Tesla forcé de mettre à jour ses "vieilles" Model 3, pour publicité mensongère autour de l'Autopilot
Par Didier Pulicani - Publié le
avant-gardiste, et l'on sait tous que ses belles promesses n'engagent que pour ceux qui y croient.
Cela étant, à la manière du Devin dans les Aventures d'Asterix et Obélix, à force de prédire le beau temps, il finira bien pas arriver. Et après des années à annoncer l'arrivée du FSD (Full Self Driving, la conduite totalement autonome) sur ses véhicules depuis 2016, cette dernière est bel et bien devenue une réalité aux USA, seule la législation bride encore la possibilité de se passer de volant (et de pilote).
D'ailleurs, dans la vidéo du jour de Marques Browlee (ci-dessus), on voit bien à quel point le véhicule réalise presque un sans-faute sur un trajet complexe (ville + péri-urbain), même si certaines actions ont donné quelques sueurs froide à ce jeune YouTuber spécialisé dans la tech. Ce n'est pas encore parfait, mais si les autorités attendent réellement le
zéro-risquepour autoriser les robots à se fondre dans la circulation, il faudra sans doute patienter encore quelques siècles. Je sais pas vous, mais pour ma part, je rêve de pouvoir me faire emmener chez le médecin sans devoir conduire lorsque j'aurai atteint un âge respectable. Et si je pouvais travailler pendant que ma voiture prend l'autoroute d'ici là, ce serait tout aussi intéressant.
Tesla forcé de "rétro-fiter" d'anciennes voitures
Le problème avec les belles promesses, c'est lorsqu'on n'arrive pas à les tenir. En prétendant en 2016 que toutes les Model S avaient le hardware nécessaire pour le FSD, Elon Musk savait sans doute que ce ne serait pas aussi simple. Il aura en fait fallu le Hardware 3.0 (apparu dans les Model 3/S/X de 2020/2021) pour que le FSD soit suffisamment doué pour emmener Madame Michu à la boulangerie sans les mains (ni les pieds).
C'est là que tout le génie d'Elon Musk intervient (et je pèse mes mots) : l'homme avait compris dès le début qu'il fallait pouvoir upgrader le matériel après achat. Pour seulement 1500 dollars (le prix d'un bon PC), il était alors possible de bénéficier du dernier système, capable d'offrir le précieux sésame vers le FSD. Beaucoup d'anciens propriétaires, voulant faire durer leur matériel le plus longtemps possible, ont donc franchi le pas, même s'il leur a fallu parfois payer jusqu'à 15 000$ (le prix actuel) pour la mise à jour logicielle vers la conduite 100% autonome.
Mais devant le juge, certains clients se sont plaints (à juste titre) que la promesse de base n'était pas tenue : les Model 3 vendues en 2019 n'avaient pas le hardware nécessaire pour le FSD (Hardware 2.5 vs 3.0). Le tribunal a donc ordonné à Tesla de mettre à jour (sans frais) les véhicules d'un plaignant, qui a même poussé le vice à attaquer Tesla sur un autre élément : en passant du MCU1 au MCU2 (le système multimédia), il allait perdre la radio AM (les grandes ondes, très utilisées aux USA)
Tesla reste le champion du rétrofit
Même si les forums sont inondés de plaintes de clients de Tesla qui se sentent lésés par des mises à jours qui désactivent parfois certaines fonctionnalités ou dont les promesses ne sont pas toujours tenues (comme pour Apple, d'ailleurs), il s'agit quand-même souvent de
problèmes de riches.
En effet, il suffit de regarder du côté du premium allemand pour se rendre compte à quel point le constructeur américain a pris de l'avance sur le couple hardware/software. Récemment, nous avons par exemple essayé une Mercedes EQA vendu plus de 80 000€ qui n'avait pas de caméra de recul (la pièce étant en rupture de stock, apparemment). En discutant avec la marque, il leur était a priori
impossiblede la rajouter après achat -même si le client avait payé pour la fonctionnalité, à prendre ou à laisser.
Quant au logiciel, les systèmes d'update en OTA sont encore très récents, et pour les mises à jour majeures, il faut souvent se rendre en concession (comme chez Audi, Porsche ou Volkswagen). On est par exemple très loin des updates réguliers façon Tesla, avec une grosse mise à jour de Noël, le rajout de fonctionnalités au fil du temps etc. Ce n'est pas beaucoup mieux côté hardware : je me rappelle d'il y a quelques années, un constructeur français m'avait assuré qu'on pourrait mettre à jour les ordinateurs de bord
dans les prochaines plateformes, et à ma connaissance, aucun constructeur (en dehors de Tesla) ne propose pourtant de telles possibilités, sauf des remplacements en SAV.
Bref, si juridiquement, ces clients ont certainement raison de venir taquiner Elon Musk, ils ne réalisent peut-être pas toujours à quel point ils sont chanceux de pouvoir bénéficier de tant de fonctionnalités, parfois presque 10 ans après achat de la voiture !