Testée à grande échelle lors des Jeux olympiques de Paris, la vidéosurveillance algorithmique n’en a pas fini avec l’espace public français. Les députés ont voté la prolongation de cette expérimentation sécuritaire jusqu’au 31 décembre 2027, relançant un dispositif aussi ambitieux que controversé.
Une technologie héritée des JO de Paris
Initialement autorisée à titre temporaire, l’expérimentation avait pris fin en mars 2025, après plusieurs mois d’utilisation dans le cadre des JO. Mais sous la pression du gouvernement et de plusieurs acteurs de la sécurité, le sujet est revenu sur la table parlementaire. Cette fois, la reconduction a été intégrée au projet de loi relatif à l’organisation des Jeux olympiques d’hiver de... 2030, actuellement examiné à l’Assemblée nationale.
Pour rappel, la vidéosurveillance algorithmique repose sur l’analyse automatisée des flux vidéo issus de caméras installées dans l’espace public. Les algorithmes ne reconnaissent pas les visages, mais sont capables de détecter des comportements jugés anormaux : mouvements de foule inhabituels, présence d’objets abandonnés, franchissement de zones interdites ou encore situations de panique.
Lors des Jeux de Paris, le dispositif avait été présenté par l’exécutif comme un outil d’aide à la décision, destiné à alerter les forces de l’ordre sans se substituer à l’humain. Le gouvernement affirme que cette technologie a permis d’améliorer la réactivité des services de sécurité, sans dérive notable.
Une prolongation sous conditions… mais critiquée
La prolongation votée par les députés permettrait donc de reprendre l’expérimentation dès 2026, pour une durée de près de deux ans. Officiellement, il s’agit de continuer à évaluer l’efficacité du dispositif avant toute éventuelle généralisation.
Mais la décision ne fait pas l’unanimité. Plusieurs associations de défense des libertés publiques, ainsi que des élus de l’opposition, dénoncent une banalisation progressive de la surveillance automatisée, sans garanties suffisantes sur la protection de la vie privée. Ils pointent notamment le risque d’extension des usages, une fois la technologie installée et normalisée.
Qu'en penser ?
La vidéosurveillance algorithmique s’inscrit dans un texte plus large, dont le vote final est attendu le 6 janvier prochain. D’ici là, des amendements pourraient encore être déposés, même si le gouvernement dispose d’une majorité favorable sur ce sujet.
En toile de fond, ce débat illustre une tendance plus large : l’ancrage durable des technologies d’IA dans les politiques de sécurité, bien au-delà des grands événements sportifs. Mais cette évolution continue de diviser, entre promesse d’efficacité et craintes d’une surveillance accrue de l’espace public.