Malgré les titres alarmistes relayés cette semaine, les nouvelles sanctions douanières évoquées par Donald Trump ne concernent ni Apple, ni les géants de la tech américaine. Le chiffre choc des 245 % de droits de douane annoncé par la Maison-Blanche ne s’applique qu’à une poignée de produits ciblés, dont aucun n’est lié à l’écosystème Apple.
Un chiffre maximal, pas une règle générale
Dans une fiche d’information publiée le 15 avril, la Maison-Blanche a affirmé que la Chine faisait désormais face à des droits de douane allant jusqu’à 245 % en représailles aux mesures chinoises jugées hostiles. Mais dans les faits, ce chiffre correspond au plafond de certains droits spécifiques déjà existants -notamment ceux visant les produits contenant du fentanyl, ou des dispositifs médicaux comme les seringues et les aiguilles.
Les taux réels appliqués à la majorité des importations varient plutôt entre 7 % et 100 %, selon la catégorie de biens. Les produits électroniques, dont les smartphones, ordinateurs portables ou processeurs, ne sont pas concernés par cette hausse. Pas plus que les articles Apple, déjà exemptés des hausses tarifaires depuis avril.
Apple encore protégée… pour combien de temps ?
La firme de Cupertino reste donc, au moins temporairement, en dehors du champ de bataille. Trump a lui-même affirmé qu’Apple ne bénéficiait pas d’exemption, préférant parler de souplesse liée à la relation qu’il entretient avec Tim Cook.
Mais cette tranquillité pourrait ne pas durer. Le président américain a récemment lancé une enquête de sécurité nationale sur les semi-conducteurs, laissant entendre que de nouveaux droits de douane pourraient frapper ce secteur stratégique. Howard Lutnick, secrétaire au Commerce, a d’ailleurs confirmé qu’une nouvelle taxe sur les puces électroniques était à l’étude. Or, cette dernière toucherait indirectement l’ensemble de l’industrie tech, Apple comprise. Une mauvaise nouvelle pour la firme qui vient tout juste de reprendre du poil de la bête, en se rapprochant à nouveau de la barre des 3 000 milliards de dollars de capitalisation.
Apple entre deux feux
Du côté de Pékin, le ton est plus mesuré, mais ferme. Le ministre des Affaires étrangères, Lin Jian, a appelé Washington à cesser les menaces et le chantage, tout en affirmant que la Chine ne cherche pas la confrontation, mais n’en a pas peur. Le gouvernement chinois a également rappelé que les guerres tarifaires ne font aucun gagnant, plaidant pour un dialogue sur la base de l’égalité et du respect mutuel.
Si Apple échappe (encore) aux sanctions les plus dures, la situation reste hautement instable, surtout avec les nouvelles mesures sur les semi-conducteurs. La Chine est encore un maillon central de la chaîne de production de l’iPhone, et tout durcissement douanier sur les composants électroniques pourrait provoquer des effets en cascade sur les prix et la logistique.
Alors que Donald Trump ne cache pas son envie de rapatrier une partie de l’industrie tech sur le sol américain, l’entreprise de Tim Cook devra jongler entre pression politique, arbitrage industriel et optimisation fiscale, pour maintenir son équilibre stratégique dans un monde de plus en plus polarisé.