Les astronautes chinois de la station Tiangong disposent d'un nouveau four spatial capable de griller de la viande à 190°C. Une première qui permet de passer de la simple nourriture réchauffée à de la véritable cuisson en microgravité, grâce à un système de filtration avancé.
Du réchauffage à la cuisson réelle
Jusqu'à présent, la cuisine en orbite se limitait essentiellement à réhydrater des plats lyophilisés ou à réchauffer des préparations précuites. La station chinoise Tiangong vient de franchir une étape significative avec un four capable d'atteindre 190 degrés Celsius. Cette température permet d'initier de véritables réactions chimiques, comme la caramélisation, transformant le processus en cuisson réelle. Les équipages des missions Shenzhou-20 et 21 ont ainsi pu griller des ailes de poulet et des steaks au poivre. L'astronaute Wu Fei a décrit le résultat comme ayant la couleur, l'arôme et la saveur parfaits.
Un four high-tech sans fumée
Développer un tel appareil pour la microgravité n'est pas simple. Le défi principal est de gérer les fumées et les résidus sans système d'extraction classique. Les ingénieurs du Centre de recherche et de formation des astronautes de Chine ont intégré une solution de catalyse à haute température et de filtration multicouche directement dans l'appareil. Ce système purifie l'air en interne, permettant une cuisson sans fumée ni odeur. Des sécurités ont été ajoutées, comme un collecteur de résidus pour éviter que des particules ne flottent, et des parois qui restent froides au toucher pour prévenir tout risque de brûlure.
L'ISS loin derrière ?
Cette innovation met en lumière la différence d'approche avec la Station Spatiale Internationale (l’ISS), où la nourriture reste principalement pré-traitée. En 2020, les astronautes de la NASA avaient bien testé un prototype de four, mais il avait fallu plus de deux heures pour cuire un seul cookie. Le four chinois, lui, a doré les ailes de poulet en seulement 28 minutes. Au-delà de l'aspect technique, la capacité de cuisiner des aliments frais, couplée aux légumes (laitue, tomates) cultivés à bord, est un soutien psychologique majeur pour les équipages engagés dans des missions de longue durée.
On en dit quoi ?
La Chine ne se contente pas de rattraper son retard spatial ; elle le fait en soignant les détails de la vie à bord. Ce four n'est pas qu’un gadget. C'est une démonstration technologique qui touche directement au facteur humain, souvent le maillon faible des missions au long cours. Assurer le confort et le moral des astronautes avec de la nourriture réelle est aussi stratégique que de tester un nouveau propulseur. Pendant que l'ISS vieillit et que ses partenaires historiques calculent leurs budgets, Pékin investit dans des solutions pragmatiques qui rendent la vie en orbite non seulement possible, mais aussi supportable. Cela en dit long sur leurs ambitions à long terme, parce que pour des voyages de plusieurs mois pour atteindre Mars, avoir un four qui marche, ça peut être mieux.
