Le marché de la moto électrique continue de s’étoffer, mais rares sont celles que l'on est vraiment tenté de vous recommander. Pourtant, les choses évoluent doucement avec des modèles plus performants et des prix qui baissent, même s’ils restent encore élevés. C’est dans ce contexte que nous avons essayé l’Ultraviolette F77 Mach 2, une moto électrique qui mérite le détour, même si elle est loin d'être parfaite.
Plus encore que la voiture, la moto électrique est confrontée à une équation particulièrement compliquée. Très restreint, l’espace à bord ne permet pas d’intégrer de grosse batterie synonyme d’autonomie conséquente, ou tout du moins équivalente à un modèle thermique, et les prix sont encore élevés.
Pourtant, on adore ça la moto électrique chez Mac4ever. Les accélérations vous mettent littéralement sur orbite et même un petit équivalent 125 cm3 peut mettre une grosse cylindrée à l’amende au départ arrêté. D'ailleurs nous avions adoré les Livewire One et autres Zero Motorcycles S/R, qui reprennent tous les codes du méchant roadster survitaminé. Mais pas au point de signer un chèque de plus de 18 000 euros alors que les concessions sont encore trop nombreuses (autonomie mais aussi lenteur de la recharge). Bref, si nous sommes fin prêts à sauter le pas de l’électrique pour la voiture (d'ailleurs on l'a fait), on ne peut pas en dire autant de la moto à piles.
C’est dans ce contexte que nous avons découvert Ultraviolette, un constructeur indien qui, contrairement à Royal Enfield ou encore TVS (qui est aussi basé à Bangalore), se concentre sur les motos électriques. Après le Royaume-Uni, le Portugal, l’Espagne et l’Italie, la jeune marque a fait maintenant son entrée en France en commercialisant la F77 Mach 2.
"C’est une 125 ça ?"
C’est ce que nous avons entendu à plusieurs reprises lors de notre essai de l'Ultraviolette F77 Mach 2. Il faut dire que la marque n’a pas hésité à jouer jusqu’au bout la carte du roadster sportif et même futuriste. Pour ce faire, la moto est habillée d’un carénage qui lui confère une sacrée tronche, tout en recouvrant la batterie et même la fourche avant.
Alors bien sûr celui-ci est en plastique et il n’y a aucune pièce en fibres de carbone comme sur la Maeving RM1S par exemple. Quoiqu’il en soit l’assemblage est soigné et on n’a pas l’impression d’être en face d’une moto au rabais, bien au contraire.
La preuve, l'Ultraviolette F77 Mach 2 repose sur un cadre tubulaire en treillis d'acier alors que la batterie et le moteur électrique font office d’éléments structurels. D’autres éléments comme le bras oscillant en aluminium ou la fourche inversée témoignent du soin apporté à la fabrication de cette moto électrique.
Alors que l'avant se la joue musclé, l'arrière vient trahir la modeste cylindrée de cette moto électrique. Point de gros gommard comme sur mon ancienne Kawasaki Z1000, et dans un sens tant mieux quand viendra le moment de changer les pneus sans y claquer son PEL.
Ultraviolette se veut une marque axée sur la technologie. Autant dire qu'il était hors de question d'équiper la F77 Mach 2 avec des clignotants et des phares équipés de bonnes vieilles ampoules pas chères. C'est bien simple, tout est à LED, tant à l'avant qu'à l'arrière.
Forcément, l’instrumentation est laissée aux bons soins d'un écran numérique dont les bords sont assez épais, limitant d'autant la surface d'affichage qui reste correcte. Celui-ci reste toujours lisible même quand par une belle journée alors que le soleil brille dans notre dos. La définition est également suffisamment élevée pour faciliter la lecture des éléments affichés sans dévoiler les pixels. Et comble du raffinement sur une moto 125, on dispose aussi d'un affichage jour/nuit automatique.
L'Ultraviolette F77 Mach 2 dispose de deux interfaces que l'on peut choisir via les réglages. Mais elles sont aussi chargées graphiquement l'une que l'autre, la marque ayant tenté de créer une ambiance futuriste, qui se retrouve d'ailleurs dans le nom des modes de conduite comme on le verra plus loin. Ceci étant, après quelques jours au guidon, on retrouve assez facilement ses petits même en jetant un coup d'œil très rapide sur l'écran en pilotant la moto.
