Le rythme de lancement de la nouvelle fusée européenne Ariane 6 sera un peu moins soutenu que prévu pour sa première année d'exploitation. Le patron d'Arianespace, David Cavaillolès, a annoncé hier que le nombre de vols pour 2025 serait de quatre, au lieu des cinq initialement prévus.
"Ce n'est pas une mauvaise nouvelle"
S'exprimant en marge de la Semaine internationale de l'espace à Paris, le dirigeant a tenu à "dédramatiser" cette annonce. "Ce qui compte, ce n'est pas que nous en fassions un de moins, mais que nous confirmions quatre, ce qui représente l'une des montées en puissance les plus rapides jamais réalisées" pour un nouveau lanceur, a-t-il affirmé.
Cette déclaration a pour but de rassurer après les débuts difficiles du programme Ariane 6, qui a connu de nombreux retards avant son vol inaugural réussi en juillet 2024. Le premier vol commercial a eu lieu en mars de cette année, suivi d'un deuxième en août. Arianespace prévoit de doubler la cadence en 2026.
Un satellite Copernicus, puis le choix entre Galileo et Amazon
Deux lancements sont donc encore prévus d'ici la fin de l'année. La prochaine mission, dont la date sera précisée prochainement, sera consacrée à la mise en orbite d'un satellite Sentinel pour le programme européen d'observation de la Terre, Copernicus.
Le suspense reste entier pour le dernier vol de 2025. Arianespace hésite entre deux charges utiles : soit un satellite pour la constellation de navigation européenne Galileo, soit le premier lancement pour la constellation de l'américain Amazon Kuiper.
Kuiper, un client aussi majeur que stratégique
Le choix final sera lourd de sens. Amazon est en effet le plus gros client d'Ariane 6, avec 18 lancements réservés pour déployer sa constellation Kuiper, concurrente de Starlink. Lancer les satellites d'un géant américain sur une fusée financée par les contribuables européens pour assurer la "souveraineté" du Vieux Continent pose forcément quelques questions.
David Cavaillolès, lui, y voit une expérience "très utile pour l'avenir". Il estime que le déploiement de Kuiper est un excellent entraînement pour les futures constellations européennes, comme Iris 2.
On en dit quoi ?
Cette légère révision du calendrier n'est surement pas une catastrophe en soi, et il est vrai que quatre lancements en une année de mise en service est plutôt un bon rythme . Sauf que voilà, ça montre la pression immense qui pèse sur les épaules d'Arianespace.
Face à la cadence infernale de SpaceX et de son Falcon 9, l'Europe spatiale n'a plus le droit à l'erreur. Le carnet de commandes d'Ariane 6 est plein, mais il faudra impérativement réussir à accélérer la production et les lancements dans les années à venir pour rester crédible sur un marché ultra-concurrentiel. Le choix entre un lancement "souverain" (Galileo) et un lancement "commercial" (Amazon) pour la fin de l'année est aussi un symbole fort de ce dilemme permanent. Et vous, vous pensez qu'Ariane 6 doit privilégier les clients européens ou les gros contrats américains ?