Comme chaque année, les plus gros changements sur les iPhone se font sur la partie photo et vidéo, essentiellement sur les modèles estampillés Pro.
L'iPhone 14 ne fait pas exception, d'où l'idée de ce grand comparatif entre l'iPhone 13 Pro et l'iPhone 14 Pro dans différentes conditions de lumières, d'exposition, aussi bien sur des images fixes qu'animées !
Alors, révolution ou évolution ? La réponse... en vidéo !
Photo : des progrès sur tous les capteurs
Durant la keynote, Apple a largement mis en avant le capteur principal de l'appareil et ses 48MP, mais la firme a également tenu à faire progresser l'ensemble de ses objectifs, qui restent au nombre de trois : Grand-Angle, Ultra-Grand-Angle et Téléobjectif.
En revanche, et malgré les performances deux à trois fois meilleures en basse lumière clamées durant la conférence, on perd malgré tout de l'ouverture sur 2 des 3 objectifs :
Pas de panique toutefois, une meilleure ouverture d'une optique (un chiffre faible devant le fameux ƒ) n'a de valeur que pour une taille de capteur définie. En clair, même avec une ouverture médiocre à ƒ4, notre Canon EOS R5 recevra plus de lumière qu'un tout petit capteur d'iPhone à ƒ1.8.
Un capteur principal 48MP, des photos en 12MP
Apple plafonne à 12MP depuis de nombreuses années (Ça date de l'iPhone 6s !), ce qui n'est pas forcément un handicap pour de bonnes photos, mais la concurrence nous a prouvé ces dernières années que l'augmentation du nombre de pixels permettait quand-même de gagner en qualité, surtout depuis que les photosites des smartphones sont de plus en plus larges.
Ce nouveau capteur est 65% plus large et combine donc 48 millions de pixels répartis à sa surface. Pour vous donner un ordre de grandeur, cela revient à passer d'un écran classique à une résolution Retina. Chaque pixel mesure 2,44 μm, contre 1,9 µm sur l'iPhone 13 Pro Max. Vous avez bien lu, les pixels sont donc plus gros et plus nombreux, ce qui permet de ne pas perdre de détails pour un même nombre de photosites donné.
En multipliant le nombre de pixels par quatre, Apple prend aussi le risque de voir la taille des fichiers quasi-quadrupler, alors même qu'elle ne propose toujours que 128Go en entrée de gamme. Autre souci, le manque de cohérence entre les 3 capteurs (les 2 autres restent à 12MP) aboutirait à plusieurs tailles de photos, suivant l'objectif choisi.
C'est sans doute pour cela que les images, même prises à 48MP, sont finalement ramenées à 12MP, grâce à la technique du Pixel Binning, autrement dit, le combinaison de 4 pixels physique pour ne former qu'un seul pixel logique en sortie. Intéressant en basse lumière pour éviter le bruit numérique, la technique perd de son attrait de jour, où chaque détail peut-être capté par un maximum de photosites. Via ce procédé, on perd donc forcément en qualité maximale possible et de façon bien plus nette qu'avec un format compressé et destructeur comme le JPG par exemple.
Heureusement, Apple autorise l'exploitation des 48MP natifs, mais seulement dans le format ProRaw. Pourquoi ? Mystère. Car en pratique, mieux vaut éviter de cocher l'option : chaque image oscille ainsi entre 45 et 100Mo par cliché ! Sur un iPhone 14 Pro de 128Go, n'espérez donc pas stocker plus de 2000 photos à ce format (sans rien d'autre à bord). C'est d'autant plus dommage qu'une fois compressé en JPG, le même fichier pèse moins de 5Mo (compression niveau 6 sous Photoshop)
Visuellement, la différence est également saisissante une fois que l'on zoome dans les photos. Ci-dessous, on voit très nettement le détail dans les feuilles ou dans les bâtiments, là où le même cliché ramené à 12MP sera beaucoup moins précis. Pour une impression, un grand fond d'écran ou un simple zoom, il est vraiment dommage de perdre autant d'informations.
