L'autorité italienne de la concurrence vient de sanctionner Apple pour ses pratiques jugées anticoncurrentielles autour de l'App Tracking Transparency. Une amende qui s'ajoute aux 150 millions déjà infligés par la France en mars dernier.
L'ATT dans le viseur des régulateurs européens
L'Autorità Garante della Concorrenza e del Mercato (c'est son petit nom) a annoncé ce lundi 22 décembre une amende de 98,6 millions d'euros à l'encontre d'Apple, Apple Distribution International et Apple Italia. Le régulateur estime que la firme de Cupertino abuse de sa position de domination absolue sur le marché des applications iOS via l'App Store. Au cœur du litige : l'App Tracking Transparency (l'ATT), cette fonctionnalité introduite en avril 2021 qui demande aux utilisateurs leur consentement avant qu'une application ne puisse les pister à des fins publicitaires.
Un double consentement jugé disproportionné
Le problème identifié par l'AGCM ne porte pas sur le principe de l'ATT, mais sur sa mise en œuvre. Apple impose aux développeurs tiers d'obtenir un consentement via sa fenêtre pop-up standardisée, mais cette autorisation ne suffit pas à satisfaire les exigences légales en matière de protection des données. Résultat : les développeurs doivent demander un double consentement aux utilisateurs, ce qui complexifie l'expérience et nuit à leurs modèles économiques basés sur la publicité. L'autorité italienne juge ces conditions imposées de manière unilatérale et disproportionnées par rapport à l'objectif affiché de protection de la vie privée.
La France avait déjà ouvert le bal
L'Italie n'est pas le premier pays européen à sanctionner Apple sur ce sujet. En mars 2025, l'Autorité de la concurrence française avait infligé une amende de 150 millions d'euros pour les mêmes raisons. Le régulateur français avait pointé une asymétrie : les éditeurs tiers doivent obtenir un double consentement pour le suivi publicitaire, alors qu'Apple ne demande rien de tel pour ses propres services. Cette situation pénalise particulièrement les petits éditeurs qui dépendent de la collecte de données tierces pour financer leur activité. L'Allemagne a également ouvert une enquête sur le sujet, accusant Apple de s'accorder un traitement préférentiel.
On en dit quoi ?
Il y a clairement une contradiction : Apple se présente comme le champion de la vie privée, mais les régulateurs européens estiment que cette protection sert aussi ses propres intérêts commerciaux. Le fait qu'Apple n'impose pas les mêmes contraintes à ses propres services publicitaires pose effectivement problème. On pourra toujours considérer que 98 millions d'euros pour une entreprise qui pèse plus de 3 000 milliards de dollars en capitalisation boursière, c'est une piqûre de moustique, mais si elles s'accumulent, ça peut commencer à les titiller. On peut se demander si ces amendes successives finiront par pousser Apple à revoir sa copie, ou si la firme préférera continuer à payer sans rien changer.