La première s'apparente à une sorte de radar quand la deuxième se la joue plus arcade. Dans tous les cas, les informations essentielles sont affichées, à commencer par la vitesse actuelle en plein centre de l'écran avec un police de caractère suffisamment grande. On peut également voir le niveau de la batterie en pourcentage, l'autonomie restante, la consommation moyenne, l'odomètre, l'heure, les trips et j'en passe. Le constructeur va même jusqu'à afficher le niveau du freinage régénératif réglable sur neuf paliers (rien que ça), tout comme le mode de conduite sélectionné. Enfin, des voyants sont également intégrés discrètement dans l'encadrement noir de l'écran pour les phares, le Traction Control, les clignotants ou le témoin d'ABS par exemple.
Tout cela se contrôle via les quatre boutons situés sur la gauche du guidon, qui se laissent très facilement apprivoisés. Pas besoin de lire le moindre mode d'emploi pour s'y retrouver. Notez tout de même qu'il est possible de basculer d'un mode de conduite à l'autre sans entrer dans le menu, mais à condition de rendre les gaz pendant la conduite. Et pour ceux qui préfèrent rester sur la moto pour les manœuvres plutôt que descendre et l'appuyer sur la hanche, une marche arrière est également disponible.
D'ailleurs, alors que nous déplacions la moto sans avoir la clef dans la poche, nous avons déclenché l'alarme qui est intégrée. Une fonctionnalité proposée de série qui est la bienvenue, mais qui mériterait d'être plus puissante. Enfin, avant de nous lancer au guidon de l'Ultraviolette F77 Mach 2 nous nous sommes attardés sur l'application mobile qui l'accompagne. Pas de chance, celle-ci n'était pas disponible pour notre essai. Téléchargeable gratuitement sur iOS et Android, elle donne accès aux informations habituelles, qu'il s'agisse du niveau de la batterie, du suivi de la recharge, de la localisation de la moto et des informations sur les trajets effectués. L'application propose également la navigation et, plus étonnant encore, la possibilité de régler des paramètres tels que le contrôle de traction et le freinage régénératif. En revanche, quelle drôle d'idée d'imposer un abonnement après la première année d'utilisation, qui est-elle gratuite.
Une moto accessible à plus d'un titre
Bien qu'elle en impose visuellement, l'Ultraviolette F77 Mach 2 est une moto facile d'accès (on ne parle pas encore de son prix hein). D'une part parce que s'agissant d'un équivalent 125 cm3, un simple permis B assorti d'une formation de sept heures suffit pour en prendre le guidon. D'autre part avec la hauteur de selle de 800 mm qui facilite l'accès du ou de la motard(e).
De plus, l'Ultraviolette F77 Mach 2 est équipée d'une selle en deux parties, qui participe là encore au style. Bien conçue et sans arêtes tranchantes contrairement à celle du BMW CE-04 par exemple, elle gagnerait encore en confort si elle bénéficiait d'un rembourrage plus généreux.
Et comme toute sportive qui se respecte, la selle passager est plus petite et un peu haut perchée. Quoiqu'il en soit, cela fera le job pour dépanner car un long trajet à deux sur l'Ultraviolette F77 Mach 2 est très peu probable. Notez que des poignées sont dissimulées dans la partie inférieure du carénage arrière.
Juste une 125 ? Vraiment ?
Il est temps de prendre le guidon de cette Ultraviolette F77 Mach 2 et de voir si le ramage se rapporte au plumage (Spoiler alert : oh que oui !).
Le look est sportif tout comme la position de conduite avec le buste légèrement penché vers l'avant. Mais heureusement, le guidon est relevé ce qui suffit à réduire l'appui sur les poignets. On ne perd donc pas en confort, ce qui est particulièrement important pour un usage au quotidien. Les rétroviseurs participent eux aussi au design de l'Ultraviolette F77 Mach 2. Ils affichent une construction en un seul bloc tout en offrant une bonne visibilité vers l'arrière. Et si vous vous posez la question, non ils ne gênent pas lors de la remontée des files entre les voitures.
L'un des avantages de l'électrique, c'est que malgré la cylindrée équivalente a un modèle thermique de 125 cm3, les performances n'ont plus grand chose à voir. Avec le couple qui est délivré instantanément, on est tout de suite catapulté à la moindre rotation de la poignée de l'accélérateur (j'allais écrire des gaz mais c'est peut-être mal vu pour une moto électrique). La bien nommée F77 Mach 2 est un véritable avion de chasse malgré un simple moteur électrique synchrone à aimant permanent, qui délivre une puissance de 9,5 kW "seulement". Pour rappel, la limite en 125 est fixée à 11 kW. Mais les petits malins d'Ultraviolette ont fixé le pic de puissance à 30 kW quand le mode de conduite "Balistic" le plus élevé est activé. Bref il s'agira tout de même de faire attention si vous n'êtes pas habitué. Mais pour qui aime s'élancer le premier au feu rouge, la F77 Mach 2 n'a pas son pareil sur le segment.
