Le CEO de Foxconn, Young Liu, est récemment revenu sur l’impact des tarifs douaniers américains et a laissé entendre que les grandes entreprises technologiques -dont Apple- pourraient renforcer leur présence industrielle aux États-Unis dans les années à venir.
Une pression des tarifs sans précédent
Lors de l'appel aux résultats, Young Liu a été inhabituellement direct lorsqu’on lui a demandé si les tarifs imposés par l’administration Trump avaient un impact sur Foxconn et ses clients. En effet, il a ouvertement reconnu que des réorganisations étaient à envisager.
La question des tarifs est quelque chose qui donne à nos clients un sérieux mal de crâne. À en juger par l’attitude et l’approche que nous voyons le gouvernement américain adopter envers les tarifs douaniers, il est très, très difficile de prédire comment les choses se développeront au cours de l’année prochaine. Donc, nous ne pouvons nous concentrer que sur le fait de bien faire ce que nous pouvons contrôler.
En clair, Foxconn -principal partenaire de fabrication d’Apple- anticipe des turbulences économiques dues aux tensions géopolitiques et aux politiques tarifaires américaines, ce qui pourrait forcer les géants de la tech à repenser leurs chaînes d’approvisionnement.
Une fabrication américaine qui peine à décoller
Mais un autre souci se profile. En effet, Young Liu a admis que la demande pour la fabrication aux États-Unis pourrait être incertaine. Même si Apple maintient les revenus de Foxconn stables pour l’année à venir, le dirigeant a averti les investisseurs que le coût des tarifs finirait par être répercuté d'une manière ou d'une autre, sur les clients.
Mais le CEO est resté vague sur les projets précis de fabrication aux États-Unis. Lorsqu’un investisseur lui a demandé si Foxconn prévoyait d’intensifier sa production sur le sol américain, il a simplement répondu que plusieurs clients travaillaient sur des plans avec Foxconn, sans garantir que ces projets se concrétiseraient.
Le fiasco de l’usine du Wisconsin
Cette annonce intervient dans un contexte marqué par le semi-échec de l’usine Foxconn dans le Wisconsin. Pour rappel, cette installation, lancée en grande pompe en 2018 sous la première administration Trump, devait initialement produire des écrans LCD et créer jusqu’à 13 000 emplois. Cependant, le projet a rapidement perdu de sa superbe, les terres agricoles et résidentielles rasées restant pour l’essentiel inutilisées.
En 2021, Foxconn a renégocié son accord avec l’État du Wisconsin, s’engageant cette fois à investir 672 millions de dollars et à créer 1 454 emplois d’ici 2025 — bien loin des ambitions initiales. Aujourd’hui, le statut de cette usine demeure flou, d’autant que Foxconn aurait signé un accord pour produire des composants de serveurs pour Google, mais la majorité de ce travail semble déjà avoir été délocalisée au Mexique.
La prochaine étape ?
D’après le Financial Times, Foxconn construit actuellement une installation au Mexique pour fabriquer des serveurs Nvidia Blackwell. Cette décision confirme que malgré les discussions sur la relocalisation de la fabrication, une partie de la production reste ancrée à l’étranger, là où les coûts restent plus compétitifs.
En parallèle, Foxconn a annoncé une baisse de 13 % de son bénéfice net par rapport à l’année précédente, bien que le bénéfice d’exploitation ait progressé de 32 %. Une chute qui s’explique en partie par la baisse des revenus non opérationnels, soulignant la fragilité actuelle du modèle économique du géant taïwanais.
Si Foxconn et Apple cherchent à sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement en renforçant leur présence industrielle aux États-Unis, les obstacles restent nombreux : coûts de production élevés, incertitudes géopolitiques et lenteur des projets passés comme celui du Wisconsin. La vraie question est donc de savoir si cette expansion américaine sera un virage stratégique durable ou une simple manœuvre pour calmer la pression politique en attendant le prochain président.