Seule consolation en mode compressé, il est possible de zoomer dans le capteur : Apple va sélectionner les 12MP centrés sur les 48MP, ce qui permet d'avoir un zoom 2X sans perte... mais avec un capteur forcément plus petit.
Malheureusement, ce zoom 2x n'est pas très intéressant face au téléobjectif 3x, plus performant sur tous les plans. Sur un iPhone 14 (sans zoom optique), cela aurait déjà eu plus de sens, mais l'appareil est resté en 12MP cette année.
Autre changement qui impactera vos prises de vue, on passe d'un équivalent 26mm à un 24mm. En clair, le champ s'élargit et il faudra s'approcher légèrement de son sujet pour retrouver les mêmes clichés qu'auparavant.
Avec ce nouveau capteur, même en 12MP, on gagne en contrastes, en détails, c'est très net ici sur les pétales de rose notamment :
Mais en plein jour, la différence avec le 13 Pro est souvent minime. Regardez ici, les textes apparaissent assez similaires, voire même un peu moins nets, la faute à l'élargissement du champ.
Plus surprenant encore, Apple applique parfois un lissage assez violent, comme ici sur notre camionnette, ce qui n'était pas autant le cas sur le 13 Pro :
Finalement, les différences vraiment notables apparaissent plutôt la nuit. L'iPhone récupère en effet certaines textures, comme ici sur le tronc de l'arbre :
De nuit, les 48MP ont permis de discerner (et de conserver) quelques étoiles, là où le 13 Pro a certainement estimé qu'il s'agissait de lumières parasites :
Et dans le fond, les arbres retrouvent également leurs feuillages sur notre iPhone 14 :
Un mode portrait qui stagne
Avec les 48MP, j'espérais que le mode portrait gagnerait en précision. Pour rappel, ce système totalement artificiel permet de simuler une belle profondeur de champ sur des appareils avec un objectif et un capteur incapables de produire un tel rendu naturellement.
Malheureusement, la différence ne saute pas aux yeux. Je pense que le mode Portrait est réalisé après la réduction de pixels, et c'est bien dommage. D'ailleurs, le ProRaw (48MP) n'est pas proposé en Portrait.
C'est toujours suffisant pour Instagram et Facebook, mais un peu décevant si vous voulez l'imprimer ou simplement zoomer un peu dans l'image.
Un flash plus homogène
Apple a totalement revu son flash, un artifice qui n'avait pas beaucoup évolué ces dernières années. Pas vraiment plus puissant, il est surtout plus homogène, du moins dans nos clichés.
Le rendu avec flash est souvent délaissé sur smartphone, car l'image présente trop d'aberrations (visage immaculé, image "plate", différences d'exposition entre les plans...) mais ça dépanne dans des situations compliquées : si votre sujet bouge dans la pénombre ou se trouve dans l'obscurité.
Des temps de pause décevants
En général, plus le capteur grossit, moins il nécessite d'être exposé longtemps à la lumière pour capturer une scène. Ici, même en soirée, Apple ne semble pas réellement faire baisser ses temps d'exposition, histoire sans doute d'améliorer les prises de vue nocturnes, tout en restant dans des délais d'attente acceptables.
Sur tous nos clichés, les durées d'exposition sont toujours quasiment identiques entre l'iPhone 13 Pro et l'iPhone 14 Pro. Etonnant, non ?
Un téléobjectif qui progresse... de nuit
A la keynote, Apple a annoncé la couleur : le téléobjectif capterait deux fois plus de lumière dans la pénombre ! Voilà qui promet pour les photos en soirée...
Durant nos tests, même en journée, les progrès sont très nets. A défaut de gagner en zoom, on gagne ici en qualité. Regardez les détails du collier ou de la chaîne, bien plus nets sur l'iPhone 14 Pro :
Sur ce cliché, on aperçoit enfin le détail des roses sur la robe de Sylwia, dont on distingue même le grain du tissus !
Logiquement, ces améliorations se retrouvent aussi de nuit, comme ici dans les nervures du bois plus visibles, là où l'iPhone 13 applique un lissage des mauvais jours. A noter que le drapeau est aussi un peu plus net, grâce à un temps de pause légèrement réduit :
Si l'ouverture ne s'améliore malheureusement pas sur cette optique, on regrettera aussi de ne pas avoir de zoom plus performant et plus de pixels, un 48MP permettrait d'avoir une sorte de zoom optique x6 par exemple, sans trop de perte en journée.
