La régulation chinoise vient de porter un nouveau coup à Nvidia. Apparemment, la Cyberspace Administration of China a ordonné cette semaine à plusieurs poids lourds de la tech — dont ByteDance et Alibaba — d’arrêter leurs tests et commandes de la RTX Pro 6000D, une puce IA spécialement conçue pour le marché chinois.
Un bannissement qui va plus loin que prévu
D'après The Financial Timesles autorités s’étaient surtout concentrées sur la H20, autre processeur taillé sur mesure par Nvidia après l’interdiction américaine d’exporter ses puces les plus avancées vers la Chine. Mais cette fois, le blocage va plus loin : il concerne aussi la toute récente RTX Pro 6000D, présentée par Jensen Huang lui-même à Pékin en juillet dernier.
Plusieurs groupes chinois envisageaient de commander des dizaines de milliers d’unités et avaient commencé des travaux de validation avec les partenaires serveurs de Nvidia. Tous ces projets sont désormais stoppés net, ce qui a provoqué une chute d’environ 3 % de l’action Nvidia la semaine dernière.
Pékin pousse à l’autonomie technologique
Derrière cette décision, une stratégie claire : forcer les grosses firmes nationales à s’appuyer sur des semi-conducteurs chinois. Ces dernières semaines, les régulateurs ont convoqué Huawei, Cambricon, Alibaba ou encore Baidu pour comparer leurs puces IA aux modèles bridés de Nvidia. Selon les autorités, les processeurs chinois atteignent désormais un niveau de performance équivalent, voire supérieur...
La Chine entend ainsi tripler sa production de processeurs IA dès 2026, selon des sources industrielles, et réduire sa dépendance à l’offre américaine dans un contexte de rivalité croissante avec Washington.
Nvidia, pris en étau
Pour Nvidia, le signal est rude. L’entreprise avait multiplié les contorsions pour rester présente en Chine malgré les restrictions imposées par l’administration Biden, puis l'administration Trump. Interrogé mercredi à Londres, Jensen Huang a admis sa frustration : Nous ne pouvons servir un marché que si le pays le souhaite. Je suis déçu de ce que je vois, mais je comprends que des enjeux plus larges se jouent entre la Chine et les États-Unis.
L’enjeu dépasse de loin les résultats financiers trimestriels : il s’agit de savoir si Nvidia peut continuer à jouer un rôle, même marginal, dans le plus grand marché mondial de l’IA, alors que Pékin pousse ses champions nationaux à combler le vide.