Le décès en direct du streamer Jean Pormanove continue de susciter un vif débat sur la responsabilité des plateformes et des autorités. Surtout que le président de l’Arcom -Martin Ajdari- a rappelé que son organisme n’avait aucune compétence directe pour empêcher la diffusion de la chaîne de Pormanove sur Kick, plateforme de streaming australienne qui n’a pas d’établissement en France. Une déclaration qui passe mal ce matin !
Une autorité sous le feu des critiques
Depuis la révélation par Mediapart en décembre 2024 des sévices subis par le streamer, l’Arcom a été accusée d’inaction. Les critiques se sont intensifiées après la mort de JP le 18 août à Contes, près de Nice, au terme de plus de 12 jours de diffusion continue montrant des scènes d’humiliation et de violences.
Le président de l'Arcom a donc précisé que le rôle de l'institution n’est pas de juger la légalité des contenus ni d’en solliciter le retrait, ce qui relève de l’autorité judiciaire. Sa mission consiste plutôt à vérifier que les plateformes respectent les obligations de modération prévues par le droit européen et à engager, si besoin, des sanctions contre celles qui sont installées en France.
Les limites du contrôle
Evidemment la réponse ne plait guère : si l'Arcom peut apprécier le niveau de modération des contenus, cela veut-il dire qu'elle considérait comme safe ce genre de diffusion ? La réponse est plus complexe, mais pas forcément acceptable... En effet, le président de l’Arcom souligne que Kick, n’étant pas implantée en France, échappe à sa régulation directe. Ce constat met donc en lumière une faille structurelle dans la supervision des grandes plateformes étrangères.
Que ces vidéos aient pu demeurer en ligne pendant de longs mois, sans aucun nouveau signalement, est évidemment incompréhensible, écrit-il, appelant à une nouvelle phase dans la régulation du numérique afin d’éviter la répétition de tels drames.
A cela s'ajoutent d'autres contraintes matérielles. Selon Clara Chappaz, ministre déléguée chargée du Numérique, Kick ne disposerait que de 75 modérateurs pour des centaines de milliers de diffusions quotidiennes, et aucun d’entre eux ne parle français. Cette situation rend la détection de contenus problématiques encore plus difficile.
De son côté, le parquet de Nice a indiqué que l’autopsie n’avait relevé aucune lésion traumatique sur le corps de Raphaël Graven, écartant l’hypothèse d’une intervention directe d’un tiers. Les causes exactes du décès, qui pourraient être d’origine médicale et/ou toxicologique, doivent encore être établies.