Bien qu'un peu lourde avec ses 207 kg qui sont concentrés vers l'avant à cause de la batterie, la moto reste très agile une fois en mouvement. Car il n'y a guère que lors des manœuvres que c'est moins facile, surtout que le rayon de braquage nous a semblé relativement réduit.
En revanche on apprécie le confort offert, y compris après plusieurs heures à son guidon. L'amortissement offre différents réglages, en compression et en détente pour la fourche inversée, et en précontrainte pour l'amortisseur arrière. Les réglages d'usine nous convenaient pour un essai en milieu urbain, avec ce qu'il faut de fermeté pour pouvoir augmenter le rythme sans craindre de voir l'arrière décoller à la moindre saignée.
Car elle ne rechigne pas à la tâche cette petite moto électrique. Pour commencer, nous nous sommes lancés avec le mode "Glide", qui bride la puissance à un niveau largement suffisant pour un usage urbain. Au passage on maximise ainsi l'autonomie de la batterie et il est possible de passer d'un mode à l'autre tout en roulant. Pour ce faire, il suffit de relâcher la poignée d'accélérateur et d'appuyer sur le bouton au guidon. Ici, la puissance arrive progressivement sans pour autant nous empêcher de rouler jusqu'à près de 100 km/h si les conditions le permettent (comprendre pas en centre-ville). Si le niveau de la batterie est bas, le mode Glide permet donc d'arriver à destination y compris en empruntant l'autoroute, et sans non plus se trainer en mode tortue.
Avec un nom comme "Combat", le mode supérieur annonce la couleur. Pour autant celui qui s'apparente à un mode normal offre un bon compromis entre performances et autonomie. Les accélérations sont plus vives et il est possible de rouler jusqu'à 115 km/h.
Le dernier mode est baptisé "Balistic" (fou dans la langue de Shakespeare) et permet de disposer de toute la puissance du moteur électrique. Une fois activé, on a du mal à croire qu'on est au guidon d'une moto qui se veut un équivalent 125. D'ailleurs, la vitesse de pointe relevée lors de notre essai dépasse les 130 km/h. Notre essai s'étant déroulé à la fin de l'été, avec des températures encore très douces, nous avons voulu combien de temps l'Ultraviolette F77 Mach 2 pouvait tenir à ce rythme, non pas en termes d'autonomie mais de chauffe. Rien à craindre de ce côté, son système de refroidissement liquide veille au grain et nous n'avons pas déploré de voyant d'alerte.
En revanche, avec de telles performances, Ultraviolette a jugé bon d'étoffer les assistances électroniques pour un véhicule accessible avec un simple permis avec une formation de sept heures. La F77 Mach 2 dispose notamment du contrôle de traction rassurant, que l'on pourra si besoin régler sur l'un des trois modes, voire même le déconnecter.
Dans le même ordre d'idée, le système de freinage dispose de l'ABS qui fait encore trop souvent défaut aux motos électriques sur ce segment de prix. Preuve que c'est toujours pratique, malgré notre expérience conséquente, il nous a rendu bien service lors d'un freinage à la limite lors de notre essai. On ne peut donc que valider !
À propos des freins, la F77 mach 2 fait parfaitement le job grâce à un disque de 320 mm associé à un étrier à fixation radial et deux pistons à l'avant, et un disque de 230 mm avec un étrier mono piston à l'arrière. Mais en ville, on peut carrément se passer du système mécanique au profit du freinage régénératif. On récupère ainsi quelques précieux Watts lors des phases de freinage, et il est même possible de régler le système sur pas moins de dix niveaux, rien que ça.
Une autonomie dans la norme
Avec sa batterie de 10,3 kWh, l'Ultraviolette F77 Mach 2 promet 231 km d’autonomie en ville, et 143 km avec le mode le plus puissant sur autoroute. Notre essai s'étant déroulé sur plusieurs jours, nous avons eu l'occasion d'effectuer plusieurs relevés de consommation. La moyenne s'établit à un peu plus de 50 Wh/Km, non sans utiliser les différents modes de conduite. Ce faisant, parcourir plus de 130 km sur l'autoroute avec l'Ultraviolette F77 Mach 2 n'a rien d'impossible. Cela peut sembler peu au premier abord, mais dites-vous que c'est dans la moyenne haute pour une moto électrique qui ne peut emporter qu'une petite batterie. Mais encore et surtout c'est une autonomie qu'on a plus l’habitude niveau des deux-roues électriques de grosse cylindrée qui valent deux fois plus cher.
