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Scribe-XPN : la Cour des comptes étrille un fiasco à 257 millions d'euros

Par Vincent Lautier - Publié le

Le projet de logiciel de rédaction de procédures de la police nationale aura coûté une somme colossale pour un résultat nul. Le rapport de la Cour des comptes pointe les responsabilités et dénonce une conduite de projet défaillante à tous les niveaux.

Scribe-XPN : la Cour des comptes étrille un fiasco à 257 millions d'euros


Un gouffre financier sans précédent



On voit bien que les projets informatiques de l'État ont parfois du mal à aboutir, mais celui-ci atteint des sommets. Scribe-XPN, ce logiciel censé remplacer l'outil de rédaction des procès-verbaux de la police nationale, aura englouti 257,4 millions d'euros depuis son lancement en 2014. Initialement baptisé LRPPN, puis LRP/NG, puis Scribe, et enfin XPN après une relance en 2021, le projet n'a jamais vu le jour. Et pour cause : il nécessitait 17 clics de souris pour simplement sauvegarder un fichier au format PDF. Autant dire un outil inutilisable au quotidien pour des policiers qui rédigent des dizaines de procédures par jour.

Un pilotage éclaté et des responsabilités diluées



La Cour des comptes dénonce une conduite de projet défaillante à tous les niveaux. Dès novembre 2016, la gendarmerie s'est retirée du projet, jugeant la fusion des deux logiciels trop risquée. Le projet s'est retrouvé piloté par la seule Direction générale de la police nationale, sans être redéfini pour autant. Par contre, l'équipe responsable de la maîtrise d'ouvrage était dirigée par des commissaires de police qui, pour certains, n'avaient aucune expérience dans la conduite de projets informatiques. Capgemini, le prestataire principal, a reconnu avoir manqué au devoir de conseil et d'alerte, tout en percevant plus de 8 millions d'euros pour un outil qualifié de non viable techniquement.

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Des responsables enfin identifiés



Le rapport de décembre 2024 estime que la responsabilité de six personnes peut être retenue pour défaut de surveillance. On retrouve parmi eux les deux directeurs généraux de la police nationale en poste entre 2014 et 2020, un conseiller technologies de la police, un général de gendarmerie ex-chef du ST(SI)2, et deux secrétaires généraux du ministère de l'Intérieur. Le ministère a finalement annoncé l'abandon définitif du projet début 2025, tandis qu'une proposition de résolution tendant à la création d'une commission d'enquête parlementaire a été déposée le 6 mars 2025.

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On en dit quoi ?



Difficile de ne pas remarquer l'ampleur du gâchis. On parle quand même de onze ans de développement et d'un quart de milliard d'euros pour un logiciel qui n'a jamais fonctionné. La Cour des comptes recommande désormais de s'appuyer sur le logiciel de la gendarmerie, qui lui fonctionne, pour relancer le projet. C'est un peu comme si on avait dépensé des fortunes pour réinventer la roue alors que le voisin en avait déjà une qui tournait parfaitement. À quand un audit systématique des grands projets informatiques de l'État avant qu'ils ne dérapent ?
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