Dans une tribune exclusive publiée par Euronews, vingt-et-un ministres issus de treize États membres de l’Union européenne appellent à des mesures urgentes pour mieux protéger les enfants et les adolescents face aux dangers croissants des réseaux sociaux.
Alors que le numérique occupe une place centrale dans la vie quotidienne des jeunes, ces responsables alertent sur une réalité de plus en plus préoccupante : les risques que fait peser l’exposition massive aux plateformes numériques sur la santé mentale, le bien-être et le développement des plus jeunes.
Une exposition excessive aux effets délétères
Selon un rapport de la Commission européenne publié en 2023, un tiers des jeunes Européens passe plus de trois heures par jour sur les réseaux sociaux. Cette surconsommation est directement liée à une hausse des troubles psychologiques, notamment l’anxiété, la dépression et la perte d’estime de soi.
Aujourd'hui, la situation s’aggrave : une étude de l’Organisation mondiale de la santé publiée en 2024 révèle que l’usage problématique des réseaux sociaux chez les adolescents est passé de 7 % en 2018 à 11 % en 2022. Cela s’accompagne de troubles du sommeil, d’une baisse du bien-être général et de performances scolaires en recul.
Les plateformes sont souvent conçues pour maximiser le temps d’écran grâce à des algorithmes addictifs. Aussi, elles exposent les jeunes à des contenus idéalisés, qui biaisent leur perception d’eux-mêmes et de la réalité.
Des avancées… mais encore insuffisantes
Certes des initiatives européennes comme la stratégie Better Internet for Kids (BIK+) ou le Digital Services Act (DSA) ont posé des jalons importants. Mais, les signataires estiment que le cadre actuel présente encore des lacunes. Ils appellent à faire de la protection des mineurs en ligne une priorité politique et sociétale, avec des actions concrètes et contraignantes.
Parmi les propositions concrètes avancées, on peut lister des réglages de confidentialité activés par défaut pour les comptes d’enfants ; des systèmes de recommandation recalibrés qui privilégient les choix explicites des utilisateurs pour éviter l’exposition à des contenus nuisibles ; ou encore des contrôles de sécurité renforcés, avec possibilité de bloquer, de désactiver ou d’éviter les ajouts non sollicités dans des discussions de groupe.
De même, l’instauration obligatoire de mécanismes de vérification de l’âge sur l’ensemble des réseaux sociaux semble faire l'unanimité. Ces derniers sont perçus comme un levier essentiel pour faire respecter les conditions d’utilisation des plateformes et les législations européennes et nationales.
Une responsabilité partagée
Les ministres concluent leur appel par un message clair : Si nous voulons que le monde numérique favorise le développement sain, l’apprentissage et les relations enrichissantes, plutôt que de devenir un terrain fertile pour l’anxiété et la dépendance, alors des mesures fortes doivent être prises dès maintenant.
Ce plaidoyer transnational marque un tournant dans la volonté européenne de poser un cadre ferme face aux géants du numérique, en plaçant les droits des enfants au cœur de l’espace digital.