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Régulation de l'IA : Donald Trump met-il la pression sur l'UE ?

Par Laurence - Publié le

Avec le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, beaucoup se posent des questions sur la position de Bruxelles en matière d'encadrement de l'IA. Mais l’Union européenne a formellement nié avoir abandonné son projet de directive sur la responsabilité de l’IA face aux pressions de l’administration Trump.

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Une décision européenne, pas américaine, assure l’UE



Rappelons que ce projet de loi, initié en 2022, visait à faciliter les poursuites des consommateurs en cas de dommages causés par des produits et services basés sur l’intelligence artificielle. Mais alors que Bruxelles annonce son retrait, la coïncidence avec les appels américains à une déréglementation suscite des interrogations.

Dans une interview accordée au Financial Times, Henna Virkkunen -la responsable du numérique au sein de l’UE- a justifié cette décision par une volonté de réduire la bureaucratie et d’accélérer la compétitivité européenne. Selon elle, il ne s’agirait pas d’un revirement sous influence extérieure, mais plutôt d’une stratégie visant à simplifier le cadre réglementaire pour stimuler l’innovation en IA.

« Nous voulons alléger la charge administrative et nous concentrer sur l’adoption et le développement de l’IA au sein du marché européen »


Mais il ne s'agit pas d'abandonner toute régulation. En effet, un code de pratique sur l’IA, annexé à la future loi européenne sur l’IA, viendrait remplacer la directive abandonnée. Ce nouveau cadre limiterait les exigences de déclaration aux règles existantes, évitant ainsi une réglementation trop lourde pour les entreprises du secteur.

Henna Virkkunen
Henna Virkkunen


Une volonté américaine d'une IA sans règle



Ce revirement intervient après un discours musclé du vice-président américain JD Vance au Sommet d’action de Paris sur l’IA, mardi dernier. Ce dernier a appelé les législateurs européens à éviter une approche trop stricte, insistant sur l’opportunité de l’IA plutôt que sur ses risques.

Ce dernier a jeté comme un froid : Les États-Unis sont les leaders dans l’IA, et notre administration est déterminée à maintenir cette position. Le vice-président américain a défendu la position de Washington en mettant en garde contre une régulation excessive de l’IA, qui selon lui pourrait freiner l’innovation et affaiblir l’industrie américaine.

« Nous invitons vos pays à travailler avec nous et à suivre notre modèle. Cependant, l'administration Trump est troublée par le fait que certains gouvernements étrangers semblent vouloir serrer la vis contre les grandes entreprises technologiques américaines. L'Amérique n'accepte pas et n'acceptera pas cela. »


Dès le lendemain, la Commission européenne a dévoilé son programme de travail pour 2025, mettant en avant une Union plus audacieuse, plus simple, plus rapide. Ce document officialise la suppression de la directive sur la responsabilité de l’IA, tout en insistant sur la nécessité de favoriser le développement régional de cette technologie.

Une décision controversée au sein de l’UE



Si Bruxelles assure que ce choix est indépendant des pressions américaines, certains observateurs restent sceptiques. L’abandon d’une directive qui visait à renforcer la protection des consommateurs au moment où Washington pousse pour une IA moins réglementée interroge.

D’autres soulignent que l’Europe peine à trouver un équilibre entre innovation technologique et régulation responsable. En assouplissant son approche, l’UE espère attirer davantage d’investissements et de startups dans le domaine de l’intelligence artificielle, tout en évitant une fuite des talents vers les États-Unis et la Chine. Ce que le sommet de l'IA a bien montré.
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