Donald Trump affirme que Pékin aurait pu valider un accord de cession de TikTok en 15 minutes, si les droits de douane avaient été allégés ! En effet, vendredi, le président a prolongé in extremis et une nouvelle fois la date limite pour la vente du réseau social aux États-Unis, invoquant des obstacles politiques liés aux tensions commerciales.
Un rachat suspendu… par la guerre commerciale
Le dossier TikTok prend un nouveau virage, même si on a plutôt l'impression que le dossier tourne en rond ! Alors qu’une loi votée en 2024 impose à ByteDance (propriétaire chinois de la plateforme) de céder ses activités américaines sous peine d’interdiction, Donald Trump a annoncé ce dimanche que Pékin aurait volontairement bloqué un projet d’accord.
Si je leur avais donné une petite baisse de droits de douane, ils auraient approuvé l’accord en 15 minutes, a déclaré le président, soulignant l’impact de sa politique tarifaire sur les négociations en cours.
Cette déclaration intervient deux jours après l’annonce d’une salve de droits de douane sur les importations étrangères, avec notamment une taxe de 34 % sur les produits chinois. Washington entend ainsi rééquilibrer ses échanges commerciaux. Mais, pour le moment, cette stratégie semble faire basculer dans le rouge l'économie mondiale, et, accessoirement, freiner les discussions dans le dossier TikTok.
Un nouveau sursis de 75 jours
Initialement fixé au 5 avril, le délai pour conclure la vente a été repoussé une seconde fois par décret présidentiel. La nouvelle date limite est désormais fixée au 18 juin 2025. D’ici là, TikTok restera disponible aux États-Unis, y compris sur l’App Store d’Apple et le Google Play Store.
Dans une lettre envoyée vendredi à Apple et Google, la procureure générale Pam Bondi a confirmé que l’application pouvait être maintenue sur les plateformes mobiles. Une manière de rassurer les utilisateurs (170 millions aux États-Unis) et les développeurs pendant les négociations.
Vers un TikTok 100 % américain ?
D’après Bloomberg, un accord de reprise serait en cours de finalisation. Baptisé TikTok America il serait soutenu par un groupe d’investisseurs comprenant Andreessen Horowitz, Blackstone et Oracle. La structure de l’opération prévoirait une participation majoritaire américaine à hauteur de 80 %, une minorité de 20 % conservée par ByteDance et des garanties sur l’hébergement des données et les processus de modération.
Ce montage vise à satisfaire les exigences du gouvernement américain concernant la sécurité des données tout en permettant à la Chine de conserver un pied dans la filiale, au moins symbolique. Ironie de l’histoire, ce sont les droits de douane imposés par Donald Trump lui-même qui auraient compromis un précédent accord déjà bien avancé. En taxant à 54 % les importations chinoises, l’administration a mécaniquement dissuadé Pékin d’approuver l’opération.
Le président républicain -qui avait tenté d’interdire TikTok dès 2020- s’est depuis repositionné en défenseur de la plateforme. Il y voit un levier électoral majeur, notamment auprès des jeunes Américains. Mais la géopolitique semble avoir repris le dessus. Enfin dans tout cela, il y a quand même des grandes zones d'ombres, à commencer par Pékin qui ne s'est jamais prononcée sur ce rachat et qui pourrait bien tout simplement dire non à Donald Trump.
