TSMC, principal fournisseur de puces d’Apple, prévoit d’accélérer considérablement le rythme de construction de ses usines américaines. Objectif : permettre une production plus rapide de semi-conducteurs Made in USA pour les appareils Apple, bien que les dernières générations de puces resteront toujours réservées aux lignes les plus avancées à Taïwan.
Un démarrage lent, mais des promesses pour l’avenir
La première usine de TSMC aux États-Unis, située en Arizona, a connu de nombreux retards. Initialement prévue pour une mise en production en 2023, celle-ci n’entrera finalement en fonctionnement qu’en 2024 pour ne produire que des puces gravées de 5 nm, comme la puce A16 utilisée notamment dans l’iPhone 14 Pro et certains modèles d’iPhone 15.
Selon Nikkei Asia, TSMC a déclaré à ses investisseurs que les usines suivantes seraient opérationnelles beaucoup plus rapidement. Alors que la première installation a nécessité près de cinq ans, l’entreprise affirme que les suivantes ne prendront pas plus de deux ans pour être mises en service. Une usine destinée à la gravure en 3 nm est prévue pour 2028, tandis qu’un site dédié à celle en 2 nm devrait voir le jour avant 2030.
Un rôle limité mais stratégique
Même avec ce calendrier accéléré, les usines américaines ne produiront pas les puces les plus avancées utilisées dans les nouveaux produits Apple, car la Recherche & le développement, de même que les technologies les plus sensibles resteront concentrées à Taïwan. Les puces fabriquées aux États-Unis seront donc principalement destinées à des appareils plus anciens ou à des modèles d’entrée de gamme encore en vente.
Cette stratégie permet néanmoins de diversifier la production et de réduire la dépendance géopolitique vis-à-vis de l’Asie, en particulier dans un contexte où les tensions dans la région Indo-Pacifique restent élevées.
Malgré ces efforts, tout le monde ne se montre pas convaincu. Pat Gelsinger -ancien CEO d’Intel- a exprimé son scepticisme à propos de l’utilité réelle des usines TSMC aux États-Unis pour renforcer la position du pays dans l’industrie des semi-conducteurs.
Dans un entretien rapporté par le Financial Times, il déclare : Si vous n’avez pas de R&D aux États-Unis, vous n’aurez pas de leadership en matière de semi-conducteurs. Selon lui, l’absence de transfert de la recherche et développement de TSMC depuis Taïwan limite fortement l’impact stratégique de ces nouvelles usines. Mais peut-être que les tensions politiques et militaires vont amener la situation à évoluer.
Une stratégie à long terme
Bien que les usines américaines de TSMC ne puissent pas encore rivaliser avec leurs homologues taïwanaises, leur montée en puissance marque un tournant pour Apple, qui pourrait à terme bénéficier d’une chaîne d’approvisionnement plus résiliente et mieux répartie géographiquement. Pour Apple, cela reste un enjeu clé, tant sur le plan logistique que politique, dans le cadre des initiatives soutenues par la loi américaine CHIPS and Science Act.