Stupeur à l'Assemblée nationale. Un amendement instaurant un moratoire sur tout nouveau projet éolien et solaire a été adopté jeudi par une alliance de la droite (LR) et de l'extrême droite (RN), ce qui a plongé le camp présidentiel dans le chaos.
Capture : Le Figaro
Un vote surprise, profitant des bancs vides
Personne ne l'avait vu venir. Hier, jeudi 19 juin, lors de l'examen d'une proposition de loi sur le futur énergétique de la France, l'hémicycle a basculé. Un amendement déposé par le député Les Républicains Jérôme Nury, demandant l'arrêt de tout nouveau projet éolien et photovoltaïque, a été adopté de justesse, par 65 voix contre 62.
Comment un tel vote a-t-il pu passer ? C'est assez simple. L'amendement a été soutenu par une alliance de circonstance entre les députés LR et ceux du Rassemblement National et de ses alliés. Ces derniers étaient présents en nombre, alors que les bancs de la majorité présidentielle et de la gauche étaient, eux, particulièrement dégarnis.
"Une catastrophe" pour le gouvernement
La réaction du camp présidentiel a été immédiate et violente. Qualifiant le vote de "catastrophe économique et industrielle", le rapporteur du texte Antoine Armand (Renaissance) a immédiatement demandé une suspension de séance. Le ministre de l'Industrie, Marc Ferracci, a lui parlé d'une décision "parfaitement irresponsable" et "dévastatrice" pour la filière. De son côté, la gauche, par la voix de ses différents groupes, a dénoncé un "sabotage délibéré" et a demandé le retrait complet du texte de loi, désormais vidé de sa substance.
La position contradictoire des Républicains
Ce qui rend la situation encore plus improbable, c'est la position du groupe LR. Quelques heures seulement avant de voter pour ce moratoire, les mêmes députés Les Républicains avaient voté en faveur d'un autre amendement, porté par les socialistes, qui fixait un objectif d'au moins 200 TWh d'électricité produite à partir de sources renouvelables d'ici 2030.
Cette contradiction a été immédiatement soulignée par la gauche et la majorité. "Comment peut-on faire 200 térawattheures d'électricité renouvelable sans éolien et sans photovoltaïque ?", a ironisé le député LFI Matthias Tavel, demandant une "clarification" de la part de LR. Cette remarque souligne le flou de la stratégie énergétique défendue par la droite.
On en dit quoi ?
Ce vote est avant tout le symptôme du chaos politique actuel. Il ne s'agit pas encore d'une loi (le texte doit retourner au Sénat), mais d'un coup politique réussi par l'opposition grâce à l'absentéisme, bien trop fréquent, de la majorité. Sauf que voilà, ce genre de manœuvre a des conséquences bien réelles. Le signal envoyé à toute la filière des énergies renouvelables, qui pèse 80 000 emplois selon les professionnels, est franchement problématique.
On assiste à un jeu politicien où la stratégie énergétique du pays, qui demande de la stabilité et de la visibilité sur le long terme, est sacrifiée sur l'autel d'alliances de circonstance. C'est une illustration inquiétante de la manière dont des décisions industrielles cruciales peuvent être prises en otage. Et vous, ce genre de coup politique à l'Assemblée, ça vous inquiète ou ça vous amuse ?
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