Des chercheurs californiens viennent de franchir une étape majeure dans le domaine des interfaces cerveau-ordinateur. Selon une étude publiée ce 31 mars dans Nature Neuroscience et relayée par l’Associated Press, une femme de 47 ans, muette depuis 18 ans, a pu retrouver la capacité de s’exprimer en temps réel, grâce à un implant cérébral non invasif couplé à une intelligence artificielle.
Une interface cerveau-IA pour traduire la pensée en parole
Victime d’un AVC à l’âge de 30 ans, Ann -ancienne professeure de mathématiques- était devenue tétraplégique et privée de parole depuis près de vingt ans. Les chercheurs des universités de Berkeley et San Francisco ont mis au point une interface capable de convertir ses signaux cérébraux en phrases parlées, avec un temps de latence réduit à seulement 80 millisecondes.
Le dispositif repose sur un réseau de 253 électrodes placées à la surface du cortex moteur de la parole, sans pénétration dans le tissu cérébral – une différence notable avec les technologies type Neuralink. Ce réseau capte l’activité neuronale pendant que la patiente articule des phrases mentalement, sans émettre de son.
Ces données sont ensuite traitées par une IA entraînée à décoder les intentions de parole, puis retransmises par une synthèse vocale reproduisant la voix originale de la patiente et reconstruite à partir d’une vidéo de son mariage.
Entraînement progressif et couverture lexicale étendue
Le système a d’abord été entraîné sur un ensemble de 50 phrases simples, avant d’évoluer vers un lexique de plus de 1 000 mots. Selon les auteurs, les 1 000 mots les plus utilisés en anglais couvrent environ 85 % des conversations courantes, ce qui offre une base fonctionnelle suffisante pour une interaction fluide dans la majorité des contextes.
Cette avancée succède à une version précédente du système, dans laquelle chaque phrase nécessitait jusqu’à 8 secondes de latence entre la pensée et sa verbalisation. Avec le nouveau prototype, la communication s’effectue quasiment en temps réel, ce qui ouvre la voie à une interaction plus naturelle.
À ce stade, le dispositif demeure expérimental et requiert un ensemble de matériel informatique conséquent, ainsi que la présence d’ingénieurs spécialisés pour le faire fonctionner. La technologie ne permet pas encore de moduler l’intonation ou les émotions vocales, mais les chercheurs travaillent à l’optimisation et la miniaturisation du système, afin de le rendre utilisable au quotidien.
L’objectif à moyen terme serait de permettre à Ann de reprendre une activité professionnelle, notamment en tant que conseillère d’orientation à l’université. ET bien sûr d'étendre ce système à d'autres personnes dans la même situation; Selon les estimations de l’équipe, une version commercialisable pourrait être envisageable d’ici 5 à 10 ans.
