Jensen Huang, le CEO de Nvidia, a créé la surprise en déclarant au Financial Times que la Chine va gagner la course à l'IA. Une affirmation choc, rapidement tempérée par un communiqué officiel sur X, précisant que l'Amérique doit foncer pour gagner. Un cafouillage qui en dit long sur les tensions actuelles.
La frustration de Huang face à l'Occident
Jensen Huang a profité du sommet "Future of AI" du Financial Times pour exprimer son agacement. Le patron de Nvidia critique ouvertement le cynisme et la réglementation excessive en Occident. Il pointe en particulier le risque de 50 nouvelles réglementations différentes venant des seuls États américains, un facteur de ralentissement pour l'innovation par rapport à la stratégie chinoise.
Il met cette approche en opposition directe avec celle de Pékin. Selon lui, la Chine facilite activement le développement de son écosystème IA. Le gouvernement subventionne massivement l'énergie pour les centres de données. Cette aide non négligeable permet aux géants locaux (ByteDance, Alibaba) de compenser le coût d'utilisation des puces nationales, comme celles de Huawei ou Cambricon, souvent moins efficaces énergétiquement que les solutions Nvidia.
Nvidia, prise au piège des sanctions US
Le fond du problème reste la politique américaine. L'administration Trump maintient son interdiction d'exporter les puces les plus avancées, comme la génération Blackwell, vers la Chine. Huang répète depuis des mois que c'est une erreur stratégique. Selon lui, pour que l'Amérique domine, il faut que les développeurs chinois restent dépendants de l'écosystème et du matériel Nvidia.
Cette politique de sanctions a déjà des conséquences directes. Huang a récemment admis que la part de marché de Nvidia en Chine était réduite à zéro. Pékin a profité des restrictions américaines pour lancer ses propres examens de sécurité tout en poussant ses alternatives locales. Trump, de son côté, a réaffirmé que les puces de pointe étaient réservées exclusivement aux clients américains, plaçant Nvidia dans une situation intenable.
On en dit quoi ?
Ces déclarations de Jensen Huang ressemblent surtout à un coup de pression. Pris en étau entre Washington qui bloque ses ventes et Pékin qui lui ferme la porte, le CEO utilise la presse pour alerter. Son message à l'administration Trump est clair : votre stratégie de blocage est contre-productive. En forçant la Chine à accélérer sur ses propres puces, vous créez le concurrent que vous redoutez, au lieu de le garder dépendant de notre technologie. Le rétropédalage rapide sur X n'est que la correction d'un message devenu trop brutal pour les oreilles politiques.
