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SFR efface 10 milliards de dette et aiguise les appétits

Par Vincent Lautier - Publié le

SFR vient de réussir un tour de force financier : sa maison mère Altice France a réduit sa dette de 10 milliards d’euros, une manœuvre qui soulage les comptes, attire les convoitises et relance les spéculations sur une vente à venir.

SFR efface 10 milliards de dette et aiguise les appétits


Une cure d’amaigrissement spectaculaire



À compter du 1er octobre, la dette d’Altice France, maison mère de SFR, passera de 25 à 15 milliards d’euros. Un allègement massif, accompagné d’une réduction des frais financiers annuels de 400 millions d’euros. Le groupe se donne aussi de l’air en repoussant ses prochaines échéances entre 2028 et 2033. Officiellement, pas d’impact sur l’emploi, ni sur les clients, ni sur l’opérationnel. Mais cette restructuration a un prix : les créanciers détiennent désormais 45 % du capital. Une dilution qui rebat les cartes en interne, même si la direction promet que les nouveaux administrateurs seront « indépendants ».

Le spectre d’une vente plane toujours



Dans une interview à l’AFP, le PDG Arthur Dreyfuss reste flou mais ne nie rien. Pas d’offre de rachat formelle, certes, mais des marques d’intérêt pour certains actifs. En clair, SFR est bel et bien sur le marché, que ce soit en bloc ou en morceaux. Free, Bouygues et Orange ont entamé des discussions dès cet été, sans parvenir à un accord sur la répartition des clients et des actifs. Un consortium est en réflexion, mais personne ne veut céder trop de terrain à l’autre. L’équation est compliquée : souveraineté, concurrence, emploi… tout se mélange.

SFR efface 10 milliards de dette et aiguise les appétits


Les salariés dans l’attente



Côté social, les syndicats de SFR sont clairement inquiets. Jusqu’à deux tiers des 8 000 postes actuels pourraient être menacés en cas de rachat par des concurrents français. Certaines fonctions (marketing, RH, boutiques) feraient doublon. Pour prévenir le choc, un milliard d’euros aurait déjà été provisionné par les candidats potentiels. Mais la crainte est forte, d’autant que la dernière restructuration de 2021 s’est déjà soldée par 1 700 suppressions de postes. Les salariés espèrent secrètement l’arrivée d’un acteur étranger, moins porté sur les synergies.

SFR efface 10 milliards de dette et aiguise les appétits


Une vente sous haute tension politique



Dans ce Monopoly géant des télécoms, la position de l’État sera déterminante. SFR reste un opérateur d’infrastructure critique, et Bercy surveille de près l’identité des acheteurs potentiels. Entre régulation, enjeux industriels et pression sur l’emploi, toute vente devra passer de nombreux filtres. La présidentielle de 2027 approche, et aucun ministre ne veut voir une vente mal fichue devenir un sujet de campagne.

On en dit quoi ?



SFR sort la tête de l’eau, mais à quel prix ? En réduisant la dette, Patrick Drahi gagne du temps, mais pas la paix. Le groupe est à la croisée des chemins : stabilisé sur le plan financier, exposé sur le plan industriel. Et si tout le monde prétend que rien n’est fait, les manœuvres en coulisses battent certainement leur plein. Une chose est sûre : ce n’est pas terminé, et ce sera un bouleversement. Et vous, vous préféreriez voir SFR repris par Free, par Bouygues… ou par un fonds américain ?