La Finlande vient de valider le premier test de sa future installation de stockage géologique profond. Une première mondiale qui intervient alors que le nucléaire retrouve des couleurs partout en Europe.
Le premier site de stockage nucléaire permanent au monde
Depuis les années 1950, les centrales nucléaires ont produit des centaines de milliers de tonnes de combustible usé. Problème : personne ne savait quoi en faire sur le très long terme. La plupart des déchets sont entreposés en surface, dans des sites provisoires.
Aujourd’hui, la Finlande pourrait être la première à enterrer ce problème pour de bon. Sur la côte ouest du pays, à Onkalo, un site de stockage souterrain est en construction depuis plus de vingt ans. À 430 mètres sous terre, Posiva Oy, l’entreprise responsable du projet, vient de réussir une étape clé : cinq conteneurs remplis de matériaux non radioactifs ont été encapsulés et stockés dans une galerie-test. Ce test grandeur nature confirme la faisabilité technique du processus.
Comment fonctionne Onkalo ?
Le procédé repose sur une structure simple et très robuste : les barres de combustible usé sont insérées dans des canisters en cuivre, placés ensuite dans des galeries creusées dans le granite. L’ensemble est scellé avec de la bentonite, une argile capable d’absorber l’humidité et de protéger les canisters pendant des milliers d’années. Ce projet n’a rien d’un coup de tête. Il a fallu des décennies d’études géologiques, des batailles administratives et un investissement de 900 millions d’euros, auxquels il a fallu ajouter 4 milliards pour finir le chantier. Mais la Finlande est aujourd’hui en tête dans une course mondiale à l’enterrement définitif du nucléaire.
Une course mondiale pour stocker les déchets
La Suède, le Canada, la France ou encore la Suisse développent eux aussi leurs propres sites souterrains. Mais aucun n’est encore opérationnel. La Suède attend le feu vert définitif malgré des décennies de préparation. La France espère débuter le chantier du site Cigéo dans la Meuse à partir de 2027. Le Canada a trouvé un terrain d’entente avec des communautés autochtones, mais la construction reste à venir. En Italie, les autorités ont seulement relancé les discussions en 2023.
Partout, les mêmes craintes reviennent : la corrosion possible des canisters en cuivre, la stabilité du terrain sur des milliers d’années, et la transparence des procédures.
Un contexte favorable au nucléaire
L’initiative finlandaise arrive à un moment clé. Dans un sondage publié le mois dernier, 68 % des Finlandais disent soutenir l’énergie nucléaire. Le pays y voit une solution stable, bas carbone et capable de garantir son indépendance énergétique. Ce regain d’intérêt est d’ailleurs mondial. Face aux besoins croissants en électricité (en particulier pour l’IA, on vous le dit souvent), et à l’urgence climatique, plusieurs pays relancent la filière.