Mistral AI, la start-up française qui monte dans le domaine de l’intelligence artificielle, se retrouve au cœur d’une polémique, et c’est nos confrères de L’informé qui rapportent l’information. Un avocat a déposé une plainte auprès de la CNIL, reprochant à l’entreprise de ne pas respecter les droits des utilisateurs sur leurs données personnelles. En clair, si vous utilisez la version gratuite de leur chatbot, Le Chat, vos données -seraient- automatiquement exploitées pour entraîner les modèles d’IA… sans possibilité de refuser. Une option pourtant disponible pour les utilisateurs payants.
Droit de réponse de Mistrai AI :
« Les informations contenues dans les requêtes des utilisateurs sont utiles à l’amélioration de la pertinence des réponses de notre assistant. Mistral AI a toujours permis à ses utilisateurs de refuser l'utilisation des informations contenues dans les requêtes adressées au Chat. »
Porte-parole de Mistral AI
Données personnelles : pas d’opt-out pour les utilisateurs gratuits
C’est Maître Jérémy Roche qui a saisi la CNIL sur ce point précis : dans sa version gratuite, Le Chat enregistre tout ce que vous tapez et les réponses qu’il vous donne, et ces données sont utilisées pour améliorer l’IA. Impossible d’y échapper, contrairement aux abonnés « Pro » (15 €/mois) qui, eux, peuvent désactiver cette option dans leurs paramètres. Quant aux abonnés « Team » et « Entreprise », leurs données ne sont même pas concernées par cet usage.
Le problème ? Selon l’avocat, Mistral AI conditionne l’exercice d’un droit fondamental – celui de s’opposer à l’utilisation de ses données – au paiement d’un abonnement. Une approche qui pourrait bien être contraire au RGPD, le règlement européen sur la protection des données. En effet, l’article 12 du texte stipule que les droits des utilisateurs doivent être accessibles sans frais, sauf dans des cas exceptionnels (demandes abusives ou répétées, par exemple). Ici, ce n’est clairement pas le cas.
Une pratique courante, mais critiquée
Mistral AI n’est pas la seule entreprise à s’appuyer sur les données des utilisateurs pour entraîner son IA. OpenAI, avec ChatGPT, a fait la même chose… jusqu’à ce que l’autorité italienne de protection des données lui rappelle à l’ordre. Depuis, OpenAI propose une option pour refuser cette collecte. Même Elon Musk, via son IA Grok intégrée à X (ex-Twitter), permet aux utilisateurs de modifier leurs paramètres pour empêcher l’utilisation de leurs conversations à des fins d’entraînement. Perplexity, un moteur de recherche basé sur l’IA, propose également une désactivation de cette option.
Vou savez compris, d’autres acteurs ont déjà été contraints de revoir leur copie sur ce sujet. Mistral AI pourrait bien devoir faire de même, sous pression de la CNIL.
Pour l’instant, ni Mistral AI ni la CNIL n’ont réagi officiellement à cette plainte. Mais si l’autorité française décide de s’en mêler, l’entreprise pourrait devoir revoir ses pratiques… et potentiellement offrir à tous les utilisateurs un vrai choix sur l’utilisation de leurs données.
