À l’heure où la dépendance aux GAFAM soulève de vives inquiétudes, plusieurs grandes entreprises françaises s’unissent pour créer un indice de résilience numérique. Pour eux, il s'agit d'évaluer et de renforcer l’autonomie technologique de la France et de l’Europe face aux géants américains du cloud et du logiciel.
A quoi va servir cet indice ?
La question de la souveraineté numérique n’est plus cantonnée aux spécialistes et aux analystes de pointe. Elle est désormais une priorité stratégique pour les entreprises, notamment avec les nouvelles orientations économiques américaines. D'après Les Échos, un consortium réunissant des acteurs majeurs -comme RTE, CMA CGM, Docaposte ou encore Ouest-France- lance un baromètre inédit permettant de mesurer la dépendance numérique.
Cette initiative sera officiellement présentée ce vendredi lors des Rencontres économiques d’Aix-en-Provence, en présence d’Eric Lombard, ministre de l’Économie et des Finances, et de Clara Chappaz, ministre chargée de l’Intelligence artificielle. Elle s’inscrit dans le prolongement des efforts du comité stratégique de filière logiciel et solutions numériques de confiance, lancé en avril dernier pour encourager l’émergence de champions technologiques européens.
Mesurer pour mieux agir
L’objectif de ce nouvel indicateur est clair : quantifier la dépendance numérique des organisations françaises pour leur permettre d’en réduire les risques. Les sujets de souveraineté et d’autonomie numériques sont devenus aussi cruciaux que les indicateurs financiers dans les comités exécutifs, affirme Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, entreprise particulièrement exposée avec ses centaines d’applications critiques.
L’indice repose sur une approche mixte, à la fois quantitative et qualitative. Il prend en compte plusieurs facteurs, parmi lesquels on trouve la provenance des fournisseurs (nationaux, européens ou extra-européens), la géolocalisation des données, le recours à des technologies open source, la diversification des prestataires numériques ou encore la culture interne des organisations, incluant la sensibilité des managers aux enjeux de souveraineté
Une réponse européenne à la domination des GAFAM ?
L’initiative vise à inciter les entreprises françaises, mais aussi les institutions publiques, à réorienter leurs choix technologiques vers des solutions européennes ou souveraines. Le recours massif aux outils américains de type Microsoft 365, AWS ou Google Cloud constitue un frein à cette ambition, tant pour des raisons techniques que réglementaires.
Encore en phase de test, cet indice pourrait, à terme, devenir un outil de référence pour évaluer la maturité numérique des organisations et guider les politiques industrielles et réglementaires françaises et européennes. Ce baromètre pourrait bien marquer un tournant stratégique dans la manière dont les entreprises abordent leur transformation numérique.