C’est une décision sans précédent qui pourrait faire école à travers le monde. Depuis ce mercredi minuit (13h GMT forcément ils sont un peu en avance sur nous), l’Australie est officiellement devenue le premier pays à interdire l’accès aux réseaux sociaux aux enfants de moins de 16 ans.
Un test grandeur nature pour le monde entier
TikTok, YouTube (Alphabet), Instagram (Meta), Facebook (Meta), Snapchat, Discord, Reddit, Twitch (Amazon), Pinterest, et X ! Ces dix plateformes devront désormais bloquer l’inscription et l’usage des mineurs sous peine d’une amende pouvant atteindre 49,5 millions de dollars australiens (environ 33 millions de dollars US).
La loi, adoptée face à des préoccupations croissantes autour de la santé mentale et de la sécurité des plus jeunes, divise profondément : applaudie par une partie des parents et des associations, elle est très critiquée par l’industrie technologique et les défenseurs des libertés numériques.
Le dispositif australien est observé de très près. Selon Tama Leaver, professeur en études numériques à la Curtin University : L’Australie est la première à imposer de telles restrictions, mais il est peu probable qu’elle soit la dernière. C’est un véritable test pour les gouvernements du monde entier.
Des pays comme le Danemark, la Malaisie et plusieurs États américains envisagent déjà des lois similaires, faute de progrès concrets des plateformes pour réduire les risques liés aux réseaux sociaux (cyberharcèlement, troubles de l’image corporelle, collecte de données).
Cette dynamique a été relancée après les révélations, en 2021, d’un ensemble de documents internes de Meta montrant que l’entreprise savait que ses produits contribuaient à des problèmes d’anxiété, d’image corporelle et même à des idées suicidaires chez les adolescents — tout en minimisant publiquement ces risques.
Une rupture profonde pour l’industrie des réseaux sociaux
Le gouvernement australien a établi une première liste de dix réseaux sociaux concernés. Seule exception notable : X — petit canard —n’a pas confirmé vouloir se conformer à la loi. Les autres plateformes ont indiqué qu’elles utiliseront plusieurs méthodes pour estimer l’âge des utilisateurs : inférence d’âge (analyse du comportement et des données d’usage), estimation biométrique via selfie, ou vérification documentaire (pièce d’identité, justificatif bancaire). Le gouvernement précise que la liste sera régulièrement mise à jour afin d’inclure de nouveaux services si les jeunes se tournent vers d’autres apps.
Même si les moins de 16 ans ne génèrent pas d’importants revenus publicitaires, les entreprises technologiques s’inquiètent de ce qu’elles considèrent comme une rupture dans leur modèle de croissance. Les chiffres cités par le gouvernement sont frappants : 86 % des Australiens âgés de 8 à 15 ans utilisaient déjà les réseaux sociaux avant l’entrée en vigueur de la loi.
En privé, plusieurs acteurs du secteur redoutent un impact à long terme : perte de futurs utilisateurs, baisse du temps passé sur les plateformes, et un environnement réglementaire beaucoup plus hostile.
Une expérimentation mondiale
Pour l’Australie, la mesure marque la fin d’une longue année de débats sur la capacité réelle d’un État à interdire des outils perçus comme essentiels — voire incontournables — pour la sociabilité des adolescents. Pour le reste du monde, c’est une expérimentation grandeur nature. Si la loi australienne parvient à réduire les risques pour les jeunes sans provoquer une explosion des contournements et des effets pervers, elle pourrait devenir un modèle exportable. Mais si la mesure échoue ou si elle génère une contestation massive, elle nourrira au contraire la thèse selon laquelle les réseaux sociaux sont impossibles à réguler strictement.
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