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L’Europe pourra-t-elle rattraper son retard dans l’IA avec son plan à 200 milliards d’euros ?

Par Laurence - Publié le

La Commission européenne a officialisé ce mercredi 9 avril un vaste plan destiné à faire du continent un acteur majeur de l’intelligence artificielle. À l’ombre des géants américains et chinois occupés dans leur guerre économique, Bruxelles veut poser les bases d’une souveraineté technologique européenne, avec des investissements massifs, de nouvelles infrastructures et des règles adaptées.

IA UE AI Act
©Mac4Ever 2025


L'Europe veut aussi ses gigafactories de l’IA



Présentée en février dernier par Ursula von der Leyen lors du Sommet de l’action pour l’IA à Paris, cette initiative vise à renforcer les capacités technologiques du continent. L’Europe prévoit ainsi la création de cinq gigafactories de l’IA -des centres dotés d’une puissance de calcul massive, capables d’entraîner des modèles d’IA générative à grande échelle.

Ces infrastructures seront soutenues par un fonds de 20 milliards d’euros d’investissements privés, intégré dans un plan global de 200 milliards d’euros dédiés à l’intelligence artificielle sur plusieurs années. Le but est de tripler la capacité des centres de données sur le territoire européen d’ici cinq à sept ans, tout en élargissant considérablement les jeux de données disponibles pour l’entraînement des algorithmes.

L’Europe pourra-t-elle rattraper son retard dans l’IA avec son plan à 200 milliards d’euros ?


Un plan pour attirer les talents et renforcer l’adoption



Actuellement, seulement 13,5 % des entreprises européennes auraient intégré l’IA dans leurs outils de travail, selon les chiffres de la Commission. Pour accélérer cette adoption, l’Europe entend soutenir l’implémentation de l’IA dans les secteurs public et privé, avec un volet spécifique dédié à la formation.

Des programmes éducatifs ciblés sur l’IA et l’IA générative seront élaborés pour les secteurs clés, tandis que Bruxelles souhaite attirer les talents internationaux en facilitant les voies d’immigration légale pour les experts non-européens. Le plan veut également inciter les chercheurs européens partis à l’étranger à revenir travailler sur le Vieux Continent (et profiter d'un petit exode en partance des USA pour attirer les autres...)

L’Europe pourra-t-elle rattraper son retard dans l’IA avec son plan à 200 milliards d’euros ?


Respecter le cadre du règlement AI Act



Cette offensive technologique ne se fera pas au détriment des règles. La Commission rappelle que l’ensemble du projet s’inscrit dans le respect du AI Act, le règlement européen encadrant le développement et l’usage de l’intelligence artificielle. Pour accompagner les entreprises dans la mise en conformité, un AI Act Service Desk verra le jour, et ce, afin de guider les concepteurs d’IA dans leur démarche réglementaire.

L’Europe à la traîne face aux États-Unis et à la Chine



Avec ce plan ambitieux, Bruxelles espère se renforcer face aux États-Unis et à la Chine, aujourd’hui très largement en tête dans la course à l’intelligence artificielle. D’après un rapport de l’université de Stanford, parmi les IA les plus influentes de 2024, 40 étaient d’origine américaine, 15 chinoises, et seulement 3 européennes (mais toutes étaient françaises).

Si le chemin reste long, ce nouveau cap pourrait bien marquer un tournant dans la stratégie numérique du continent. La bataille de l’IA ne fait que commencer, et l’Europe entend désormais y jouer un rôle plus central.