Il est difficile d'ignorer le décès tragique de Raphaël Graven. Connu sous les pseudonymes Jean Pormanove ou JP, ce dernier est mort en direct ce weekend, lors d’un live diffusé sur la plateforme de streaming Kick et il a fallu presque une heure avant que celui-ci ne soit arrêté. Le parquet de Nice a annoncé hier l’ouverture d’une enquête pour recherche des causes de la mort, une autopsie ayant été ordonnée pour préciser les circonstances de la mort.
Au regard des faits particulièrement sensibles de ce sujet, nous vous remercions de faire preuve de sobriété dans les commentaires. Nous vous rappelons que le sujet n'est pas de débattre sur les choix de vie des uns et des autres
Faire des vues, mais à quel prix ?
Suivi par plusieurs centaines de milliers d’abonnés, JP s’était fait connaître à travers des vidéos controversées, dans lesquelles il apparaissait dans des mises en scène d’humiliations et de violences, en lien avec d’autres créateurs de contenu.
Créée en 2022, Kick s’est imposée comme l’un des concurrents directs de Twitch, en séduisant de nombreux créateurs grâce à des conditions financières très avantageuses (95 % des revenus reversés aux streamers). Mais la plateforme est régulièrement critiquée pour son laxisme en matière de modération et son accueil de contenus polémiques, parfois borderline avec des propres conditions générales d’utilisation.
Selon ses CGU, Kick interdit la diffusion de contenus violents, dégradants ou susceptibles de mettre en danger les participants, pourtant en réalité elles semblent plutôt permissives. En effet, le système de contrôle repose largement sur des signalements a posteriori, ce qui rend la régulation moins réactive qu’espéré face à des contenus à risque.
Le difficile équilibre entre liberté et contrôle
Ce drame remet donc en lumière la question de la responsabilité des plateformes face aux diffusions en direct, où la rapidité et l’imprévisibilité des événements rendent le contrôle particulièrement complexe. Plus largement, cela concerne tous les réseaux sociaux qui ont permis de favoriser plus facilement la diffusion de certains contenus
En Europe, le Digital Services Act impose désormais aux grandes plateformes un devoir accru de vigilance et de retrait de contenus dangereux. Kick, qui continue d’élargir sa base d’utilisateurs, pourrait être amenée à renforcer ses dispositifs de modération pour se conformer à ces nouvelles obligations.
Pour l’heure, l’enquête ouverte à Nice devra établir les circonstances précises du décès de Raphaël Graven. De même, la ministre déléguée chargée du numérique, Clara Chappaz, a saisi l’Arcom et effectué un signalement sur Pharos, le service de lutte contre la violence en ligne. Mais l’affaire relance déjà le débat sur les dérives du streaming en direct et les limites de l’autorégulation des plateformes.