C'est une opération d'une ampleur inédite qui secoue le monde du jeu vidéo. Le géant américain Electronic Arts a annoncé son rachat par un consortium d'investisseurs pour un montant de 55 milliards de dollars. L'éditeur de franchises cultes comme EA Sports FC (ex-FIFA), Madden NFL ou Battlefield va donc quitter la bourse pour devenir une entreprise privée.
Un record
L'opération est tout simplement le plus grand rachat par endettement de l'histoire, dépassant le précédent record établi en 2007. Les actionnaires d'EA se verront proposer 210 dollars par action, soit une prime de 25% par rapport au cours de l'action avant la fuite de l'information.
Derrière ce rachat, on trouve un trio d'investisseurs pour le moins hétéroclite. Le principal acteur est le Fonds d'investissement public d'Arabie saoudite, qui était déjà l'un des plus gros actionnaires d'EA. Il est accompagné par le fonds américain Silver Lake, un habitué des grands deals dans la tech, et par Affinity Partners, le fonds d'investissement de Jared Kushner, le gendre de Donald Trump.
L'Arabie saoudite, nouvel acteur majeur du gaming
Cette opération confirme les ambitions colossales de l'Arabie saoudite dans le secteur du jeu vidéo. Via son fonds souverain, le royaume a déjà investi des milliards dans des entreprises comme Nintendo, Capcom ou Take-Two, et cherche à devenir un hub mondial de l'e-sport. Le rachat d'EA est de loin sa plus grosse prise.
Pour EA, cette privatisation est une manière de se restructurer à l'abri des pressions trimestrielles de la bourse. L'entreprise, qui fait face à un ralentissement de sa croissance et à la concurrence de nouveaux acteurs comme Roblox, aura les mains plus libres pour investir et se réinventer. Le PDG actuel, Andrew Wilson, restera aux commandes.
On en dit quoi ?
Ce rachat est un nouveau séisme dans une industrie du jeu vidéo en pleine consolidation, après le rachat d'Activision Blizzard par Microsoft. Le montant astronomique de la transaction montre à quel point les grandes franchises de jeu vidéo sont devenues des actifs financiers de premier plan.
L'implication massive de l'Arabie saoudite et d'un acteur politique comme Jared Kushner pose cependant des questions géopolitiques. En mettant la main sur l'un des plus grands créateurs de divertissement au monde, le royaume saoudien s'achète aussi une influence culturelle considérable auprès d'un public jeune et mondialisé.
Quel regard portez-vous sur ce type de transaction ? Est-ce que l'influence de l'Arabie Saoudite sur le secteur vous semble problématique, ou au contraire, c'est une consolidation intéressante ?