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Tiens donc, Elon Musk a touché 38 milliards de dollars de financements et d’aides publiques

Par Vincent Lautier - Publié le

Elon Musk aime critiquer les subventions et prône un État moins interventionniste. Pourtant, ses entreprises ont bénéficié d’au moins 38 milliards de dollars de financements publics sous forme de contrats, prêts, subventions et crédits d’impôt. Ces aides, souvent obtenues à des moments clés, ont contribué à faire de Musk l’homme le plus riche du monde. Rien qu’en 2024, Tesla et SpaceX ont reçu 6,3 milliards de dollars d’argent public, un record.

Tiens donc, Elon Musk a touché 38 milliards de dollars de financements et d’aides publiques


Un coup de pouce par ici, un autre par là



Dès 2008, alors que Tesla était en difficulté, Musk a décroché un prêt de 465 millions de dollars auprès du département de l’Énergie. Ce coup de pouce a permis à l’entreprise d’éviter la faillite et de lancer la Model S, son premier succès commercial. Côté spatial, SpaceX a aussi été soutenue dès ses débuts : la NASA et le département de la Défense ont multiplié les contrats pour assurer le développement de l’entreprise, à coups de milliards.

Tiens donc, Elon Musk a touché 38 milliards de dollars de financements et d’aides publiques


Tesla : une rentabilité boostée par les crédits carbone



Tesla a su tirer parti des réglementations favorisant les véhicules électriques. L’entreprise a encaissé 11,4 milliards de dollars en vendant des crédits carbone aux constructeurs automobiles en retard sur les normes environnementales. Ces crédits ont été essentiels : sans eux, Tesla aurait affiché 700 millions de dollars de pertes en 2020, au lieu d’un bénéfice de 862 millions.

L’entreprise a aussi reçu d’importantes subventions locales. Le Nevada, par exemple, lui a accordé 1,3 milliard de dollars pour l’aider à construire son usine de batteries. Malgré cela, Musk n’a pas hésité à transférer le siège de Tesla de la Californie au Texas, expliquant que l’environnement des affaires était plus favorable là-bas.

Paradoxalement, Musk a appelé à supprimer le crédit d’impôt de 7 500 dollars accordé aux acheteurs de voitures électriques, estimant que Tesla n’en avait plus besoin. Une manière habile de mettre ses concurrents dans une position délicate.

SpaceX : un géant financé par les contrats gouvernementaux



Si SpaceX est devenue un acteur incontournable du spatial, c’est en grande partie grâce aux commandes publiques. Dès 2006, alors que l’entreprise n’avait encore rien prouvé, la NASA lui a accordé un premier contrat de 278 millions de dollars. En 2008, SpaceX décroche un contrat bien plus gros de 1,6 milliard de dollars pour assurer la liaison avec la Station spatiale internationale, qu’il veut désormais désorbiter.

Depuis, les commandes se sont multipliées. La NASA a investi plus de 15 milliards de dollars dans SpaceX, et le Pentagone a également mis la main à la poche, avec au moins 7,6 milliards de dollars de contrats, sans compter les projets confidentiels. SpaceX a réussi à proposer des lancements moins chers que ses concurrents, ce qui a séduit les agences gouvernementales.

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Musk, à la fois bénéficiaire et juge des dépenses publiques



La situation devient encore plus étonnante quand on sait que Musk a été nommé conseiller spécial pour la réduction des dépenses fédérales au sein du département de l’efficacité gouvernementale. Son rôle ? Vous le savez : réduire les budgets publics, alors même que ses propres entreprises en sont les premières bénéficiaires.

Cette contradiction n’empêche pas Musk de défendre sa vision : selon lui, les aides publiques ont été utiles au départ, mais Tesla et SpaceX sont désormais indépendantes. Pourtant, les financements continuent d’affluer, et d’ici quelques années, ses entreprises pourraient encore recevoir 11,8 milliards de dollars supplémentaires grâce à 52 contrats en cours avec des agences fédérales.

Bref, si Musk aime donner des leçons sur la réduction des dépenses publiques, il sait aussi très bien en profiter.