En revanche, si l'autonomie de la batterie de l'Ultraviolette F77 Mach 2 est correcte, on ne peut pas en dire autant de la recharge. C'est d'ailleurs un gros point noir sur la plupart des motos électriques, mais les choix du constructeur interrogent. En effet, en l'absence de connecteur de type T2, il faut se balader avec le chargeur propriétaire afin de recharger sur une prise domestique à destination. Vous allez me dire qu'un sac à dos règle le problème (même si c'est à proscrire pour le bien de votre colonne vertébrale en cas d'accident), mais jetez donc un œil aux photos de l'objet. Lourd et encombrant, il restera plutôt à votre domicile. Et bien à l'écart car son ventilateur est tout sauf discret. Bref, c'est dommage quand on sait que d'autres ont fait le choix de la charge sur prise domestique uniquement mais avec un chargeur intégré dans la moto pour simplement transporter le câble. Bref, on ne valide pas du tout.
Reste enfin, la question du temps de recharge. Une fois branchée, la moto va tirer 2,8 kW, ce qui permet de récupérer 50% de la capacité en un peu moins de deux heures. Par contre, remplir complètement la batterie demande quatre heures. D'où l'intérêt de la technique du biberonnage (se brancher dès qu'on le peut), qui est ici bien trop compliquée en raison de l'imposant chargeur externe.
Bilan : de mieux en mieux mais...
Vous l'aurez compris, cette Ultraviolette F77 Mach 2 est une très bonne surprise à plus d'un titre. Son style d'abord qui est vraiment valorisant et qui ne donne pas l'impression d'être en face d'une moto électrique équivalente à un 125. La finition est également très soignée tout comme l'équipement. Alors oui, le prix est aussi plus élevé qu'une thermique mais il faut se faire une raison, c'est le propre de l'électrique aujourd'hui.
Une chose est sure, les performances sont au rendez-vous et c'est clairement l'un de nos modèles préférés sur ce point. Est-ce que je vais me laisser tenter pour autant ? Si j'ai déjà sauté le pas en voiture, j'ai encore beaucoup de mal à envisager le passage à la moto électrique en l'état. D'abord parce que pour ce prix, je peux me faire vraiment plaisir avec un méchant roadster tel que la Kawasaki Z900 malgré son look de plus en plus manga, mais qui pourra aller beaucoup plus loin sans prise de tête.
Mais plus que l'autonomie (plus de 130 km constatés ce qui suffit très largement pour un usage quotidien), c'est la recharge qui pose encore problème. Alors que nous avons la chance de bénéficier d'un réseau de plus en plus dense, se promener avec son chargeur sur le dos n'a rien de pratique. Sans même parler du temps nécessaire pour faire le plein de watts.
Ultraviolette nous a indiqué travailler sur une version dotée d'un chargeur intégré. Avec un simple câble T2, la V2 de la F77 Mach 2 fera sauter cette contrainte. Si votre budget vous le permet et que vous vous contentez de recharger à domicile, c'est une excellente moto électrique capable d'offrir des performances incroyables pour la catégorie. Et les concurrentes sont rares. Can-Am propose par exemple les Pulse (un roadster) et Origin (un trail) que nous avons pu essayer au moment de leur lancement. Mais affichées à partir de 12 999 euros pour la plus abordables, elles sont beaucoup plus chères. Chez Zero Motorcyles, le grand spécialiste de la moto électrique, la Zero S débute à partir de à partir de 17 790 euros pour des prestations similaires. De quoi faire passer les 9 990 euros demandés pour l'Ultraviolette F77 Mach 2 pour une bonne affaire.
Une vraie petite bombe que cette Ultraviolette F77 Mach 2 qui mettra tout le monde d'accord avec ses performances étonnantes pour un équivalent 125. Elle bénéficie en outre d'un bon niveau d'équipement associé à une autonomie et à un prix correct pour la catégorie. Dommage qu'en l'absence de chargeur embarqué il faille transporter un imposant bloc si besoin d'une recharge à destination Si c'est votre cas, il vaudra mieux attendre une éventuelle v2.
