Le géant chinois de l'e-commerce JD.com vient d'obtenir le feu vert pour devenir le deuxième actionnaire de FNAC Darty, mais il devra se plier à deux conditions draconiennes du gouvernement français. Ce deal assure que la Chine n'aura aucun mot à dire dans la gestion du distributeur.
Les barrières françaises contre les chinois
L’acquisition, par JD.com, du groupe allemand Ceconomy, fait jaser. Ce dernier possède 22% des parts de FNAC Darty. En rachetant Ceconomy pour 2,2 milliards d'euros, le colosse chinois s'apprête donc à devenir le deuxième actionnaire du distributeur français.
Cette perspective a rapidement inquiété le Ministère de l'Économie. La FNAC est jugée culturellement sensible, et l'État français craignait que l'arrivée d'un tel acteur ne permette une prise de contrôle ou une ingérence dans les affaires du groupe.
Comme la procédure classique de contrôle des investissements étrangers n'était pas applicable, Bercy a négocié un accord inédit avec JD.com. C'est un engagement formel, supralégal, qui encadre strictement la présence chinoise.
Maintenir le contrôle
Pour donner son accord, le gouvernement a exigé deux garanties fortes : premièrement, JD.com doit rester un actionnaire purement dormant. Il ne peut en aucun cas intervenir dans la gestion, les décisions ou les opérations quotidiennes de FNAC Darty. La direction actuelle garde donc les pleins pouvoirs.
Deuxièmement, le groupe chinois s'est engagé à ne jamais augmenter sa participation au capital au-delà des 22% acquis. Cet engagement est fondamental, car il écarte définitivement le risque d'une OPA (offre publique d'achat) par JD.com qui aurait pu mener à une prise de contrôle majoritaire du groupe.
JD.com : le concurrent d'Alibaba
JD.com est le troisième acteur de l'e-commerce en Chine, avec un modèle basé sur ses propres entrepôts et ses propres équipes de livraison, gage de qualité. Fort d'un chiffre d'affaires massif, le groupe cherche à s'implanter en Europe, en particulier via sa plateforme Joybuy. L'entrée dans le capital de FNAC Darty est un nouveau jalon stratégique sur le continent.
On en dit quoi ?
Ce contrat supralégal est la preuve que le gouvernement français est prêt à contourner les règles habituelles pour protéger ses entreprises. C'est une manière habile de dire oui aux investissements étrangers tout en verrouillant la souveraineté de la gestion. On assiste à un numéro d'équilibriste réussi, qui apaise le premier actionnaire, Kretinsky. Reste à voir si cet accord inédit posera un nouveau standard pour les gros dossiers à venir. Qu'en pensez-vous ?