Un nouvel amendement au projet de budget de la Défense américaine pourrait placer BOE, l’un des principaux fournisseurs d’écrans pour iPhone, en plein dans le viseur du Pentagone. L’entreprise chinoise, déjà sous la menace d’un bannissement de l’US International Trade Commission (ITC), pourrait faire l’objet d’une enquête pour ses liens présumés avec l’armée chinoise.
Un fournisseur sous pression
Selon Reuters, l’amendement a été ajouté au budget de la Défense 2026 -un plan bipartisan de 852 milliards de dollars, qui a déjà validé par les principales commissions des deux chambres du Congrès. Il demande au Secrétaire à la Défense de déterminer si BOE ou ses filiales doivent être identifiées comme des entreprises militaires chinoises ou des acteurs de la politique dite de fusion militaro‑civile.
Le rapport de la commission de la Chambre des représentants est explicite : la République populaire de Chine subventionne la production de petites technologies d’affichage à applications militaires, ce qui perturbe la concurrence normale et domine les marchés mondiaux. Ces subventions mettent en danger la sécurité des chaînes d’approvisionnement critiques nécessaires à l’armée américaine.
Un briefing officiel est attendu au plus tard le 1er février 2026, à condition que le projet de loi (National Defense Authorization Act) soit voté par le Sénat et promulgué par le président Donald Trump avant la clôture de l’exercice fiscal, soit le 30 septembre 2025.
Des antécédents houleux avec Apple
BOE a connu un parcours mouvementé auprès d’Apple. Le groupe avait perdu l’intégralité de ses commandes il y a quelques années pour avoir apporté des modifications non autorisées à ses processus de production. Malgré cet incident, il est aujourd’hui redevenu un fournisseur majeur d’écrans pour l’iPhone et poursuit l’expansion de ses usines pour augmenter ses parts de marché.
En parallèle, BOE fait déjà face à une possible interdiction prononcée par l’ITC, une menace qui plane toujours sur son avenir aux États-Unis. Mais en pratique, l'impact serait limité pour Apple à court terme. Même si BOE venait à être classée comme entreprise militaire chinoise, cette désignation n’empêcherait pas immédiatement Apple de continuer à s’approvisionner auprès de son partenaire. Pour l’instant, l’inscription sur cette liste ne bloque pas les transactions commerciales.
Cependant, à moyen terme, ce statut pourrait empêcher BOE de fournir certaines technologies critiques aux États-Unis, notamment à destination du secteur militaire, et compliquer ses relations avec des acteurs stratégiques.
Un climat politique tendu
Cet amendement fait écho à une lettre adressée en 2024 par le Congrès au Département de la Défense. Le président de la commission spéciale sur le Parti communiste chinois y affirmait que BOE avait été fondée spécifiquement comme fournisseur militaire.
Pour l’heure, ni BOE ni Apple n’ont commenté cette nouvelle initiative législative, qui s’inscrit dans un climat de méfiance croissante envers les géants technologiques chinois.