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La France revoit à la baisse, sa stratégie sur l'hydrogène

Par Laurence - Publié le

Après de trop nombreux mois d’attente, le gouvernement a enfin publié sa nouvelle stratégie nationale pour l’hydrogène, réclamée de toutes parts par les industriels du secteur. Plus ciblée et moins ambitieuse que prévu, elle pose tout de même les jalons d’un soutien public renforcé, et ce, pour faire émerger une filière française compétitive à l’échelle européenne.

France Hydrogène startégie


Une feuille de route très attendue



Annoncée depuis près de deux ans, cette stratégie se faisait attendre. Officiellement, le retard s’explique par un besoin de concertation approfondie, mais aussi par les turbulences politiques. Du côté de Bercy, on parle aujourd’hui d’un document de travail structurant, destiné à rassurer les acteurs de la filière et à redonner une impulsion claire.

C’est un repère stratégique indispensable pour réaffirmer le rôle de la France dans le déploiement de l’hydrogène aux niveaux européen et international, précise Philippe Boucly, président de France Hydrogène, l’organisation qui fédère les entreprises du secteur.

La France revoit à la baisse, sa stratégie sur l'hydrogène


Un soutien public massif… mais ciblé



Le cœur de cette stratégie repose sur un mécanisme de soutien à la production d’hydrogène bas carbone, doté d’une enveloppe de 4 milliards d’euros. L'objectif est d'assurer la compétitivité de l’hydrogène propre face à l’hydrogène fossile, encore bien moins coûteux à produire.

Ce mécanisme permettra de garantir un prix de vente stable aux producteurs pendant quinze ans, mais aussi d’inciter les industriels à investir dans des capacités de production locales. Cette mesure se veut une réponse directe aux inquiétudes exprimées par les entreprises du secteur, confrontées à une incertitude chronique.

L’hydrogène naturel, issu de réactions chimiques souterraines, suscite de plus en plus d’intérêts. D’après des études récentes, il serait abondant, moins cher et moins carboné que l’hydrogène produit grâce aux renouvelables ou le nucléaire.

Pour toutes ces raisons, cet hydrogène, que l’on dit aussi blanc, natif, voire géologique, a connu un boum médiatique en juin 2023 quand fut découvert en Lorraine un gisement de plus de 45 millions de tonnes d’hydrogène, soit deux fois la consommation attendue chaque année dans l’UE en 2030.


Image Euractiv
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Une ambition revue à la baisse



Si cette nouvelle feuille de route a le mérite d’exister, certains regrettent déjà un recul par rapport aux ambitions initiales. Plusieurs objectifs, notamment sur la capacité de production nationale ou sur le déploiement d’infrastructures, ont été revus à la baisse. Mais du côté du gouvernement, on assume une stratégie plus réaliste et progressive, en phase avec les priorités budgétaires actuelles et les perspectives européennes.

Ce plan marque un tournant dans la politique industrielle française autour de l’énergie hydrogène, mais n’en est qu’une étape. Le ministère de la Transition énergétique a déjà évoqué un renforcement progressif du soutien public en fonction des retours d’expérience sur les premières usines déployées. La France espère ainsi rattraper son retard sur des voisins comme l’Allemagne ou les Pays-Bas, plus rapides à structurer leur filière.