Un Ultra-Grand-Angle décevant ?
Trois fois meilleur en basse lumière !, les qualificatifs durant la keynote n'ont pas manqué pour ce capteur, souvent délaissé en basse lumière, car trop médiocre.
Le problème, c'est qu'avec une ouverture nettement en retrait, et malgré une taille de capteur plus imposante, le gain final est assez faible, voire inexistant. Preuve en journée, ici sur la moto, qui ne parvient pas à mieux ressortir sur le 14 Pro que sur son précédesseur :
Apple n'a pas non plus amélioré les perspectives, comme vous pouvez le voir, cette déformation de l'objectif rendant les sujets peu attrayants et les bâtiments semblent pencher dangereusement !
De nuit, on récupère quand-même quelques détails, comme ici sur les roses de la robe :
Mais la comparaison est souvent nulle, comme ici sur les arbres, dont le rendu ne s'améliore guère :
Un mode macro plus précis
Apple a rapidement évoqué un mode Macro (apparu sur l'iPhone 13) plus précis, mais la différence ne saute pas toujours aux yeux. Ici avec les coquillages, c'est assez kif-kif :
En réalité, le focus semble plus efficace sur certains objets, comme ici avec ces plantes particulièrement poilues :-)
La caméra avant progresse enfin !
Trop souvent délaissée par Apple, la caméra avant apporte deux nouveautés notables cette année :
- une meilleure ouverture (ƒ2.2 -> ƒ1.9) - un autofocus
L'effet est immédiat : regardez sur la peau et les cheveux, l'image est bien plus détaillée, moins lissée. Vous ne serez pas forcément plus beaux, mais l'image paraitra déjà plus fidèle à la réalité -minus les filtres utilisés.
Sur ce cliché nocturne, les détails du pendentif et de la robe sont également bien mieux définis :
Enfin, conséquence de l'arrivée de l'autofocus, l'image parait moins plate, avec l'apparition d'un léger flou d'arrière plan. Pas toujours très élégant, il permet toutefois au premier plan d'être plus net, comme on l'a vu juste au dessus.
Vidéo : le plein de nouveautés !
Les progrès en vidéo sur l'iPhone depuis 2-3 ans sont spectaculaires. A tel point que parfois, je préfère l'image sortie du téléphone d'Apple à mon gros boitier Canon qui a pourtant coûté 2 à 3 fois son tarif. Le plus impressionnant concerne l'arrivée du HDR10 (DolbyVision), qui permet de filmer des contre-jour comme aucun autre boitier du marché (oui presque) -il faut des caméras très onéreuses pour arriver à des résultats similaires.
Le bokeh naturel de l'iPhone commence à devenir intéressant !
L'iPhone n'est pourtant pas bon partout : il a du mal à capter du son à la moindre petite brise, il est fragile, pas facile à stabiliser en main et très médiocre en basse lumière. Son manque de profondeur de champ (malgré le mode Cinématique) laisse encore quelques attraits aux boitiers professionnels et leurs gros capteurs, leur belles optiques, mais leur puce d'un autre âge, qui font peine à voir face à un A16 par exemple.
En soirée, l'image perd de son piqué, malgré le HDR
Pas de 8K, c'est une vraie déception cette année : un capteur de 48MP permet pourtant d'accéder à cette résolution. Comme pour le 48MP en JPG, on ne comprend pas bien ce bridage (a priori logiciel) d'Apple. Est-ce pour éviter d'avoir des capteurs en 4K et d'autres en 8K ? Pour ne pas flinguer l'autonomie ou les performances en vidéo ? Je pencherais plutôt pour une segmentation de modèles avec l'arrivée de l'iPhone 15 l'an prochain. La 8K n'est pas indispensable sur un téléphone, mais pratique pour recadrer une image ou capter un maximum de détails dans une vidéo.
