Si la NASA affichait encore officiellement l'ambition de faire atterrir des astronautes sur la Lune en 2027 avec la mission Artemis 3, la réalité technique semble bien différente. Un document interne de SpaceX, qui a fuité, révèle un calendrier bien moins optimiste que celui espéré par l'agence spatiale américaine. Le retour de l'humain sur le sol lunaire ne serait désormais pas envisageable avant la fin de l'année 2028, confirmant les craintes de nombreux observateurs sur la maturité du programme Starship.
Le calendrier de la vérité pour le Starship
Selon les informations obtenues par Politico, la feuille de route de SpaceX est désormais calée sur des jalons précis qui repoussent l'échéance finale. L'entreprise vise juin 2026 pour une première démonstration de ravitaillement en orbite entre deux Starship, une étape critique jamais réalisée à cette échelle.
S'ensuivrait un atterrissage lunaire sans équipage en juin 2027. Ce n'est que si ces étapes sont franchies sans encombre que le premier vol habité vers la surface lunaire pourrait avoir lieu en septembre 2028. SpaceX admettrait d'ailleurs dans ce document que ces dates sortent du cadre contractuel initial signé avec la NASA.
Une année 2025 en demi-teinte malgré les succès
Il faut dire que le développement du lanceur géant a connu une année 2025 mouvementée. Sur les cinq lancements effectués cette année, les trois premiers se sont soldés par la perte de l'étage supérieur, histoire de rappeler la complexité du système. Si les deux derniers vols de la version Block 2 ont permis de valider des capacités essentielles, en particulier la récupération spectaculaire du booster via la tour Mechazilla, la fiabilité globale reste à consolider. Le défi majeur reste la gestion des fluides cryogéniques : pour poser un seul Starship sur la Lune, il faudra environ une douzaine de vols de ravitaillement consécutifs en orbite terrestre.
La NASA prise au piège de la cadence d'Elon Musk
Ce glissement de calendrier met la NASA dans une position délicate. Avec Artemis 2 prévue pour février 2026 (un simple survol lunaire) l'agence s'expose à un vide de plus de deux ans et demi avant la mission suivante. On est très loin de la cadence du programme Apollo, qui envoyait une mission tous les quatre mois et demi à la fin des années 60. La dépendance de l'agence envers l'architecture Starship est totale, alors que SpaceX semble prioriser la réutilisabilité totale du système pour ses ambitions martiennes, plutôt que la certification rapide d'un atterrisseur lunaire spécifique pour la NASA.
On en dit quoi ?
Ce retard n'est, au fond, une surprise pour personne suivant le dossier avec un peu de sérieux. La complexité de l'architecture choisie par SpaceX (nécessiter une douzaine de lancements pour une seule mission lunaire) impliquait mécaniquement des risques de glissement. Ce qui est plus gênant, c'est le décalage de communication entre une NASA qui doit rassurer le Congrès et un SpaceX qui découvre les réalités physiques de son monstre d'acier. Si 2028 semble techniquement plus réaliste, cela laissera le champ libre à la Chine pendant encore trois longues années. Le pari du tout Starship est audacieux, mais il commence à coûter cher en temps.