Le 15 avril dernier, l’Arcep a autorisé Amazon Kuiper à utiliser plusieurs bandes de fréquences pour déployer en France métropolitaine un service d’internet par satellite en bande Ka. La décision, publiée le 21 juillet, marque une étape cruciale pour ce concurrent de Starlink.
Une autorisation stratégique pour Kuiper
L’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (de son petit nom bien connu l'Arcep) vient de valider la demande d’Amazon Kuiper Services Europe SARL d’utilisation de fréquences dans les bandes 28,5–28,9485 GHz (Terre → espace) et 17,7–18,6 GHz ainsi que 18,8–19,3 GHz (espace → Terre). Le but est de permettre l’exploitation d’un réseau ouvert au public de service fixe par satellite, reposant sur des satellites en orbite basse non‑géostationnaires .
L’autorisation a été accordée pour dix ans, à compter de sa date d’effet (15 avril 2025). Mais attention, elle est assortie d’une obligation stricte de non-interférence : Kuiper devra cesser immédiatement toute émission en cas de perturbation sur ces fréquences ou sur les bandes adjacentes, afin de protéger les autres opérateurs.
Un cadre réglementaire public et transparent
Cette décision fait suite à une consultation publique organisée par l’Arcep entre décembre 2024 et janvier 2025, au cours de laquelle six acteurs -cinq entreprises du secteur satellite et une association- avaient été invités à s’exprimer . Le décret définissant les modalités d’intervention en cas d’interférence et les règles techniques applicables est annexé à la décision, conformément aux normes européennes ERC et CEPT .
Ce feu vert place Amazon Kuiper en compétition avec Starlink (SpaceX) et OneWeb pour la fourniture d’internet par satellite. Le projet Kuiper, initié en 2019, prévoit une constellation de plus de 3 200 satellites en orbite basse, avec plusieurs centaines déjà lancés en 2023–2025. , tout en diversifiant la chaîne d’approvisionnement d’AWS et d’Amazon Web Services .
L’arrivée d’Amazon Kuiper en France soulève plusieurs enjeux stratégiques pour l’Hexagone et l’Europe. Sur le plan économique, le déploiement du réseau Kuiper devrait stimuler l’écosystème spatial et satellitaire européen, avec des retombées attendues en termes d’emploi, notamment grâce à l’installation des stations terriennes nécessaires au fonctionnement du service.
Face à cette nouvelle donne, le besoin de régulation est plus que jamais nécessaire , garantissant ainsi la coexistence harmonieuse entre opérateurs existants et nouveaux entrants.
Enfin, la question de la souveraineté numérique est au cœur des préoccupations européennes. La diversification des acteurs dans le domaine de l’internet par satellite contribue à réduire la dépendance technologique vis-à-vis des grandes plateformes américaines, un objectif prioritaire dans le cadre des ambitions de résilience et d’autonomie numérique de l’Union européenne.
