Voici de quoi alimenter les craintes de ceux qui redoutaient des utilisations abusives de l’IA. Plusieurs grandes multinationales italiennes -dont Armani, Pirelli et Beretta- viennent d'être victimes d’une escroquerie particulièrement élaborée reposant sur l’intelligence artificielle. Les escrocs ont réussi à usurper l’identité du ministre de la Défense italien, Guido Crosetto, en reproduisant sa voix avec un réalisme troublant. Leur objectif était obtenir des virements en prétextant une opération confidentielle visant à libérer des journalistes retenus en otage à l’étranger. Et évidemment, cela a fonctionné !
Un stratagème bien rodé
Tout commence par un appel reçu par son assistante : un certain Dr Giovanni Montalbano -prétendant appeler de la part du ministère de la Défense- annonce que ce dernier souhaite s’entretenir de toute urgence sur une affaire de sécurité nationale. Il laisse ensuite un numéro à l'étranger pour être rappelé !
Ce scénario s’est ensuite répété auprès de plusieurs grandes entreprises italiennes, toujours avec la même mise en scène. Dans la plupart des cas, les secrétariats ont déjoué la supercherie, mais Massimo Moratti -ancien président du club de l’Inter Milan- est tombé dans le piège et a versé un million de dollars sur un compte à Hong Kong. Heureusement, la somme a pu être récupérée par les autorités italiennes.
Si cette fraude rappelle les classiques arnaques au président, où un faux dirigeant demande des virements d’urgence, elle a franchi un cap avec l’utilisation de l’IA générative (ça marche aussi avec un faux Brad Pitt ou un pseudo Martin Henderson). La différence réside ici dans l'emploi d'outils avancés pour cloner la voix du ministre de la Défense, rendant l’illusion quasi parfaite. Tout cela semblait absolument vrai, a confié Massimo Moratti, soulignant le réalisme bluffant de la supercherie.
Le vrai Guido Crosetto
Une menace grandissante
Avec la démocratisation des technologies de clonage vocal, les arnaques exploitant l’intelligence artificielle se multiplient. Cette affaire rappelle la nécessité de mieux encadrer ces outils (et ce n'est pas Scarlett Johansson qui dira le contraire), un sujet justement discuté lors du Sommet de l’IA à Paris en début de semaine.
Plusieurs entreprises touchées ont déposé plainte, et les autorités italiennes mènent actuellement une enquête pour identifier les auteurs de cette fraude high-tech. Une affaire qui illustre les nouveaux dangers liés à l’intelligence artificielle et la nécessité d’une vigilance accrue face à ces dérives.