nucléaires actuels qui fonctionnent avec la fission (on casse des atomes pour produire de l’énergie), la fusion consiste à coller des atomes ensemble pour libérer une énorme quantité d’énergie. C’est ce qui se passe dans le Soleil. Mais pour y arriver sur Terre, il faut recréer des conditions extrêmes : chauffer du plasma à plus de 100 millions de degrés et le maintenir en place avec des champs magnétiques ultra-puissants.
Depuis des décennies, les recherches se concentrent sur deux types de réacteurs. Les Tokamaks, comme celui du projet ITER en France, utilisent un courant dans le plasma pour le stabiliser, mais cette méthode rend leur contrôle plus complexe. À l’inverse, les Stellarators, plus difficiles à concevoir mais plus stables, permettent un fonctionnement continu sans nécessiter de courant dans le plasma. C’est cette deuxième voie que Proxima Fusion a choisie avec son concept de réacteur Stellaris.
Un projet open-source pour accélérer la fusion
Là où Proxima Fusion innove, c’est qu’elle a décidé de publier en accès libre les plans de sa centrale. Son but ? Accélérer la recherche et attirer les meilleurs talents pour améliorer la technologie plus rapidement. C’est la première fois qu’un plan de centrale à fusion est présenté de manière aussi complète, selon Francesco Sciortino, le PDG de la startup.
Son réacteur repose sur des avancées récentes en superconducteurs à haute température, en impression 3D et en intelligence artificielle. Ces technologies permettent de créer des aimants ultra-puissants et optimisés, capables de mieux contenir le plasma. En théorie, cela pourrait résoudre l’un des plus gros défis de la fusion : la stabilité.
Un calendrier ambitieux et des financements solides
Fondée en 2023, Proxima Fusion a déjà levé 65 millions d’euros, dont 35 millions de fonds publics et 30 millions de capital-risque. Son plan est clair : elle prévoit de finaliser un premier prototype de bobine Stellarator d’ici 2027, puis de passer à la production des aimants nécessaires pour construire un réacteur pilote, baptisé Alpha, en 2031. L’objectif final est de mettre en service une centrale commerciale, avant la fin des années 2030.
Un pari audacieux, sachant que la fusion est un casse-tête technologique et économique. Construire un réacteur coûterait plusieurs milliards d’euros, et personne ne sait encore si l’énergie produite sera vraiment rentable.
Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, la fusion nucléaire attire des milliards d’investissements à travers le monde. Mais entre les promesses et la réalité, il y a souvent un gouffre. Proxima Fusion mise sur une approche plus rapide et plus pragmatique, et si elle réussit, elle pourrait bien révolutionner l’industrie énergétique. Affaire à suivre donc.