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Harcèlement chez Ubisoft : l'ex-numéro 2 et deux autres cadres condamnés

Par Vincent Lautier - Publié le

Le verdict est tombé dans l'affaire de harcèlement chez Ubisoft. Trois anciens hauts cadres, dont l'ex-numéro 2 Serge Hascoët, ont été condamnés aujourd'hui à des peines de prison avec sursis. Une décision de justice majeure dans le #MeToo du jeu vidéo français.

Harcèlement chez Ubisoft : l'ex-numéro 2 et deux autres cadres condamnés


Jusqu'à trois ans de prison avec sursis



Le tribunal correctionnel de Bobigny a rendu sa décision ce mercredi. Serge Hascoët, l'ancien directeur créatif et numéro 2 tout-puissant du groupe, a été condamné à 18 mois de prison avec sursis et 45 000 euros d'amende pour harcèlement moral.

La peine la plus lourde a été pour Thomas François, ex-vice-président du service éditorial. Reconnu coupable de harcèlement moral et sexuel, il écope de trois ans de prison avec sursis et 30 000 euros d'amende. Un troisième cadre, Guillaume Patrux, a lui aussi été condamné.

Harcèlement chez Ubisoft : l'ex-numéro 2 et deux autres cadres condamnés


La défense de la "culture Ubisoft" n'a pas convaincu



Pendant le procès, les prévenus avaient tenté de minimiser leurs actes en invoquant la "culture Ubisoft", une ambiance de travail prétendument "rock'n'roll" où certains dérapages étaient tolérés.

Une excuse un peu facile qui n'a pas convaincu le tribunal. Le parquet avait au contraire insisté sur le caractère "systémique" et "particulièrement violent" du harcèlement, qui s'est inscrit sur plusieurs années et a fait de nombreuses victimes.

Harcèlement chez Ubisoft : l'ex-numéro 2 et deux autres cadres condamnés


Le grand absent du procès : Ubisoft en tant qu'entreprise



C'est le point qui laisse un goût amer aux victimes. Tout au long de l'audience, les parties civiles et leurs avocats n'ont eu de cesse de déplorer l'absence d'Ubisoft en tant que personne morale sur le banc des accusés.

Seuls des individus ont été jugés, et non le système ou l'entreprise qui, selon eux, a laissé cette culture toxique s'installer et perdurer pendant des années. Ni le PDG Yves Guillemot, ni la direction des ressources humaines n'ont été poursuivis.

On en dit quoi ?



Ce jugement est un signal très fort envoyé à toute l'industrie du jeu vidéo. Il confirme que la "culture de studio" ne peut plus servir d'excuse pour des comportements de harcèlement, et que ceux-ci peuvent mener à des condamnations pénales. C'est une victoire importante pour les victimes qui ont eu le courage de parler.

Sauf que voilà, en ne jugeant que les individus, la justice passe à côté d'une partie du problème : la responsabilité de l'entreprise. Ubisoft peut maintenant se présenter comme une société qui a simplement eu quelques "brebis galeuses" dans ses rangs, alors que de nombreux témoignages décrivent un problème bien plus profond et systémique. Et vous, vous pensez que l'entreprise aurait dû être jugée aussi ?

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