La licorne française Ledger lance le Nano Gen5, un nouvel appareil à 179€. Fini les petits boutons, place à un grand écran tactile E Ink. Mais le vrai changement est stratégique : Ledger ne parle plus de "portefeuille" mais de "signer" et veut aller au-delà de la crypto pour gérer l'identité numérique et même les IA. L'application Ledger Live change aussi de nom.
Le Nano Gen5, une évolution tactile
Ledger met à jour sa gamme historique avec le Nano Gen5. Vendu 179 euros, il se positionne entre le Nano X (149€) et le plus cher Ledger Flex (249€). La nouveauté la plus visible est l'abandon des deux petits boutons au profit d'un grand écran tactile E Ink. Cela doit simplifier la navigation et surtout améliorer la sécurité grâce au "Clear Signing" : l'utilisateur peut enfin lire en détail sur un écran lisible ce qu'il s'apprête à valider. Côté connectique, l'appareil est à jour avec l'USB-C, le Bluetooth 5.2 et le NFC. Petit détail pour nous, fans d'Apple, Ledger a fait appel à Susan Kare, la designer des icônes du premier Macintosh, pour créer des badges de personnalisation.
Pourquoi Ledger parle désormais de "Signer"
Le vrai changement n'est pas que matériel. Ledger opère un virage sémantique important : on ne dit plus "hardware wallet" (portefeuille matériel) mais "signer" (signataire). L'entreprise veut mieux refléter la fonction réelle de l'appareil. Un Ledger ne stocke pas vos cryptomonnaies (celles-ci sont sur la blockchain), il stocke vos clés privées hors ligne et sert uniquement à signer (c'est-à-dire approuver) les transactions. Ce changement de nom accompagne une ambition plus large : sortir du seul monde du Bitcoin. L'objectif est de faire du Nano Gen5 un gardien de l'identité numérique.
Gérer son identité et autoriser des IA
Cette nouvelle vision doit permettre au Nano Gen5 de servir à s'authentifier sur des sites web, à la manière des "passkeys", ou à prouver son âge sans avoir à montrer une pièce d'identité. Ledger va plus loin et évoque même la possibilité d'autoriser des intelligences artificielles personnelles à effectuer des actions à votre place, comme réserver un billet d'avion. L'idée est de posséder une clé personnelle et sécurisée pour gérer sa vie numérique. Pour accompagner ce mouvement, l'application compagnon Ledger Live est rebaptisée "Ledger Wallet". Elle intègre de nouvelles fonctions, comme la conversion d'euros en stablecoins (des cryptos stables) sans frais, ou un outil qui analyse les transactions pour détecter les risques.
On en dit quoi ?
Ledger tente un mouvement stratégique assez logique. Le marché de niche des premiers adeptes de la crypto est sûrement saturé, et l'entreprise a besoin de trouver un nouveau relais de croissance. En renommant ses produits "signers" et en visant l'identité numérique, la licorne française essaie de s'adresser à un public plus large et de s'imposer comme un acteur de la sécurité au sens large. Le timing est bon, à l'heure où les "passkeys" remplacent les mots de passe et où l'on parle d'autoriser des IA à agir pour nous. Reste à voir si le grand public est prêt à payer 179 euros pour un appareil dont l'utilité première (la crypto) lui semble encore très obscure. Le défi est surtout pédagogique en fait.