Autre grief, il n'est toujours pas possible de changer de capteur pendant un tournage en 4K60FPS ! Seulement à 30FPS, comme... sur l'iPhone 8 ! Allons Apple, la puissance est suffisante désormais ! Cette année, avec le 48MP, on gagne par contre un zoom X2 bien pratique, et utilisable en 4K60 : vous pouvez zoomer sans perte, et c'est vraiment cool !
Un mode cinématique en 4K !
Le mode cinématique nous avait beaucoup impressionné durant la keynote de l'iPhone 13, mais on a vite déchanté. L'effet est sympa, mais pas dingue une fois sur grand écran car limité à du 1080p. Les aberrations et le flou du détourage rendent l'image peu flatteuse en production, et parait assez fausse même sur les réseaux sociaux.
Sur l'iPhone 14 Pro, il est possible de filmer en Cinématique 4K, contre 1080p précédemment, ce qui permet de gagner nettement en détail et en netteté :
C'est déjà mieux pour un usage Instagram, mais trop imparfait pour l'intégrer à des images de boitier professionnel par exemple. Essayez de filmer une personne plus de 4 secondes ou même un véhicule, et malgré des effort de retouche en post-prod, le film est souvent inexploitable.
Stabilisation et mode action !
Nouveau gyroscope, accéléromètre et nouvelle génération par déplacement de capteur, l'iPhone 14 Pro se veut plus stable. En pratique, je n'ai pas vu de vraie différence à pied, dans les escaliers ou en surfant sur la vague sur un jetski... Peut-être que certaines situations compliquées seront plus flatteuses, mais le grand-angle était déjà très bien stabilisé sur le 12 et le 13, du moins sur le capteur principal.
Le problème se situe plutôt sur les angles annexes (UGA et téléobjectif), qui mériteraient une vraie stabilisation comparable à celle du capteur principal : un zoom bien stabilisé éviterait de cropper dans le capteur de façon logicielle, tout en perdant un bout de l'image. Même chose pour les champs larges, très utiles pour filmer des véhicules ou des sports par exemple.
Pour pallier ces problématiques, Apple a créé le fameux mode action que l'on a déjà pu tester en Jetski et qui fonctionne à merveille. N'hésitez pas à consulter notre vidéo, on a véritablement mouillé le maillot pour vous produire ces images et le résultat est assez impressionnant !
On a testé le mode "action" de l'iPhone 14 Pro en Jetski !
En réalité, ce mode (qui nécessite d'être activé au préalable) est surtout fait pour filmer quelqu'un qui court, un animal, un véhicule ou un sportif à vélo... Bref, rien de trop extrême, mais l'option a le mérite d'offrir un rendu sympa. Sans stabilisation optique, le crop est par contre assez violent, on passe de 4K à 2,8K, ce qui reste suffisant, mais moins bon que GoPro et son capteur de 24MP par exemple.
L'effet est visible dans notre vidéo située en début d'article
Fait étonnant, Apple n'a pas porté le mode Action sur l'iPhone 13 Pro... Un choix étrange, car l'iPhone 14 en est pourtant doté, avec la même puce !
Alors, de vrais progrès ?
Après une petite semaine avec ces iPhone 14 Pro, les progrès sont indéniables en photo et en vidéo. Assez pour changer depuis un iPhone 12 ou un iPhone 13 ? Pas vraiment, du moins pour le grand public, qui n'y verra que des subtilités. Si vous venez d'un X, XS ou même d'un 11, alors là oui, le gap des années creuse l'écart entre les générations, et l'arrivée du HDR, de la luminosité élevée (2000 nits en crête) ou encore du mode Macro offre à ces appareils une polyvalence très appréciable au quotidien.
En revanche, l'iPhone est de plus en plus utilisé par les professionnels : petits films d'entreprise, chaînes de télévision, mariages... Pour ces médias, agences et autres indépendant, tout progrès est bon à prendre, surtout dès qu'il s'agit de basse lumière ou d'augmentation du niveau dé détails. De notre côté, nous avons parfois tourné des vidéos (comme ici pour la Megane) 100% à l'iPhone, et chaque amélioration compte !
